Cépages résistants bientôt sur les étiquettes des vins de Loire

Le jour n’est pas arrivé quand le sauvignon et le cabernet franc seront relégués aux archives. Mais la dégustation des variétés résistantes aux principales maladies ouvre de belles perspectives. Expérimentation en IGP Val de Loire.

Artaban, coliris, vidoc, lilaro, ces noms risquent d’apparaître bientôt sur les étiquettes des vins de Loire. En effet, l’intérêt de ces nouvelles variétés est qu’elles peuvent se passer de traitements, puisque qu’elles sont résistantes aux maladies comme le mildiou et l’oïdium, les plaies récurrentes du vignoble. Que ce soit en agriculture conventionnelle ou en bio, ces maladies obligent à passer et à repasser dans le vignoble, alourdissant l’empreinte carbone et le risque de résidus dans le produit fini.

À la dégustation
Lors d’une dégustation du syndicat des vins IGP Pays de Loire, l’artaban vinifié en rosé sec se révèle assez fruité, modérément amylique (bonbon) mais court. Le coliris séduit en rosé par ses parfums mentholés, pas trop amyliques, sa bouche assez ample. Mais sa finale parait un peu dure, caractère qu’on retrouve aussi en rouge, alors que les parfums de cassis et de grillé sont flatteurs. Pour le lilaro, des notes végétales déplaisent en rosé, alors qu’il explose de parfums de cassis et de grillé lorsqu’il est vinifié en rouge. Les parfums fruités, les notes amyliques et l’acidité en rosé sont assez conformes à ce qu’on trouve dans la beaucoup de rosés de la Loire. En rouge, il a de la personnalité et il charme par son caractère très fruité et son équilibre agréable, sans dureté en finale. Le vidoc dégusté seulement en rouge est extrêmement coloré, complexe au nez, avec des notes de truffe, de fumé, de lys, d’olive. La bouche déçoit, car si les tanins sont fins, il y a une attaque un peu salée et un manque de saveur.

Un laboratoire d’expérimentation
Christophe Prouteau, l’œnologue qui recueille les avis et anime la dégustation, modère : « Il faut du recul, on ne peut pas juger complètement sur ces micro-vinifications ». Lorsque les essais seront à plus grande échelle, avec la variabilité des vignerons et de leur façon de travailler, ce sera différent. Il ne faut pas perdre de vue le critère Loire, la typicité des vins. Un assemblage avec 10 ou 15% de variété résistante est à envisager. L’IGP, indication géographique protégée, est un laboratoire d’expérimentation pour les nouvelles variétés, car la législation y est plus souple que pour les vins d’AOC, appellation d’origine contrôlée. Les conclusions peuvent se faire plus rapidement.

La recherche a commencé au XIXè siècle
La résistance aux maladies est un sujet d’étude depuis le milieu du XIXè siècle, lorsque sont arrivées en Europe les maladies venues d’Amérique du Nord, oïdium, mildiou, black rot et phylloxéra. Des croisements ont été réalisés entre des vignes américaines et européennes pour obtenir des hybrides résistants, mais qui se sont vite avérés insatisfaisants du point de vue du goût. Ce qui mené à l’interdiction de planter des hybrides pour les vins d’appellation en 1951. En France, aujourd’hui, l’amélioration de la vigne pour la résistance au mildiou et à l’oïdium est conduite par l’INRAE, en partenariat avec l’Institut français de la vigne et du vin depuis 2012.

Variétés résistantes et non cépages résistants
Le terme cépage n’existe qu’en français et ne peut être utilisé que pour les variétés de vitis vinifera comme le gamay ou le chardonnay. Le terme « variété », plus générique, est utilisé au niveau mondial pour toutes les vignes cultivées. Comme les vignes résistantes sont obtenues par croisement entre vignes vitis vinifera et des espèces asiatiques ou américaines, elles ne devraient jamais être appelées « cépages résistants », mais « variétés résistantes ».

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