Champagne Chassenay d’Arce : Romain Aubriot nommé chef de caves !

Alors que le champagne Chassenay d’Arce sur la Côte des Bar connaît un bel essor avec des ventes qui ont presque doublé à l’export en trois ans, la coopérative vient de se doter d’un nouveau chef de caves, Romain Aubriot, qui succède à Brice Bécard, celui-ci ayant rejoint « La Chablisienne ». Nous sommes allés rencontrer ce jeune œnologue qui connaît les terroirs de l’Aube comme sa poche.

On peut dire que vous êtes tombé dans la marmite du champagne quand vous étiez petit…

Mon père était vigneron à Voigny, sur la Côte des Bar. Il m’a transmis son métier. Ma grande déception, c’est qu’il n’avait pas assez de surface pour élaborer son propre champagne. Depuis 2017, j’ai repris son exploitation avec mon frère, ce qui me permet de garder un pied dans les vignes. Mais, dès mon plus jeune âge, j’ai rêvé d’aller plus loin. A 15 ans déjà, je voulais devenir œnologue. J’ai suivi un cursus très champenois en passant d’abord par le BTS viticulture œnologie du Lycée d’Avize. J’ai alors fait un stage dans le Beaujolais pour découvrir autre chose que nos vinifications en blancs. Puis je me suis inscrit au DNO de l’Université de Reims. A ma sortie, j’ai tout de suite été recruté par un laboratoire d’analyse, l’Institut œnologique de Champagne. Pendant dix ans, j’ai couvert toute la Côte des Bar, du Bar-sur-Aubois au Barsequanais en passant par les Riceys et en faisant un détour par Montgueux. On ne peut rêver meilleure école que l’œnologie conseil ! Dans ce métier, on découvre tous les types de cépages y compris les plus rares, des structures de toute taille, et évidemment des terroirs et micro-terroirs très différents. J’ai eu aussi un très bon formateur en la personne de Philippe Narcy, qui arpente ces coteaux depuis 38 ans…

En somme, vous avez exactement le même cursus que Cyril Delannoy, qui vient de devenir chef de caves de la coopérative Le Brun de Neuville, après dix années passées comme œnologue conseil sur la Côte des Bar !

En effet, d’ailleurs, nous étions dans la même promotion de DNO ! Il était chez un concurrent, la Station oenotechnique, ce qui ne l’empêche pas d’être resté un ami.

Qu’est-ce qui vous a attiré chez Chassenay d’Arce ?

C’est une maison que j’avais le plaisir de suivre dans mon ancien travail. Je faisais leurs analyses de vins et j’en commentais les résultats. Brice Bécard, l’ancien chef de caves, avait aussi l’habitude de nous inviter lors de ses séances d’assemblage. J’ai été attiré chez Chassenay d’Arce par le lien entretenu avec les adhérents. Je ne voulais pas perdre ce contact avec les vignerons que j’adorais dans mon précédent métier, et que je n’aurais peut-être pas retrouvé dans d’autres structures. C’est aussi une belle maison, très prometteuse, dont les ambitions me correspondent bien. Le projet que m’a présenté le directeur lorsque je l’ai rencontré m’a plu, de même que cette gamme très étoffée, où chaque cuvée a un caractère bien affirmé. 

J’aime sa mise en avant du pinot blanc. Ce cépage représente pour moi une des clefs de notre terroir aubois. Il produit des vins aussi exceptionnels qu’atypiques. En Champagne, il n’existe sans doute pas plus de cinquante cuvées 100 % pinot blanc, et 45 doivent se trouver autour des deux villages de Ville-sur-Arce et Celles-sur-Ourse. Le pinot blanc se plaît en effet particulièrement bien sur nos sols argilo-calcaires du kimméridgien. Certains l’ont testé sur la craie de la Côte des blancs, mais ils se sont aperçus qu’il donnait là-bas des vins trop maigres. A l’inverse, sur des sols argileux, il manquera de fraîcheur. Il faut un juste milieu que seuls nos sols apportent vraiment. La culture du pinot blanc implique aussi un savoir-faire, à l’image du meunier, il exige une maîtrise de la juste maturité à la vendange qui ne pardonne pas et qui se joue à deux jours près, sans quoi on tombe très vite sur quelque chose de trop riche et de trop lourd. Chassenay d’Arce y parvient grâce à un suivi précis des parcelles. Nous possédons aussi des pressoirs de petite taille permettant de presser à part ces cépages rares pour lesquels les surfaces restent réduites. La place du pinot blanc parmi nos cuvées devrait encore se renforcer puisque d’ici deux ans, en plus de notre pur pinot blanc de la gamme Caractères, une nouvelle cuvée dans la gamme bio associant pinot blanc et chardonnay fera son apparition. On ne résumera bien-sûr pas Chassernay d’Arce au pinot blanc. Nos pinots noirs sont également magnifiques ! Beaucoup de consommateurs ont l’image d’un cépage assez rond et puissant. Mais lorsque l’on discute avec d’autres chefs de caves, notamment de la Marne, ils reconnaissent au pinot noir de la vallée de l’Arce une fraîcheur particulière avec une finale saline, et un joli fruit qui reste suffisamment léger pour ne pas faire perdre au vin son élégance.

Y-a-t-il une touche un peu personnelle que vous souhaiteriez apporter ?

J’adore les vinifications sous bois. Nous possédons déjà un joli chai, mais nous serons sans doute amenés à le développer !

https://chassenay.com

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