Bordeaux | Rive gauche VS rive droite

A Bordeaux, on a l’habitude de séparer le vignoble en trois zones, en fonction de leur place par rapport aux deux fleuves que sont la Garonne et la Dordogne : la rive gauche, la rive droite et l’Entre-deux-Mers. Cette dernière étant une terre réputée pour ses blancs secs et moelleux, nous la mettrons à part dans notre analyse. Match donc entre la rive gauche et la rive droite, quelles sont les différences entre ses deux vignobles, leurs sols, cépages, paysages, styles de vins… ? La réponse tout de suite pour que vous puissiez y voir plus clair dans votre sélection !

Deux fleuves

Vous avez déjà entendu des Parisiens se demander mutuellement s’ils habitaient sur la rive droite ou la rive gauche de la Seine ? Et bien à Bordeaux aussi, le paysage se construit par rapport à l’estuaire de la Gironde et plus en amont par rapport à la Garonne et la Dordogne qui s’y jettent. L’on distingue ainsi trois grandes zones géographiques lorsque l’on parle du vignoble de Bordeaux : la rive gauche, au sud de la Garonne, la rive droite au nord de la Dordogne, et l’Entre-deux-Mers qui se situe, comme son nom l’indique, entre les deux fleuves. Dans cet article, nous mettrons en quelque sorte « de côté » l’Entre-deux-Mers, étant une terre réputée pour ses blancs secs et moelleux et donc ce que l’on pourrait appeler un monde « à part » dans l’image que l’on se fait d’un bordeaux classique : un vin rouge de garde issu d’un assemblage de cépages. Quelle sont donc les différences qui nous permettent de nous y retrouver entre la rive gauche et la rive droite ? Quelles sont les spécificités de ces sous-régions ?

Carte de Bordeaux

La rive gauche, le cœur classique de Bordeaux

  • Sol de graves
  • Le cabernet sauvignon, cépage roi
  • Des vins puissants de très belle garde
  • Le sauternes
  • La réputation due aux grands classements
  • De grandes exploitations qui appartiennent à des groupes et investisseurs

Les sols et le climat

La rive gauche est ce que l’on pourrait appeler le cœur classique de Bordeaux, elle comprend trois vignobles prestigieux que sont le Médoc (au nord de Bordeaux), les Graves et le Sauternais (au sud de la ville). Les sols du Médoc et des Graves sont variés et essentiellement constitués de graves (la région citée précédemment ne tient pas son nom de nulle part) et c’est un climat océanique qui berce les vignes, des étés chauds et des hivers doux. L’on retrouve de l’argile, du sable, des limons, et certaines zones sont mêmes argilo-calcaires.

Les rouges de la rive gauche

C’est ici que mature le cabernet sauvignon – apportant tanins, puissance, acidité mais aussi de la couleur et des arômes de fruits noirs à l’assemblage -, le merlot – plus délicat, il contribue à assouplir l’assemblage avec sa belle aromatique et ses tanins plus fondus – mais aussi le cabernet franc et le petit verdot. Dans le Médoc comme dans les Graves, le cabernet sauvignon est souvent massivement utilisé dans l’assemblage, complété par le merlot et éventuellement des doses minimes de petit verdot et de cabernet franc. Les vins sont ainsi de très belle garde, tanniques et puissants, à la belle charpente et à la complexité aromatique. Avec l’âge, ils s’affinent et semblent plus délicats. Les vins du Médoc comme des Graves présentent un très beau potentiel de garde, de l’ordre de 5 à 30 années pour certains.

Les blancs de la rive gauche

Pour ce qui est des blancs, la rive gauche est l’écrin d’un bijou bien précieux : le Sauternais. Ce vignoble cultive en effet une personnalité propre, en raison de sa proximité avec le Ciron, un cours d’eau qui provoque un microclimat favorable au botrytis, ce champignon qui permet à la pourriture noble de se développer sur le raisin et donc de produire de grands vins blancs liquoreux. Ici, seul ce type de nectar entre dans le cahier des charges et bénéficie ainsi d’une AOC. C’est ainsi que trois cépages y sont cultivés, le sémillon (qui règne en maître dans l’assemblage), le sauvignon blanc sans oublier la muscadelle (souvent en dose minime dans l’assemblage). De l’or en flacon, ces vins sont très complexes aromatiquement parlant, offrant des arômes de fruits confits et de fruits secs, de miel, d’épices et de fleurs, et disposent d’une garde incroyable (jusqu’à 100 ans pour les cuvées exceptionnelles). Des blancs secs sont également produits dans les Graves et à Pessac-Léognan, ce sont des vins fruités et aromatiques, où le sauvignon apporte ses arômes typique d’agrume et parfois de buis ainsi qu’une grande acidité ; ces vins évoluent vers un toucher en bouche plus rond.

Château d’Yquem, Sauternes, rive gauche

Une reconnaissance bercée par des classements historiques

Les vins de la rive gauche bénéficient d’une véritable reconnaissance de par leur inscription dans le plus grand classement des vins de Bordeaux : la classification de 1855 ordonnée par Napoléon III à l’occasion de l’exposition universelle de Paris. Les courtiers listent à l’époque les domaines sur les critères de notoriété, beauté du château et prix de vente des vins, exclusivement des nectars de la rive gauche de la Garonne (essentiellement du Médoc et de Sauternes, avec un seul pessac-léognan, le château Haut-Brion). Seulement deux modifications ont eu lieu depuis et ce classement est donc toujours d’actualité et permet un véritable rayonnement de la rive gauche. Un classement existe aussi pour les vins blancs liquoreux de Sauternes et Barsac, avec pour seul premier cru supérieur le fameux château Yquem. Ceci explique sans doute également que la taille des exploitations soit en général plus grande que sur la rive droite (parfois une centaine d’hectares contre une moyenne en dessous de 10 hectares pour la rive droite), une part non négligeable des châteaux appartiennent d’ailleurs à des grands groupes et investisseurs. Qui dit plus d’hectares dit également plus de production, ainsi les vins de la rive gauche sont naturellement moins « rares » que ceux de la rive droite. Les grandes stars du sud de la Garonne sont des signatures comme Château Lafite-RothschildChâteau Latour, Château Mouton-Rothschild, Château Margaux, Château Cos d’Estournel, Château Haut-Brion, Château Yquem et Château Climens.

La rive droite, une terre plus dynamique

• Sol variés, en partie argileux
• Le merlot, cépage roi
• Des vins plus souples, équilibrés et accessibles dans leur jeunesse
• Un vignoble dynamique (méthodes, assemblages, bio, …)
• De exploitations plus petites qui appartiennent aux vignerons

Les sols et le climat

Direction la rive droite maintenant qui se situe donc au nord de la Dordogne avec des vignobles comme le Libournais à l’est près du port de Libourne, le Bourgeais (Bourg et Côte-de-Bourg) et le Blayais (Blaye et Côte-de-Blaye) au nord-ouest. Le Libournais est sans doute la région la plus réputée, en raison des nombreuses AOC qui la composent pour les rouges : Saint-Émilion, Saint-Émilion grand cru, Pomerol, Lalande de Pomerol, Fronsac… Le Bourgeais et le Blayais produisent eux des blancs secs (des vins fruités et aromatiques à base de sauvignon, sémillon et muscadelle) et des rouges. Dans ces différentes zones, les sols sont majoritairement argileux, également composés de calcaire, de sable ou de graves, dans le Libournais notamment les paysages sont vallonnés et divers en raison de l’érosion. Le climat est tempéré et permet une belle maturité du merlot, le cépage principal de ces zones viticoles qui s’exprime au mieux ainsi planté sur des sols frais et humides.

Les rouges de la rive droite : le merlot roi

A Saint-Émilion et Pomerol il est quasiment exclusif dans l’assemblage, même s’il peut être accompagné de cabernet franc (qui contribue à l’équilibre avec ses notes de fruits rouges et son bel équilibre) et de cabernet sauvignon (pour son corps et sa puissance). L’on peut trouver en dose minime d’autres cépages comme le petit verdot, le malbec ou le carménère. Les vins sont donc complexes, souples, fruités et présentent des tanins fondus. Ce sont des vins de garde, en général plus rapidement accessibles que leurs voisins de la rive gauche.

Ici, les exploitations sont plus petites et sont donc en général encore la propriété des familles de vignerons. Saint-Emilion a également son classement de grands crus, moins réputé que le fameux classement de 1855 au regard de l’histoire, mais tout aussi passionnant pour les amateurs. Placé sous l’autorité de l’Institut national des appellations d’origines (INAO), il existe depuis 1955 à la demande du syndicat de défense de l’appellation saint-émilion-grand-cru. Révisé tous les 10 ans, c’est le seul classement qui est en perpétuelle évolution. Depuis sa création donc, 6 classements ont été publiés, le dernier en date étant celui de 2012 où les stars de la rive droite apparaissent : Château Cheval BlancChâteau AusoneChâteau Angélus ou encore Château Pavie. L’on peut également ajouter dans les références de la zone viticole Petrus ou encore le Château l’Évangile à Pomerol. Etant donné que les propriétés sont plus petites, lorsque l’exploitation bénéficie d’une véritable réputation ses vins s’arrachent en primeur comme aux enchères, à l’image du fameux petrus. Notons également pour les amateurs qui diraient qu’il n’y a « rien de nouveau sous le soleil de Bordeaux » que c’est surtout sur la rive droite que vous pourriez être étonnés du dynamisme de certaines propriétés : moins impactés par le carcan et la structure des grands classements, certains producteurs vous étonneront dans leurs assemblages, dans leur engagement vers la bio ou la biodynamie… La hiérarchie y est plus malléable, à l’image de la fulgurante histoire du château de Valandraud, aujourd’hui premier grand cru classé mais autrefois qualifié de « vin de garage ».

Saint-Emilion, rive droite

 

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