Haut-Médoc : Château Belgrave revient dans la course

Ce 5ème cru classé en Haut Médoc, resté toujours discret jusqu’ici, connaît depuis peu une évolution significative renforcée par le recrutement d’un nouveau directeur technique et d’une chargée de communication. L’inflexion des vins vers davantage d’élégance est la signature d’une meilleure compréhension du terroir du château Belgrave et d’un juste accompagnement de l’évolution du goût du consommateur.

Bertrand Delavelle est le nouveau Directeur technique de Château Belgrave. Après avoir vinifié pendant six années au château des Fougères – clos Montesquieu, en appellation Graves (La Brède), le voici en Haut-Médoc depuis juillet 2018. Il applique en douceur quelques principes auxquels il est très attaché et qui ont tous comme socle commun le respect de l’environnement. Aujourd’hui le consommateur n’accorde plus beaucoup d’importance à la propreté des vignes qui ont des sols nus : ils se méfierait plutôt et apprécierait davantage une vigne avec un couvert végétal garant d’une diminution du nombre de traitements et d’une biodiversité plus riche et salutaire pour la qualité des sols. Depuis quelques années, Belgrave est bien dans cette tendance : toutes les vignes ont un couvert végétal semé. Bertrand Delavelle se définit comme « un amoureux de l’environnement ». Ce titulaire d’un master en vignes et terroir à Dijon essaie de mettre le minimum d’intrants. Le travail du sol a changé : « Zéro herbicide, depuis 2018 et arrêt des antibotrytis. Arrêt aussi des liens de calage sur le pied de vigne qui était en plastic et qui sont maintenant en coton ». Sans oublier l’utilisation de produits sans CMR. Le programme phytosanitaire devient ultra léger. « Je serais plutôt à pousser pour le bio » avoue-t-il. Et pourquoi ne pas faire pâturer des moutons sur la propriété ? « C’est pour la gestion des prairies : on économise du temps sur les tracteurs et du gasoil. Et sur les parcelles argileuses, les moutons sont plus à leur aise qu’un tracteur ». Belgrave a aussi installé des ruches, mis des nichoirs dans les arbres et aura planté 165 mètres de haies depuis son arrivée (la maison Dourthe a planté sur ses 9 propriétés 4400 mètres de haie).

Une inflexion significative

Jusqu’à présent, la maison Dourthe se félicitait des vins de Belgrave qui avaient « pris de la chair tout en conservant leur élégance naturelle ». Un exercice difficile. Pendant longtemps, il fallait bien attendre une bonne quinzaine d’années avant de pouvoir ouvrir une bouteille, le temps de laisser les tannins se fondre et au boisé de s’intégrer. Cela faisait « des bouteilles merveilleuses », disait-on. Et sans la nommer, Bertrand imprime une nouvelle définition des vins de Belgrave : « je suis pour un respect maximum de la matière première pour sublimer le fruit et non pour cacher cette matière derrière des extractions trop poussées ou du bois et conserver le joli fruit que l’on a. Je ne veux pas que ce travail soit gâché par une mauvaise maîtrise de l’extraction et de l’élevage. On est soucieux d’avoir une extraction légère ou modérée : voilà ma ligne directrice. On ne peut oublier l’identité de Belgrave ». Le message pourrait paraître ordinaire mais Bertrand infléchit les caractéristiques des vins de la propriété : une évolution significative qui doit permettre à ce très beau terroir de s’exprimer autrement, en produisant des vins pour lesquels l’équilibre entre finesse et force est redéfini et l’élégance repensée. Nul doute qu’on s’achemine vers des vins un peu plus buvable sur leur jeunesse tout en conservant un potentiel de garde, et sans rien sacrifier de leur standing : c’est conforme à la nouvelle donne et le consommateur y est sans doute sensible.

L’arrivée, en janvier 2021, de Chloé Le Bouffo en tant que Responsable de la communication pour la maison Dourthe et ses 9 châteaux permettra sans doute de mettre dans la lumière le travail de Bertrand Delavelle et des équipes des différentes propriétés. Elle complète les propos de Bertrand avec conviction : « Bertrand s’est inséré dans la philosophie de Dourthe. On est labelisé HVE3 et Terra Vitis. On est sur 70% à 90% de conduite bio et bio-contrôle. La conduite de la vigne est très vertueuse, et nous dépassons le cahier des charges HVE 3 et Terra Vitis ». Et sur la discrétion de la maison Dourthe qui a prévalu jusqu’ici, elle explique que c’est constitutif de la marque : « il y a une humilité maison ». Cette humilité ne doit pas nous faire oublier de suivre l’évolution du château Belgrave et de ses vins. Des vins qui pourraient surprendre par leur nouvelle identité, plus raffinée et subtile.

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