[Bordeaux Tasting] Les winemakers font voyager

Pendant Bordeaux Tasting, deux stands de « winemakers » permettent aux visiteurs de découvrir toute la diversité du vignoble bordelais vue à travers le prisme des consultants : Œnoconseil et Derenoncourt Consultants. Un petit voyage concentré, qui s’aventure même au-delà des frontières girondines.

Sur le stand Œnoconseil, l’œnologue Antoine Médeville et son équipe offrent aux visiteurs un parcours dégustatif à travers les terroirs du Médoc, en présence de plusieurs producteurs venus présenter leurs vins sur le stand. Benjamin Richer de Forges vient ainsi parler du château La Tour de By, qui est depuis quatre générations dans la même famille. 60 hectares en AOC Médoc (115 hectares au total, en ajoutant les autres propriétés) délivrant des vins figurant parmi les très bons rapports qualité-prix du Bordelais, autour de 20 € TTC la bouteille. Le millésime 2019 affiche un beau classicisme de cabernet sauvignon dominant, élancé, à l’élevage fondu. Dans un registre plus rugueux, « viril mais correct », le château Cissac 2018 en appellation Haut-Médoc (propriété de 65 hectares dans la même famille depuis cinq générations, située au croisement de Pauillac et Saint-Estèphe) affiche une jolie droiture et une trame traçante, relevée par un certain « grip » de tannins qui lui va bien. Laurent Saint-Pasteur, directeur technique, assure la gérance de la propriété depuis plus de 20 ans, accompagné par Œnoconseil depuis 2012. On part ensuite à Moulis pour déguster l’une des stars de l’appellation, le château Maucaillou – dans la famille Dourthe depuis 1929. Accompagné depuis 2018 par Œnoconseil, et justement c’est le millésime présenté aujourd’hui, un assemblage 51 % cabernet sauvignon, 42 % merlot et 7 % petit verdot, tout en équilibre entre un fruit mûr, réglissé, gourmand et un matelas tannique de belle définition (prix TTC entre 20 et 25 €). À Saint-Julien, la famille Saintout (également propriétaire du côté de Saint-Laurent-Médoc) veille depuis au moins 1640 sur le château La Bridane, 15 hectares faisant partie des rares crus non classés de l’appellation. Une pépite, donc, au prix très accessible (environ 25-30 €) et qui mérite d’autant plus d’attention qu’une nouvelle génération, incarnée par Pierre et Noëlie Saintout, est aux manettes depuis peu, bousculant les habitudes, développant l’œnotourisme et s’attachant même depuis cette année à produire une cuvée parcellaire que l’on a hâte de découvrir. En attendant, le millésime 2017 de La Bridane affiche une belle droiture en bouche, une certaine distinction dans la texture, avec une agréable fraîcheur et une digestibilité très « saint-julien ». À noter, la famille Saintout a aussi planté 40 ares de chardonnay en Médoc, pour une production confidentielle de vin blanc. Avec La Bridane, l’un des plus anciens clients d’Œnoconseil est le château Haut-Marbuzet, pépite indémodable d’Henri Duboscq en appellation Saint-Estèphe. Une valeur sûre qui se retrouve dans le millésime 2018, pulpeux à souhait.

L’autre stand « winemaker » de cette onzième édition de Bordeaux Tasting est celui de Derenoncourt Consultants, dont l’équipe est venue en force ce week-end pour présenter cinq propriétés déclinant à chaque fois plusieurs millésimes. L’occasion de se balader dans le vignoble bordelais mais aussi au-delà. Ainsi le domaine Belmont, en IGP Lot, présente sa cuvée Montagne et sa cuvée Dolmen en blanc (deux interprétations du chardonnay sur sols différents, plutôt caillouteux ou plutôt argilo-marneux, nous avons eu aujourd’hui une préférence pour le second qui semblait présenter un meilleur équilibre entre gras et salinité) ainsi qu’un rouge 2018 100 % cabernet franc, centré, poivré et sapide, signé par de fins amers en finale (24 €). Côté bordelais, l’équipe Derenoncourt illustre son savoir-faire aussi bien chez un Cru Bourgeois du Médoc comme Château de Malleret (le 2015, premier millésime accompagné par la « team », affiche une jolie mâche conclue par une touche vanillée, mais le 2020 se révèle plus précis dans l’éclat aromatique et la définition tannique) que chez une pépite de Fronsac comme Château La Rousselle (en 2016 comme en 2018, il ne faut pas passer à côté de ce vin de lieu signé par une matière impeccablement mûre, tonifiée par la minéralité d’un terroir de grand style, ou encore un Grand Cru Classé de Saint-Émilion comme Château Le Châtelet (suivi par Derenoncourt depuis 2019, ce dernier déployant un parfum crémeux, sensuel, tandis que le 2020, plus concentré, demande encore de l’attente). Enfin, cette expertise se retrouve du côté de Châteauneuf-du-Pape où le château Gigognan en bénéficie depuis 2017. Sur le Clos du Roi, cuvée 70 % grenache, 20 % mouvèdre et 10% syrah, l’équilibre entre maturité sudiste et travail sur la texture en bouche et la préservation de la fraîcheur est déjà intéressant dès le premier millésime, mais l’on discerne une très forte montée en progression sur le 2019, plus ciselé et racé, bénéficiant d’une rénovation de l’outil technique et d’une part de vendange entière.

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