Champagne non-millésimé : le plus fidèle représentant du « style maison »

Le champagne non-millésimé – ou BSA (Brut Sans Année) pour les intimes – est la représentation la plus fidèle des vins de Champagne. S’il ne devait en exister qu’un, ce serait bien lui … Focus sur le type de vin qui a fait le succès de sa région, et retour historique sur un paysage viticole dévasté après la guerre.

Une Champagne au bord de la ruine au lendemain de la guerre

Au lendemain de la première guerre mondiale, la Champagne est en ruine. La ville de Reims est détruite à 60%, la ligne de front traverse en son cœur la vallée de la Marne. En quatre ans (entre 1914 et 1918), la superficie en production a diminué de 40 %. Il ne reste que 6 000 hectares en production (contre près de 34 000 aujourd’hui). Certains grands crus sont dévastés, comme à Verzenay où 75 des 500 hectares seulement ont subsisté. Faire du vin à l’époque coûte cher, au vu des dépenses engagées, et les vignerons témoignent de situations financières très difficiles. A cela vient s’ajouter le phylloxera qui finit de faire ses ravages …

L’entre-deux guerres n’est pas non plus une période évidente pour les vignerons d’une manière générale. En effet, les exportations sont toujours limitées : avec les pays anciens ennemis de la Grande Guerre, la Russie (consommateur historique de champagne) et sa révolution entre 1917 et 1923, la prohibition américaine (1920 – 1933), le krash boursier de 1929 …

Pour ne rien arranger, à l’époque, les maturités phénoliques de raisins ne sont pas toujours faciles à obtenir, et les bons millésimes côtoient les mauvais millésimes (ce qui n’existe quasiment plus aujourd’hui, en partie aussi grâce au réchauffement climatique et aux avancées technologiques). La création du champagne non-millésimé s’impose donc comme une évidence pour pallier ces problèmes de maturités et gommer l’effet millésime. Mais au fait, qu’est-ce qu’un champagne non-millésimé ?

Qu’est-ce qu’un champagne non-millésimé ?

Le champagne non-millésimé est un champagne composé de différents cépages, crus et millésimes. Il fait appel à cet art, que les champenois maîtrisent à merveille … l’art de l’assemblage.

Chaque année, à la suite des vendanges, les raisins sont vinifiés séparément (de manière parcellaire pour les maisons de plus grande qualité), en fonction de leur cépage, cru, méthode de vinification (malolactique ou non …). Certains vins sont élevés sous-bois, d’autres non. Bref, une multitude de vins différents sont produits. C’est là qu’entre en scène, le chef d’orchestre, plus communément appelé « chef de cave ». Il goûte tous ces vins dès leurs prémices, en étant bien entendu accompagné d’un comité de dégustation. Déjà, le chef de cave commence à réfléchir à ses assemblages, afin de reproduire un champagne avec le même style d’année en année, le fameux style maison !

Ce champagne est composé :

  • d’une base : le dernier millésime récolté
  • de vins de réserves : des vins de différents millésimes, conservés afin de garantir la constance du style de la maison.

Les proportions de ces composantes varient beaucoup selon les maisons, qui insufflent à leur champagne leur propre style. Pour en savoir plus sur la fabrication du champagne, consulter notre article dédié (Pourquoi y a-t-il des bulles dans le champagne ?).

Le champagne non millésimé : marque de fabrique des maisons

Au travers d’un champagne non millésimé d’une maison, ressort donc le style de la maison en question. Ce style, porté par un chef de cave aguerri, est sans cesse renouvelé, afin de reproduire un champagne quasi identique d’une année sur l’autre. C’est pour vous la garantie que vous puissiez goûter le même champagne, année après année, avec peu d’impact du millésime, où que vous vous trouviez dans le monde.

Le brut sans année est également stratégique, représentant plus de 90% de la production champenoise. Il est vendu à un prix relativement accessible (étant normalement le moins cher des cuvées d’une maison). La plupart des maisons n’hésitent d’ailleurs pas à inclure des raisins de grande qualité dans leurs assemblages de cuvées BSA. Cette cuvée n’est donc plus un « fourre-tout » comme elle pouvait l’être à l’époque où les mauvais millésimes frappaient la Champagne.

Si les grandes cuvées des maisons (les millésimés par exemple) participent aux prestiges de celles-ci, les BSA quant à eux permettent de positionner la maison en termes de niveau global de qualité.

Voici quelques exemples de cuvées BSA, parmi les plus réputées :

A noter que ces dernières années, certaines maisons et vignerons champenois abandonnent cette idée du champagne non-millésimé, pour se tourner vers le champagne multi-millésimé.

C’est le cas de la maison Louis Roederer, où le chef de cave Jean-Baptiste Lécaillon a décidé de s’affranchir de ce type de vin pour se laisser la liberté de recréer un champagne différent chaque année (même si le style Roederer reste lui bien reconnaissable), avec les Collection 242 (base 2017) et 243 (base 2018).

La maison Jacquesson est bien connue également pour ses champagnes multi-millésimés avec les cuvées 743, 744, 745 …

Krug fait quant à elle figure d’exemple en la matière, en ne produisant que des grands champagnes, avec parmi ses vins, la grande cuvée (dont la 170ème édition est la dernière en date), une cuvée multi-millésimée des plus prestigieuses.

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