[Grands Jours de Bourgogne] Le «style» Meursault, un mythe qui a fait long feu

La production de vins au gras et au boisé prononcés n’intéressent plus les vignerons du cru, qui pour la grande majorité cherchent l’expression de terroirs.

Encore aujourd’hui, les vins de Meursault sont associés à une richesse faite d’accents beurrés et toastés. « C’était une question d’époque», observe Philippe Bouzereau, installé sur 18 hectares, à Meursault essentiellement. Pour le vigneron, cette tendance à muscler les chardonnays, « concernait aussi d’autres villages de Bourgogne. Mais l’importante capacité de production à Meursault en a fait un symbole. »

Dans cette AOC de la Côte de Beaune, la futaille a souvent été choisie pour marquer le vin,  accompagnée de bâtonnages très fréquents. « Peu de vignerons ont gardé ces pratiques aujourd’hui », estime Philippe Bouzereau. « Il faut dire que les habitudes ont changé. À l’heure de la bistronomie, il est moins habituel de manger une poularde à la crème le dimanche ». Dans sa propre famille, la différence s’opère. « Mon père cherchait un peu plus la richesse, moi la tension. Cela s’est fait inconsciemment ». En témoigne son Meursault Poruzot 2019 (48€), un premier cru ample et fruité, mais dont la finale saline et verticale rappelle avec force son terroir.

« Notre style, c’est de ne pas en avoir »

Certes, un important volume en bouche se dégage de certains climats murisaltiens. On ne change pas un sol argileux, ni une exposition avantageuse. « Je cherche toujours de l’amplitude, du fruit, une certaine rondeur », confie Émilien Millot, qui tempère : « mais sans trop de notes d’élevage : il faut que les effets terroir et millésime permettent de distinguer mes cuvées ». Pas plus de 10% de bois neuf pour tous ses vins, et notamment son meursault Les Vireuils 2020, tonique et iodé à l’attaque, puis charnu en milieu de bouche, avant un retour sur la salinité en finale. « La mode a changé. Les exigences du marché américain étaient pour beaucoup dans les choix des décennies précédentes », estime le vigneron.

Comme lui, peu de producteurs veulent entendre parler d’un « style Meursault » aujourd’hui. Et sûrement pas Louis Essa, du domaine Buisson-Charles. Adepte, comme son père Patrick, des maturité optimales, il a vinifié un superbe Meursault Les Tessons 2019, sur le fruit mûr, concentré, avec des accents tanniques et minéraux, et une longueur hors norme. Pour lui, le secret tient en une formule : « notre style, c’est de ne pas en avoir ».

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