Domaine Valentin Zusslin : un grand d’Alsace !
Coqueluche des critiques et des guides depuis quelques années (Bettane & Desseauve comme celui de la RVF), le domaine Valentin Zusslin est conduit en biodynamie depuis 1997 sur un peu plus de 16 ha autour d’Orschwihr, au sud de Colmar. Il produit une gamme superbe autour des 9 cépages traditionnels d’Alsace, avec des blancs purs et cristallins et des rouges structurés de pinot noir qu’on peut laisser vieillir.
Un domaine alsacien historique et une longue tradition familiale
Fondé en 1691 par Jodocus Cisle – ancêtre de la famille Zussli -, le domaine Zusslin est établi à Orschwihr au sud de Colmar sur les coteaux du Bollenberg, du Clos Liebenberg et du Grand Cru Pfingstberg.
Ce sont aujourd’hui les enfants de Jean-Marie Zusslin, Jean-Paul – à la vigne et en cave et Marie Zusslin – à la commercialisation – qui perpétuent le savoir-faire familial depuis 13 générations. Ils sont tous les deux arrivés en même temps, pour le millésime 2000 et c’est ainsi une collaboration sur trois générations qui s’est instaurée (grands-parents – dont Valentin Zusslin -, parents et enfants), durant environ 10 ans.
Pourtant, comme souvent dans les domaines familiaux, les enfants n’étaient pas sûrs de reprendre le domaine. Marie nous raconte même “Ma grand-mère me présentait comme sa successeuse, mais moi je disais non, hors de question ! Puis, comme j’ai eu le choix de mes études – j’ai fait des études de droit et de commerce – et de mon futur, c’est là que c’est venu à moi. J’ai eu une sorte de “révélation” en me disant que j’avais trop besoin de revenir aux sources, à mes racines et d’être à la base de la production. Les planètes étaient alignées à ce moment-là. Mes parents on été ravis et fiers, mon père a été très ému quand je lui ai demandé de revenir travailler au domaine ! Et ils était très contents qu’on forment un duo avec mon frère.” Marie a donc repris des études viticoles et a travaillé dans divers endroits dans le vin avant de rejoindre son père et son frère.
La collaboration entre frère et soeur semble très bien se passer, Jean Paul est à la direction technique et Marie à la direction administrative, financière et marketing, tout ce qui touche à la gestion de l’entreprise. “Mais on évolue sur tous les sujets ensemble, on forme un vrai duo, on partage beaucoup de chose au niveau des décisions dans tous les domaines“, nous précise Marie.
A l’année, le domaine emploie une douzaine de personnes pour gérer les 18 hectares du vignoble.
Un vignoble travaillé le plus naturellement possible, en biodynamie
Le vignoble s’étend sur 18 hectares travaillés de la manière la plus naturelle possible, certifié en bio depuis 1997 et en biodynamie depuis 2000. Le domaine cherche à produire de grands vins exprimant au plus près les terroirs notamment sur les coteaux du Bollenberg, du Clos Liebenberg et du Grand Cru Pfingstberg.
Le vignoble est principalement composé de trois terroirs :
Bollenberg (Riesling et Pinot Noir): un superbe terroir et paysage de collines argilo-calcaires riches en fer et qui donnent un caractère marqué mais fin aux vins qui en sont issus, en riesling comme en pinot noir.
Clos Liebenberg (Sylvaner et Riesling): un clos de 3ha exposé sud-est et qui jouxte le grand cru Pfingstberg. Entourés de haies naturelles c’est un petit bijou de la nature au sein duquel les vignes s’épanouissent.
Grand Cru Pfingstberg (Riesling) : à 300 m d’altitude, exposé majoritairement au sud, protégé des pluies par les Vosges, ce grand cru bénéficie d’un micro climat idéal. La forte pente a parfois obligé les vignerons à bâtir des terrasses pour planter leurs vignes. Un terroir idéal pour le riesling. Les rendements sur cette parcelles sont très bas, de l’ordre de 25hl/ha.
Depuis 2012, les sols sont travaillés par traction animale, grâce à l’arrivée de Sésame le cheval du domaine (un comtois). Et depuis 2020, les équipes ont également développé l’agro-viti-foresterie sur certaines parcelles. Des ruches et perchoirs ont également été mis en place, tout cela visant à stimuler au maximum l’écosystème du vignoble. Même les insecticides bio sont proscrits depuis quelques années. “La biodynamie est notre socle, mais nous allons plus loin et sommes très engagés dans tout ce qui permet d’accroître la biodiversité au sein de notre domaine. On cherche vraiment à contrer tous les inconvénients de la monoculture.” nous explique Marie.
Certaines parcelles sont non seulement non mécanisables, mais aussi non praticables avec le cheval, c’est le cas d’une très vieille parcelle de complantation. “On a des zones vraiment compliquées, plutôt situées vers le haut, très intéressantes en terme de sols et d’ensoleillement, mais compliquées à travailler. Maintenant ça peut devenir problématique avec les grosses chaleurs, mais jusque-là, la vigne donne des raisins magnifiques et s’adapte très bien. Il faut dire qu’on a la chance d’avoir des sols et sous sols riches en argile donc bon pour l’eau.”
L’adaptation au dérèglement climatique
Toutes ces actions, que ce soit concernant la biodynamie ou l’accroissement de la biodiversité locale, les aident également à luter contre le réchauffement climatique. “On est à peu près sur le secteur le plus sec de France, donc ce n’est pas une problématique nouvelle pour nous, mais au contraire quelque chose sur lequel on travaille depuis des années. Beaucoup de nos actions visent à aider la plante à s’adapter au mieux, à avoir des racines profondes, un sol bien vivant par exemple, à être plus résiliente.”
Le domaine fait également quelques expérimentation comme la plantation de nielluccio (cépage corse) sur une parcelle, avec en son centre un projet d’agro-foresterie.
Ce domaine est également membre de Renaissance des Appellations, dont le but est de promouvoir des appellations qualitatives qui encourage la production de vins représentatifs et de haut niveau, ne bridant pas les originalités organoleptiques.
Des vinifications précises et naturelles
Les vendanges sont évidemment entièrement manuelles, en petites caisses afin de préservé l’intégrité des baies et par sélections successives afin de les récolter à maturité optimale. Arrivés au chai, les raisins sont triés sur table de tri. Les pinots noirs sont triés trois fois avant cuvaison.
Les pressurages sont lents et doux (par pressurage pneumatique), durant une dizaine d’heures et les moûts arrivent en cuves par gravité. Les fermentations se font avec les levures indigènes et aucun intrant n’est utilisé mise à part une dose minime de soufre. Les vins sont élevés sur lies fines entre 12 et 18 mois en foudres neufs et anciens et cuves inox, puis les bouteilles vieillissent un peu en cave. Certaines cuvées n’ont pas du tout de soufre ajouté, pour le reste, le soufre n’est utilisé qu’à la mise.
Le domaine produit également de l’eau de vie, qu’il distille lui même avec son alambic Holstein. Depuis 2009, les bouteilles sont scellées à la cire d’abeille (par-dessus le bouchon).
Les cuvées du domaine Zusslin actuelement en vente :
Un sylvaner assez exotique et un excellent rapport qualité-prix. Il se distingue par ses arômes de fruits blancs, de silex et ses notes briochées et sa très belle fraîcheur en bouche.
Gewurztraminer Bollenberg Prestige
Issue d’un terroir argilo-calcaire avec une présence de minéraux riches en fer, cette cuvée livre une très belle expression du gewurztraminer : un vin riche et opulent, équilibré par une fine acidité qui apporte une agréable fraîcheur.
Un beau pinot noir, fruité et légèrement épicé (poivre), tout en finesse et gourmandise. A boire sur la fraîcheur du fruit.
Un riesling sublime, complexe, avec des arômes de citron vert et de pierre à fusil, ainsi qu’une bouche structurée et très minérale.
Riesling Grand Cru Pfingstberg
Un très beau riesling sec, intense, pur, minéral et très élégant produit par ce domaine en biodynamie, qui fait l’unanimité auprès des plus grands dégustateurs.
Le domaine Zusslin – Ce qu’en disent les guides
Guide RVF des meilleurs vins de France (2/3 étoiles) :
Guide des vins bettane+desseauve (5/5 étoiles) :
Sans doute la progression la plus spectaculaire de toute l’Alsace ces deux dernières décennies. Jean-Marie Zusslin, père de Marie et Jean-Paul, avait mis en place des bases saines de viticulture et de travail en cave. Il a eu l’intelligence de leur laisser très tôt une totale liberté de manœuvre. Grâce à leur travail appliqué, la biodynamie est ici une discipline que l’on lit à livre ouvert. Favorisant la biodiversité (plantation de haies et d’arbres fruitiers, installation de nichoirs à oiseaux) dans les parcelles autour du village d’Orschwihr, tout magnifie les terroirs argilo-calcaires (Bollenberg) et marno-gréseux (grand cru Pfingstberg et clos Liebenberg, le monopole familial). En cave, travail minimaliste et élevages longs permettent au vin d’exprimer pureté de fruit et salinité du sol d’origine. À noter aussi un travail cohérent de simplification de la gamme, en insistant sur le terroir pour les crémants et les pinots noirs (Neuberg ou Luft) ou en proposant des innovations (cuvées ophrys, sunna). Le domaine fait jeu égal avec les plus grands de France. Cinquième étoile.
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