Château de Malleret : des oliviers en Haut-Médoc

Le château de Malleret, classé Cru Bourgeois Exceptionnel en 2020, s’est lancé dans la plantation d’oliviers pour produire et commercialiser son huile. Une démarche pas si anodine que cela.

Paul Bordes, directeur général de la propriéé, explique cet investissement par « une volonté de diversification ». Tout est allé très vite. « Nous faisons des réunions toutes les semaines avec les chefs d’équipes et on parlait de diversification. D’un seul coup l’idée m’est venue de planter des oliviers. Mes collaborateurs ont rigolé, mais je leur ai dit, non je ne rigole pas. Cela a été intuitif et c’est sorti comme cela. Le propriétaire et l’AG ont suivi à l’unanimité. Mon chef de culture a été missionné pour savoir où on les planterait. Trois semaines après, on plantait. Durant les semaines précédant la plantation des analyses de sol ont été faites. Le fournisseur a été trouvé dans le sud de la France ».
Paul Bordes a fait le choix de planter des arbres relativement âgés : « je voulais une production rapide. Et d’ailleurs on va avoir dès cette année une récolte ». Entre la vigne et l’olivier il y a des similitudes qui n’ont pas échappé à Paul Bordes. « Il y a des variétés d’arbres comme pour les cépages, on va faire des assemblages, et les huiles seront millésimées : il y a un lien qui est très fort avec la vigne ».

En mai 2021, ce sont donc 110 arbres de la variété Aglandau et 5 de la variété Cayon qui ont été plantés. Les arbres avaient été taillés pour le transport pour que les branches ne se cassent pas, mais ils repartent bien et permettront déjà une récolte qui sera amenée dans le sud de la France pour être pressée et mis en bouteille. « Le contenant sera une bouteille de 70 cl et peut-être que l’on fera des fioles ». Bientôt 110 autres oliviers de la variété Clermontoise complèteront la première plantation. L’ensemble permettra de produire 500 litres d’huile.

Cette huile n’aura pas d’AOC, mais qu’importe, car les 60 ares sont plantés sur une parcelle de graves günziennes et de graves fines qui sont très adaptées à la culture de l’olivier. Et peu importe aussi si c’est sur un terroir classé en Haut-Médoc. Il faut dire qu’avec déjà 57 ha de vignes, Malleret ne manque pas de surface viticole. « Au lieu de faire du vin on fera des olives » : pas d’état d’âme. Et pourquoi y en aurait-il ? La production sera bio (le vignoble est d’ailleurs en conversion) et sera destinée à la vente sur place : cela participera à la très belle image du château, déjà réputé pour ses vins et son haras.

Ce qui se passe dans les Pouilles, depuis 2013, au sud de l’Italie, où les oliveraies meurent à cause de la bactérie Xylella fastidiosa n’inquiète pas Paul Bordes. « Il y a quelques traitements qui peuvent permettre de lutter. J’ai été rassuré par la personne qui nous a vendu les oliviers. Et il y a de la distance entre les Pouilles et ici ».

Une dynamique de projets

La plantation d’oliviers s’inscrit dans une démarche globale vertueuse et plusieurs projets en cours de réalisation en attestent. Ainsi, bonne nouvelle, le château de Malleret est en conversion bio et le premier millésime certifié sera pour 2023. C’est un changement d’état d’esprit qui demande au personnel une réactivité et une disponibilité de tous les instants. Et au moment où nous visitions les oliviers plantés à côté de la vigne, le chef de culture Christophe « jetait un coup d’œil sur la vigne » pour vérifier son état sanitaire pendant cette période pluvieuse : précision, Christophe était en congés mais ouvrait l’œil quand même en faisant un petit passage. Un signe qui ne trompe pas sur l’adhésion du personnel sur ce projet de conversion en bio. Dans le même esprit 10 ruches ont été installées. Suivra une plantation d’arbres fruitiers au milieu des vignes sur deux rangs chacun de 145 m. Ces arbres fruitiers sépareront deux parcelles . Une agroforesterie qui ne dit pas son nom mais qui s’applique.
Château de Malleret cultive avec sincérité son image en combinant habilement la diversification de ses activités et l’exercice de sa responsabilité sociétale et environnementale. C’est une tendance qui ne manquera pas de plaire au consommateur et au visiteur.

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