Champagne Henriot millésime 2012 : une symphonie en trois mouvements

La chiffre trois est au cœur de toutes les grandes œuvres : la tragédie classique se décline en trois actes, une dissertation bien équilibrée se compose de trois parties… Le millésime 2012, l’une des plus belles années en Champagne, ne fait pas exception. Il s’est lui aussi déroulé suivant trois grands mouvements, les deux premiers très contrastés, et le troisième en faisant la synthèse. Le champagne Henriot, à l’occasion de la sortie de ce nouveau vintage, a conçu une expérience stimulante pour nous montrer comment ces trois moments ont structuré ce grand vin.

Revivre les saisons qui ont marqué une année à travers la dégustation, c’est l’expérience que nous a proposé le champagne Henriot. Emmitouflés sous des couvertures dans une jolie grange qui servait autrefois de chai à la Maison des Aulnois, les journalistes ont pu apprécier le nouveau millésime 2012 (54% chardonnay 46% pinot noir), en se plongeant successivement dans trois ambiances différentes grâce à l’action combinée d’une projection visuelle, d’une diffusion sonore, et d’un accord. Il faut dire que l’année présentait des contrastes majeurs.

D’un hiver sibérien…

Premier acte : sept mois d’un climat chaotique, froid et humide. En février, les épisodes de neige se conjuguent à de très fortes gelées « les températures sont tombées en dessous de – 10 degrés sur une durée très longue de dix jours consécutifs, avec un pic à – 20 » explique Alice Tétienne, la cheffe de caves.  En avril, des nuits claires provoquent des gelées meurtrières dans les chardonnays. Le printemps et le début de l’été, comme en 2021, sont marqués par des pluies diluviennes avec 343 mm d’avril à juillet, un record jamais atteint depuis 1994 générant une forte pression sanitaire. Dernier élément, toujours dans le registre du froid : des épisodes de grêle se répètent jusqu’à la mi-juillet. « Le moral n’était pas au beau fixe alors que le volume potentiel de la récolte se réduisait comme peau de chagrin ». Pour illustrer le caractère froid et humide de cette première partie de l’année, la maison a proposé une bouchée qui n’a pas réchauffé ses convives : une huître de Normandie avec un granité Granny Smith, le tout accompagné d’algues. « Le jeu textural rend bien compte de l’aspect climatique, mais l’accord met aussi en relief le côté aérien, minéral, voire salin et iodé d’Henriot 2012. » Un beau mariage sur la fraîcheur soulignant la vivacité du champagne.

…à un été caniculaire

D’un froid extrême, on passe aux journées très chaudes du deuxième acte : « cette canicule est ininterrompue, et la chaleur des journées n’est même pas compensée par des nuits fraîches. Le climat est harassant, on bat un autre record en termes de bilan hydrique, avec un niveau pluviométrique très faible, lui aussi jamais rencontré depuis 1994. Tout ceci favorise l’échaudage et entraîne de nouvelles pertes. Pour accompagner cet épisode intense qui a duré de la mi-juillet jusqu’au 20 septembre, nous avons choisi une bouchée avec une texture plus réconfortante : un œuf mariné au soja accompagné de potimarron et relevé avec du raz el hanout. Sur le plan aromatique, l’objectif était de renforcer le caractère épicé, puissant, généreux et rond de la cuvée, et mettre en évidence en bouche une texture beaucoup plus tapissante que précédemment.  On est ici sur le velours du vin et on ressent toute la richesse de ce temps fort sur des tonalités chaudes. »

Jusqu’au retour des équilibres fin septembre

Dernier acte : celui de la réconciliation de l’année et de son climat. « La nature reprend ses droits, elle revit, le feuillage redevient verdoyant. A partir du 20 septembre, on retrouve en effet des températures normales qui restent clémentes, les nuits redeviennent fraîches et on a surtout cette petite rosée du matin qui permet d’avoir à nouveau un taux d’humidité suffisant pour que la végétation se porte bien. Les conditions de fin de maturation sont idéales. Les vendanges ont commencé le 16 septembre. Les raisins combinent les deux profils aromatiques faits de générosité mais en même temps de distinction, de puissance mais aussi d’élégance » Pour accompagner cette réconciliation climatique, on ne pouvait rêver mieux qu’un accord terre-mer. Ne représente-t-il pas le summum de l’alliance des contraires ? Ce sera donc un carpaccio de Saint-Jacques accompagné d’une émulsion au lard fumé des Ardennes et de parmesan.

Prix recommandé : 77 € – Boutique Champagne Henriot

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