Champagne, Bourgogne : la lutte contre le gel a commencé

Dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 avril, un vent polaire a refroidi la moitié nord de la France et ses vignobles. En Bourgogne comme en Champagne, les vignerons se sont rapidement organisés pour lutter contre ces températures, par endroits inférieures à -5 degrés.

C’est devenu un « classique » du printemps pour les viticulteurs. Avec un climat qui se réchauffe, la vigne commence à pousser très tôt, s’exposant dangereusement aux gelées printanières. Après un épisode dans le Gard dès le 1er avril, c’est au tour des vignobles du Nord de lutter contre le froid. Cette nuit, c’est surtout le chardonnay – variété assez précoce – qui a posé problème.

Chablis particulièrement touché

Parmi les vignobles concernés, la Bourgogne, et particulièrement le Chablisien. « On était dans la pire configuration, la température a chuté juste après une pluie, on a eu le gel et l’humidité», déplore Stéphanie Courtault, des domaines Courtault et Michelet. « Il est trop tôt pour dresser un bilan, mais 40 à 50 % des bourgeons pourraient être touchés. » L’exploitation a pu protéger une petite partie de ses parcelles grâce à la technique de l’aspersion.

Au moment où l’on descend sous la barre de 0 degré, de l’eau est pulvérisée sur les bourgeons. Ce qui crée une coque de gel protectrice. Paradoxal, mais efficace.

Moins de dégâts en Côte de Beaune

L’alerte a également été donnée en Côte de Beaune, où les dégâts seraient moins importants. « Les Meursault 1er cru étaient les plus avancés, avec déjà deux feuilles étalées », témoigne Sylvain Depiesse, directeur des domaines de la famille Piffaut. Dans les parcelles à risque, ses équipes ont déployé des bougies, « afin de réchauffer la température au niveau des bourgeons ».

Idem dans les Corton blanc du domaine Parent :

En s’approchant de ces flammes, on découvre des bougies de paraffine, comme le dévoile le domaine des Hospices de Beaune :

La Champagne se protège également
Par Yves Tesson

En Champagne, la température est descendue la nuit dernière jusqu’à -7 degrés, notamment sur la Côte des Bar. Sur l’ensemble du territoire de l’appellation, les vignes n’ont pas été trop affectées parce qu’elles en sont souvent encore au stade « bourgeon dans le coton » confie Melody Stroh, responsable vignobles et viticulture durable du champagne Lanson. Néanmoins, les chardonnays, plus précoces, ont pu être davantage touchés. Sur le clos Lanson, Melody a relevé une perte d’environ un bourgeon tous les six pieds. Une perte qui reste limitée : cela correspond à moins de 1 %. Mais le Clos Lanson se situe en ville, la température est donc un peu plus élevée.
Le bilan risque en effet de varier beaucoup selon les secteurs : des averses sur certaines zones ont pu aggraver l’impact du gel indique Arnaud Descotes, directeur des services techniques du Comité Champagne, si bien qu’on pourrait avoir des « symptômes en taches de Léopard », avec des situations très inégales, parfois à quelques centaines de mètres près. On attend encore des températures en dessous de zéro et des giboulées de pluie et de neige dans les prochaines 48 heures, voire même la semaine prochaine. Le Comité Champagne a donc décidé d’attendre un peu avant de dresser un premier bilan.

En Champagne, seulement 2 % des surfaces sont concernées par les procédés de défense active contre le gel. Il en existe de trois sortes. Tout d’abord, par combustion : on peut brûler du fioul, du gaz ou de la biomasse. Dans le cadre de la certification viticulture durable en Champagne, seule la combustion de biomasse, c’est-à-dire de granules de bois, est recommandée, compte tenu de son bilan carbone neutre. Tout comme en Bourgogne, le vigneron peut ici aussi procéder à l’aspersion d’eau, qui va geler autour des bourgeons et les protéger en empêchant l’eau à l’intérieur de geler. La troisième technique active consiste à utiliser des éoliennes. Elle ne fonctionne que lorsqu’on a une stratification des couches d’air, avec l’air froid qui s’accumule au sol près des bourgeons et des couches d’air plus chaudes qui demeurent en altitude. Les éoliennes peuvent ainsi les brasser. Il existe enfin des moyens de défense passive : la taille et le liage tardifs, la tonte des parcelles enherbées afin de restreindre l’humidité, ou encore l’absence de travail des sols pendant les périodes sensibles.

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