Concours Mondial de Bruxelles : le rosé reprend des couleurs en terre occitane

Pour offrir une vraie vitrine internationale aux rosés, dont la consommation mondiale a augmenté de 40% entre 2002 et 2018, le Concours Mondial de Bruxelles a lancé une session dédiée autour de 1150 échantillons. Terre de Vins s’est glissé au milieu des dégustateurs les 7, 8 et 9 mars au siège des vins Pays d’Oc IGP, dans l’Hérault.

Mardi 7 mars 2023, domaine de Manse, à Lattes. Deux bus bondés arrivent sur le tarmac du vaisseau amiral des Vins Pays d’Oc IGP. Rapidement, les langues se délient, en version originale. Ils sont plus de 50 jurés, œnologues, acheteurs, journalistes et formateurs du monde entier à venir déguster 1150 échantillons de rosés sur trois matinées. « C’était une telle évidence de faire cet événement ici dans le Languedoc où le label IGP Pays d’Oc pèse 28% de la production totale de rosé en France », confie Benoît Roumet, ambassadeur France du Concours Mondial de Bruxelles. Depuis la création du label en 1987, la tendance est exponentielle avec des volumes en hausse de 32% en 10 ans et multipliés par 342% en 20 ans ! C’est d’ailleurs légitimement la région hôte qui a présenté le plus grand nombre de rosés  (15% des 1150 échantillons) pendant ce concours juste devant la Provence (10%). Côté européen, on a retrouvé en force les régions italiennes des Pouilles et des Abruzzes mais aussi l’Alentejo au Portugal et la Castilla-Y-Leon en Espagne. Dans la liste des dégustateurs, quelques noms prestigieux comme Elisabeth Gabay. La Master of Wine anglaise est reconnue comme l’une des plus grandes expertes en rosés au monde : « Aujourd’hui, je peux dire que 70% de mes travaux portent sur le rosé. Il y a 6 ans, quand j’ai écrit mon premier livre sur le sujet, le monde du rosé était moins présent dans les médias, maintenant il y a tellement de diversité et surtout de qualité que la donne a changé. »

©Y. Palej

La consommation en hausse de 40% entre 2002 et 2018

Avec son fils, Ben Bernheim, lui aussi dégustateur sur le Concours, elle produit même un rosé en… Slovaquie (cuvée Sen) avec le vigneron Vladimir Magula. « On adore ce qui se passe dans les pays émergents et notamment en Europe de l’Est, explique Ben Bernheim dans un français parfait (il a fait ses études vers Nice). Le rosé ne doit plus être l’apanage de quelques grandes régions qui ont eu tendance à standardiser le style. J’ai par exemple terminé ma session par des rosés mexicains de 2019 et j’ai été bluffé par leur qualité et leur tenue dans le temps. » La technologie, le réchauffement climatique et le nouveau courant de consommation des millenials poussent le rosé dans le bon sens. Entre 2002 et 2018, la consommation mondiale est passée de 18,3 millions d’hectolitres à 26 millions, ce qui représente une hausse de près de 40 %. Et le rosé résiste plutôt bien à la crise. Cependant, les lignes sont encore difficiles à bouger. Le diktat de la couleur claire notamment. « J’ai remarqué pendant la dégustation que dès qu’un rosé sortait d’une certaine trame, ou qu’il présentait une originalité, il était retoqué ou déconsidéré et c’est bien dommage, prolonge Elisabeth Gabay. Les acheteurs, les importateurs et les médias (journalistes, dégustateurs, influenceurs…) ont un rôle très important à jouer. Il y a encore pas mal d’éducation et de formation à faire dans ce milieu. ».

©Y. Palej

Sur la table du jury n°2, l’expérimenté dégustateur allemand Thomas Brandl relativise : « J’ai été étonné par la grande diversité des rosés, que ce soit par la couleur, le style et l’élevage, et même si nous avons médaillé pas mal de vins du Languedoc, de Provence ou des Pouilles, on a aussi primé quelques vins surprenants comme un rosé de Roumanie ou un autre élevé en barrique venu d’Espagne. » Il y a donc, semble-t-il, de la place pour d’autres identités. « Ce qui est sûr, c’est que le rosé a besoin d’être justement considéré et que les producteurs doivent jouer le jeu, le consommateur ne doit pas être le seul moteur, ajoute le dégustateur allemand. C’est un vin qui peut aujourd’hui très bien accompagner tout un repas, la tendance est vraiment à des rosés de gastronomie, on en a médaillé beaucoup sur ce critère. » Les résultats du Concours seront dévoilés le lundi 20 mars pendant le salon Prowein de Düsseldorf.

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