Château Marjosse, un terroir d’exception

 

Lorsqu’il n’est pas occupé par le Château Cheval Blanc qu’il administre avec talent, Pierre Lurton garde un œil attentif sur sa propriété personnelle, le Château Marjosse, dont il a fait l’acquisition il y a une quinzaine d’années. Le vigneron s’inscrit dans la lignée d’une des familles les plus connues et respectées à Bordeaux. Petit-fils et fils de viticulteur, il a à cœur de valoriser un terroir dont il est originaire et qu’il habite encore aujourd’hui, celui de l’Entre-deux-Mers.

 

Le château Marjosse est un domaine viticole qui se situe à Grézillac, dans la partie ouest de l’Entre-deux-Mers, sous Libourne et Castillon-la-Bataille. Son propriétaire initial, Bernard Chénier, marchand de vins à Bordeaux, s’installe avec sa famille dans cette chartreuse construite en 1782. Il y plante les premières vignes, réparties à l’époque sur 56 parcelles différentes. Adjacent à la chartreuse, le premier chai de vinification se compose alors de cuves de ciment rectangulaires pour réaliser la fermentation des moûts.

Le château est par la suite acquis par Alban Deleuze, propriétaire des Magasins du Louvre à Paris, il y réalise alors de nombreux travaux autour de la chartreuse. En 1990, son fils Georges cède quelques parcelles en fermage à un jeune vigneron, un certain Pierre Lurton. Originaire du château Reynier, voisin du château Marjosse – à 600 mètres exactement -, ce dernier emménage dans la maison secondaire du château en 1992, et rachète successivement au fil des années toutes les pièces de la belle bâtisse. L’ancien étudiant de médecine réalise en effet son attachement au travail de la vigne lors d’un stage chez ses oncles au Clos Fourtet, premier grand cru classé de Saint-Émilion. Arrivé sur place, il construit en 2000 une cave ultra moderne de plus de 180 mètres de long contenant plus de 40 cuves en ciment. En 2012, il devient officiellement le propriétaire du château et de son vignoble de 40 hectares.

 

Le château Marjosse possède un terroir d’exception qui se situe sur des sols argilo-calcaires. Les 20 hectares de vignes – certaines sont d’ailleurs centenaires -, illustrent presque à la perfection l’encépagement bordelais par excellence : malbec, merlot, cabernet sauvignon et cabernet franc composent les pieds dédiés à l’élaboration du château-marjosse rouge. Les cuvées de blanc sont quant à elles composées de sauvignon blanc, de sauvignon gris, de sémillon et de muscadelle, et s’étendent sur plus de 12 hectares.

Depuis plus de trois ans, Pierre Lurton a fait appel à Jean-Marc Domme, œnologue formé à Bordeaux et passé par les domaines sous la propriété de Sylviane Garcin-Cathiard (le Clos L’Église à Pomerol, et Barde-Haut à Saint-Émilion entre autres), pour dynamiser l’exploitation et produire des cuvées tout à fait singulières. C’est ainsi que le propriétaire et vigneron, aux côtés de Jean-Marc Domme, applique aux vins du Château Marjosse les principes pratiqués dans la vinification des autres châteaux prestigieux dont il a la charge – entre temps, Pierre Lurton a pris la direction en 1991 du château Cheval Blanc à Saint-Émilion ainsi que d’Yquem à Sauternes depuis 2014 -. Les 41 hectares de vignes, comprenant des pousses jeunes comme vieilles, sont ainsi entretenus toute l’année par l’équipe de Jean-Marc Domme, et une fois récoltés, les raisins sont triés et doucement pressés dans des pressoirs pneumatiques. De plus, et pour la première fois dans l’histoire du domaine, c’est une vinification parcellaire qui est réalisée, avec la création de micro-cuvées dues aux quantités restreintes des raisins des parcelles les plus remarquables. L’idée est bien entendu d’exprimer les caractéristiques et le microclimat de chaque parcelle et de chaque terroir travaillé à part.

Le Château Marjosse produit des vins de l’Entre-deux-Mers qui séduisent par leur élégance et leur palette aromatique d’une grande richesse. En blanc comme en rouge, les vins sont chatoyants, frais et alertes. Les cuvées portent en elles le savoir-faire bordelais, à prix doux malgré une viticulture engageante et engagée. Le domaine a obtenu le label HVE3 (le plus haut niveau de certification environnementale) en juillet 2019.

« Il y a quinze ans, j’ai eu la chance de pouvoir reprendre le château Marjosse à Tizac de Curton. Le charme de l’emplacement et des bâtiments m’avait séduit, de même que la qualité des sols et des vieilles vignes. Dès les premiers millésimes, la volonté d’effectuer un travail de qualité m’a permis de faire de bons vins et de faire connaître la marque Marjosse sur la place de Bordeaux.

Le principal atout de Marjosse est de posséder un terroir d’exception. Chose assez rare dans l’Entre-Deux-Mers, le calcaire à Astéries, le même qui a fait la renommée des vins de Saint Emilion, arrive ici à l’affleurement. Marjosse a pris un nouvel envol. Plusieurs parcelles très qualitatives ont pu être ajoutées au vignoble. La replantation à forte densité a permis de mieux exploiter l’excellence de son terroir. »

Pierre Lurton

 

Ce qu’en pensent les guides :

Guide Bettane + Desseauve (Guide 2020) – 3*** Étoiles :

« Pierre Lurton, par ailleurs directeur du château Cheval Blanc et président du château d’Yquem, a acheté voilà plus de vingt ans le château Marjosse, séduit par les vieilles vignes et par la qualité du terroir : chose assez rare dans l’Entre-Deux-Mers, le calcaire à astéries, le même qui fait la renommée des saint-émilion, arrive ici à affleurement. La qualité et la régularité de ce vin, tant en blanc qu’en rouge, est étonnante. Les vins sont d’un équilibre et d’une pureté remarquables. Fruit éclatant, texture soyeuse et harmonieuse, grande buvabilité tout en faisant preuve d’une belle aptitude au vieillissement. »

Revue du Vin de France (Guide Vert 2021) :

« Pierre Lurton a plus d’un château à son actif : directeur d’Yquem et de Cheval blanc, il est surtout propriétaire d’une chartreuse construite par Victor Louis, l’architecte du Grand Thêatre de Bordeaux, et de son vignoble attenant de 20 hectares, au cœur de l’Entre-deux-Mers, là où se dénichent les meilleurs coups du bordelais. Après le rachat de l’intégralité de la propriété à sa famille, Lurton insiste maintenant sur l’évolution de la production, qui depuis 2018 lâche un ris dans la voilure.

Les vins : depuis 2018, les vinifications pointues commencent dès la vendange : chaque cépage est cueilli à l’optimum de sa maturité. Le carré d’as des blancs bordelais construit ainsi un vin dont le nez s’expose en tension (agrumes frais, citron) savoureuse (pointe de pamplemousse) puis roule en bouche sur un gras intense et franc, avec de jolis éclats calcaires dans la finale. En rouge, merlot, cabernets et malbec construisent l’harmonie du fruit, encadré par des tanins sérieux mais bienveillants. »

 

Les vins du château Marjosse :

Château Marjosse 2018 (rouge) : Cet assemblage de merlot, de cabernet-sauvignon, de cabernet-franc et de malbec a fait l’objet d’une fermentation en cuve ciment thermorégulée. La moitié de la récolte est élevée en barrique, tandis que l’autre est élevée en cuve. Ceci lui permet notamment de préserver et de dévoiler ses arômes et sa fraîcheur caractéristiques. La robe est d’un superbe rouge pourpre, sombre, dense et profond avec une bonne limpidité. A la dégustation, le nez complexe et généreux révèle des arômes de griottes et de mûres confites, mariés élégamment à des odeurs grillées et vanillées de bon bois. Au palais, la bouche est généreuse, ronde et charnue, avec beaucoup de volume grâce à des tanins mûrs et veloutés qui accompagnent longuement en finale des saveurs fruitées et boisées. Sachez-le, un tel éclat gustatif et aromatique se savoure dans sa jeunesse !

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