[Beaujolais] Viti-pastoralisme au château de Poncié

Loin de l’image d’Epinal de mers de vignes à perte de vue où le monde animal n’aurait plus droit de cité, certains domaines réintroduisent des espèces au sein des vignobles, à l’instar du château de Poncié qui va loin dans cette démarche.

Bien souvent, l’idée de réintroduire des animaux sur un domaine viticole ne surgit pas du jour au lendemain. Cette démarche accompagne une dynamique plus globale mise en œuvre. Au château de Poncié, beaucoup de choses ont été engageés après le rachat par la famille Henriot en 2014. C’est à cette époque qu’est arrivé Joseph Bouchard, le chef de culture. A l’époque, le vignoble nécessitait d’être retravaillé en profondeur. En l’espace de quelques années, toutes les vignes vont ainsi être passées en bio, l’enherbement va être réintroduit, des haies vont être plantées. Le sol va également faire l’objet d’une attention toute particulière. Joseph explique ainsi que « depuis une dizaine d’années, nous réalisons notre propre compost pour pouvoir fertiliser nos sols granitiques qui présentent de faibles taux de matière organique. Grâce à ces apports, nous avons pu faire remonter ces taux et recréer une dynamique de pousse végétale dans les vignes. L’enherbement et les couverts végétaux, qu’ils soient naturels ou semés, ont permis de créer un garde-manger formidable pour toute la faune. Nos légumineuses, trèfle et luzerne, nourrissent par exemple les lapins. Le blé donne du grain aux pigeons, aux grives ou bien encore aux faisans. La phacélie est, pour sa part, une plante mellifère qui permet aux insectes polinisateurs de butiner ». Toutefois, Joseph souhaitait aller plus loin sur ce domaine de 100 hectares composé de seulement 32 hectares de vignes, le reste étant réparti entre bois et prés.

Moutons, poules, cochons…

« Autrefois, dans toutes les exploitations agricoles, on retrouvait des animaux. Nous avons donc souhaité les faire revenir sur notre domaine viticole ». Totalement investi et passionné par le sujet, Joseph a donc réintroduit des moutons. Mais attention, l’éco-pâturage ne saurait se faire sans une vraie réflexion. Tout d’abord sur la race de moutons. Si certains domaines comme le château Thivin, également dans le Beaujolais, ont choisi les petits moutons d’Ouessant, ce sont les brebis solognotes qui ont été sélectionnées ici, une race rustique bien adaptée aux coteaux ainsi qu’aux hivers rigoureux. « Nous avons un cheptel d’une dizaine de mères que nous souhaitons augmenter. Les animaux vont paître dans les vignes après les vendanges et jusqu’au débourrement des vignes pour éviter qu’ils ne mangent les bourgeons. En broutant l’herbe, ils permettent que la repousse de la végétation soit limitée au printemps, évitant ainsi une concurrence trop importante pour les vignes. Par ailleurs, leur piétinement régulier permet d’avoir des sols plus meubles et plus faciles à travailler. Sans parler de leurs déjections qui permettent de fertiliser naturellement les sols », précise Joseph. Par ailleurs, les parcelles sont précisément sélectionnées, toutes ne pouvant pas accueillir des bêtes. Il est nécessaire d’avoir un accès à l’eau et des abris. En outre, les parcelles doivent être entièrement clôturées pour repousser les prédateurs. A noter également que l’été, les bêtes sont positionnées sur des terres hors du vignoble. Une gestion permanente qui s’applique aussi aux poules que Joseph a introduites. En grattant avec leurs pattes, elles sont un complément au travail du sol effectué. Le domaine leur a créé des poulaillers mobiles totalement autonomes. Mais là aussi, elles sont déplacées avant les vendanges car sinon elles mangent les raisins ! En complément des moutons, des cochons devraient aussi faire leur apparition sur le domaine, comme les canards et les dindons déjà présents. Une démarche chronophage mais utile, totalement soutenue par le nouveau propriétaire Jean-Loup Rogé qui a racheté le château en 2020. Débordant d’énergie, Joseph trouve aussi le temps de mettre en œuvre cette même philosophie sur son domaine familial, le château de Rougeon en Côte châlonnaise. Chapeau !

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