Invindia : le Bordelais Nouveau est arrivé

Sous la bannière Invindia, une équipe ambitieuse s’applique à bousculer les codes du vin en vigueur dans le Bordelais. Il en ressort une gamme audacieuse, dans le style des vins comme dans leur positionnement. Avec un objectif simple : redonner le goût du bordeaux aux jeunes consommateurs.

À l’origine d’Invindia, on trouve d’abord un duo : Jean-Pierre Derouet et Emmanuel Bouvet, associés dans la franchise à succès V & B, lancée en 2001 (230 points de vente en France dédiés à la bière, aux vins et spiritueux). Jean-Pierre Derouet, de son côté, a des liens anciens avec l’univers du vin : dès 1987, il rejoint le viticulteur Jean-Claude Bernard au Château Haut-Meyreau à Dardenac, une propriété qui va passer, grâce aux efforts conjugués des deux hommes, de 18 à 90 hectares. Lorsque Jean-Claude Bernard prend sa retraite en 2010, Jean-Pierre Derouet reprend le vignoble. De fil en aiguille, il rachète d’autres propriétés (Château Aurore, Château Lamichelle, Château Bellevue Malartic…), jusqu’à composer un ensemble de 7 domaines et 130 hectares, s’étendant principalement dans l’Entre-deux-Mers et un peu sur la rive droite (Saint-Émilion, Fronsac). En 2017, la courbe de progression est telle que l’activité « vin » de Jean-Pierre Derouet et son associé Emmanuel Bouvet doit se structurer. C’est alors que le duo se transforme en trio, avec l’arrivée de Hugues Laborde, jeune et talentueux œnologue d’origine gersoise, passé entre autres par Clerc Milon, 5ème Grand Cru Classé de Pauillac, et le château Lassègue de Pierre Seillan à Saint-Émilion. Hugues reprend en main la direction technique de tous les vignobles, qui passent intégralement sous la bannière Invindia, partie intégrante du groupe V & B.

Pour Hugues Laborde, 28 ans, le challenge est de taille : comment mieux valoriser les quelque 850 000 bouteilles produites (dont 600 000 en appellation Bordeaux), à la fois en termes de qualité, de reconnaissance et de diffusion ? Tout part de la base : repenser la gamme, pour s’adresser à une frange de consommateurs plus jeune, plus « décomplexée », et lui redonner envie de boire du bordeaux. Vingt-sept fosses pédologiques sont opérées pour mieux connaître les terroirs et adapter les profils des vins ; l’outil technique a été rénové ; les vignobles sont partiellement restructurés, avec une révision partielle de l’encépagement ; on renonce au désherbant au profit des couverts végétaux ; l’ensemble des propriétés est certifié HVE (trois sont labellisées ou en conversion bio) ; on replante des haies ; on réintroduit de la polyculture avec de l’élevage de bovins, on installe des ruches… Rapidement, c’est tout un modèle de production qui est revu de fond en comble. Et ce changement de stratégie s’accompagne d’un recentrage de la distribution des vins. En peu de temps, Invindia passe de 30 000 bouteilles diffusées via le réseau V & B à près de 200 000 aujourd’hui. Le double est actuellement commercialisé en vente directe dans le grand Ouest, par une équipe d’une quinzaine de commerciaux. Et l’export se développe depuis trois ans : Etats-Unis, Japon, Vietnam…

« Du plaisir, sans prétention »

La gamme se divise aujourd’hui en deux segments distincts : une gamme traditionnelle de vins de propriété, majoritairement réservée à la vente directe, et une gamme plus audacieuse de vins « de marque », exclusivement issus des vignobles Invindia mais positionnés comme des cuvées très ciblées, en style comme du point de vue marketing – le second arrivant toujours, on nous le précise, après le premier. Parfois produites à 8000 bouteilles seulement, souvent en monocépages, en AOC Bordeaux ou en Vin de France, mais toujours destinées à envoyer « un signal clair au consommateur : dans le Bordelais, on peut faire bon, accessible en prix, donner du plaisir, sans prétention », explique Hugues Laborde. « Même en AOC Bordeaux, malgré les difficultés actuelles, si on investit sur la qualité, on peut s’en sortir. Toutes nos propriétés sont à l’équilibre… Il faut conquérir les jeunes consommateurs ! Dans les magasins V & B où beaucoup viennent pour les bières et les spiritueux, il est clair qu’un packaging décalé permet de capter l’attention. Mais il faut que le produit suive. C’est pourquoi on passe beaucoup de temps à expliquer notre démarche à nos cavistes, pour les sensibiliser, les mobiliser. Et faire passer le message. » Pour prolonger cette action d’évangélisation, l’équipe d’Invindia ne manque pas d’idées : l’œnotourisme est déjà un volet prometteur, avec des visites-dégustations-restauration à la propriété pour petits groupes, un gîte à Saint-Émilion, et un restaurant récemment repris à Bordeaux, le Gargalou près du pont Chaban-Delmas – vivement la réouverture des établissements !

On a dégusté…

L’Exalté 2020 – Entre-deux-Mers
Premier millésime de ce 100% sauvignon en cuve inox, élevé sur lies, très joliment balancé, sans excès variétal, sur un profil tendu mais juteux, salivant, digeste. À 6,50 € c’est une bouteille plus que recommandable.

Les Raisins de la Colère 2019 – blanc – Vin de France
Une cuvée sur laquelle Hugues Laborde s’amuse : assemblage muscadelle et sauvignon en macération longue, élevé trois mois sur lies. On flirte donc avec le vin orange, on part sur de fines notes oxydatives, ça pomme un peu mais sans caricature, et l’ensemble reste original et plaisant, avec une belle mâche, un fruit plein, du fond. 13 €.

Nu comme un verre 2019 – Vin de France
Encore une originalité ! Un 100% merlot travaillé en deux façons, une partie « en infusion » sur le fruit et la sucrosité, l’autre partie comme un rosé de pressurage, le tout assemblé ensemble et très peu sulfité (le 2021 ne le sera pas du tout) ! Schocking ? Non, mais diablement gouleyant et buvable, canaille comme un beaujolais primeur. 6,50 €.

Full Métal Malbec 2019 – Bordeaux
Comme son nom l’indique, un 100% malbec 100% cuve, pulpeux, très fruit noir et violette, percutant et un poil rugueux, taillé pour la table. 7 €.

L’instant H 2018 – Bordeaux
Cet « enfant chéri » de Hugues Laborde est un 100% cabernet franc issu d’un terroir calcaire du château Haut-Meyreau, vinifié en lot isolé et élevé 10-12 mois en barriques de deux vins. Très jolie matière juteuse et réglissée, du cassis en diable, des épices, c’est gourmand et élégant. 14 €.
Il est la parfaite entrée en matière à une nouvelle gamme de monocépages qui va sortir au printemps.

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