Bourgogne | Disparition de Louis-Fabrice Latour

Disparition de Louis-Fabrice Latour – ©iDealwine.com

Un sourire. Une forme de simplicité, une élégance naturelle. C’est une personne merveilleusement attachante nous a quittés dans la nuit du 5 au 6 septembre. Louis-Fabrice Latour, à la tête de la maison familiale éponyme créée en 1797, était une figure emblématique de la Bourgogne. Veillant sur un patrimoine viticole exceptionnel – 48 hectares exploités en propre, dont 27 en grand cru – ce représentant de la 11ème génération aux commandes se montrait soucieux de développer parallèlement son activité de négoce, fierté de la maison, en trouvant un juste équilibre dans sa relation avec les viticulteurs. Louis-Fabrice Latour a toujours su garder la tête froide, même lorsque les prix des vins de sa région ont commencé à s’envoler, happés par de nouveaux débouchés asiatiques, follement prometteurs. Louis-Fabrice nous disait combien il était attaché à ses origines, soucieux de rester présent pour ses clients de l’Hexagone et de préserver aussi ses marchés historiques, comme les Etats-Unis. Un homme entreprenant, qui avait su regarder au-delà de sa région pour saisir les opportunités et poursuivre les développements initiés par son père dans d’autres horizons, en Ardèche, en Provence, dans le Beaujolais ou d’autres terres bourguignonnes, notamment à Chablis lors de la reprise de la maison Fessy. Viscéralement attaché à sa région et à son métier, Louis-Fabrice était un homme engagé au sein des instances professionnelles, dans les traces de sa famille et particulièrement de son père, très investi lui aussi – il était l’auteur d’un livre d’œnologie de référence, « Vin de Bourgogne, le parcours de la qualité » -. Le BIVB, la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux ou encore le syndicat des négociants-éleveurs ont ainsi bénéficié de son regard éclairé sur l’activité de sa région.   

Angélique de Lencquesaing et Cyrille Jomand entourent Louis-Fabrice Latour, lors du Chapitre du Clos Vougeot qui précède la vente des vins des Hospices de Beaune

Louis-Fabrice Latour a toujours pris un grand plaisir à réunir des convives issus d’horizons divers, réunis par leur amour du vin, et la perspective de l’achat d’une pièce, soit un tonneau de 228 litres, lors de la vente aux enchères. Les équipes commerciales, aux petits soins, concoctaient une dégustation très complète des différents crus de la maison, avant de nous emmener dans les salons pour deviser joyeusement, tandis que passaient les plateaux de gougères, en attendant le déjeuner. On pouvait y côtoyer des figures aussi variées qu’un professeur de gastro-entérologie américain, un ancien directeur du Trésor, un couple de Mexicains qui n’aurait manqué l’évènement pour rien au monde, ou encore la patronne du réseau d’une grande banque française… Les discussions allaient bon train : les prix allaient-ils rester stables, s’envoler ? Louis-Fabrice se montrait toujours prudent, espérant que le marché s’intéresserait au nouveau millésime, toujours reconnaissant de l’intérêt que chacun portait à l’évènement, à son travail, à ses vins.

Le programme de la journée était minutieusement orchestré, car il nous fallait rejoindre à l’issue du déjeuner la halle de Beaune pour suivre la vente des vins, dont Louis-Fabrice était l’un des fervents soutiens et acteurs.

Rue des Tonneliers, au siège de la maison Louis Latour. Angélique de Lencquesaing et Louis-Fabrice Latour s'apprêtent à se rendre la ventes de vins des Hospices de Beaune.
Rue des Tonneliers, au siège de la maison Louis Latour. Angélique de Lencquesaing et Louis-Fabrice Latour s'apprêtent à se rendre la ventes de vins des Hospices de Beaune.

Baromètre de la santé viticole, la vente des Hospices de Beaune a progressivement pris une ampleur internationale qui réjouissait et inquiétait tout à la fois le patron de la maison Louis Latour, soucieux de garder les pieds sur terre. Louis-Fabrice craignait les débordements de ce qu’il qualifiait de « peopolisation » excessive de la vente, même s’il ne s’interdisait pas de se laisser émouvoir par l’élégance d’Inès de la Fressange, Présidente de l’édition 2011…

Une collaboration de plus de 20 ans avec iDealwine

Une caisse des vins acquis lors de la vente des Hospices de Beaune, élevés et mis en bouteille par la maison Louis Latour

Dans l’exercice de son métier de négociant, Louis-Fabrice Latour faisait preuve de prudence, certes, mais aussi d’une grande curiosité et d’une remarquable ouverture d’esprit. Il est de ceux qui ont accueilli nos équipes avec un vif intérêt, désireux d’entamer dès les prémices d’iDealwine, au début des années 2000, une relation qui ne s’est jamais interrompue. Nous lui en sommes infiniment reconnaissants. C’est avec Louis-Fabrice que nous avions initié, dès le millésime 2005, l’achat de pièces de vin durant cette fameuse vente des Hospices de Beaune. Après avoir suivi avec passion les enchères, nous confiions nos achats à la maison Louis Latour qui prenait en charge l’élevage du vin avant sa mise en bouteille. Nous avons ainsi régulièrement acquis des pièces de Beaune ou de Volnay, avant que l’envolée de prix ne nous contraigne à modérer nos ardeurs…

A l’invitation de Louis-Fabrice, nous avons goûté le privilège de dégustations d’anthologie. Verticale de Corton-Charlemagne, du grand cru de Romanée Saint-Vivant les quatre journaux, ou encore, un moment inoubliable vécu à Aloxe-Corton, au sein du cœur battant de la maison Louis Latour, le château Château Corton-Grancey. Une série magnifique de vieux millésimes jalousement conservés dans les caves avait été ouverte pour l’occasion de notre venue. A l’issue de cette séance, nous avions sélectionné certains d’entre eux en vue de les proposer à la vente sur notre site. Un inoubliable et chaleureux moment d’échange et de découverte que nous avions relaté ici.

Louis-Fabrice était un homme de parole, d’une grande fidélité envers nos équipes. Il a toujours répondu présent quand il s’est agi de partager avec nous de généreux flacons de ses plus belles étiquettes, qu’il nous fournissait en amont de nos dégustations de prestige. La liste est inénarrable de tous les grands crus servis en mathusalem pour ces belles occasions !

C’est un partenaire précieux, et surtout à un ami que nous dirons A-Dieu lors des obsèques qui se dérouleront le vendredi 9 septembre en la Basilique collégiale de Beaune. A l’épouse de Louis-Fabrice, à ses enfants, à l’ensemble des collaborateurs de cette belle maison, toute l’équipe d’iDealwine, et particulièrement ses fondateurs, Cyrille Jomand, Angélique de Lencquesaing et Lionel Cuenca, profondément peinés, tiennent à adresser leurs très sincères condoléances, et leurs pensées affectueuses.

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