Ivan Massonnat sur les terres chinonaises

Le célèbre vigneron qui a repris le domaine Belargus de Jo Pithon dans le Maine-et-Loire, a acquis récemment un nouveau domaine, en appellation chinon cette fois-ci.

On ne le présente plus Ivan Massonnat. Ingénieur dans les Télécoms, il s’est retrouvé dans la finance, ce qui lui a permis de s’enrichir. Que faire ? Le souvenir des gestes, et des vapeurs du chai de son grand-père, situé sur les hauteurs de Chambéry, lui reviennent alors en mémoire. Et soudain l’envie de poursuivre ce que son aïeul avait entrepris. Mais pas en Savoie, la Loire est son territoire d’adoption.

Pouvez-vous raconter la genèse de votre projet ?
Beauséjour c’est mon premier amour. La Loire, je l’ai découverte au moment où j’ai acheté une maison de campagne près de Chinon, et ce domaine était en vente depuis 10 ans. Un endroit exceptionnel sur l’appellation, car d’un seul tenant. J’ai essayé de l’acheter en 2015, et j’ai passé un an en pourparlers avec le patriarche, qui avait à l’époque 92 ans. Cela ne s’est finalement pas fait, je pense que personne n’était assez bien à ses yeux pour le reprendre. Aucun autre lieu ne me plaisait sur l’appellation. Je n’ai par contre pas abandonné ma quête d’acquérir des terres viticoles, et c’est là que je me suis intéressé à l’Anjou.

Pourquoi ce retour à chinon ?
Un jour en 2021, je rappelle la famille propriétaire de Beauséjour pour prendre des nouvelles. C’est à cette occasion que j’ai appris le décès récent du patriarche, et j’ai compris que c’était LE moment. Ce site allait se vendre instantanément, car la famille était désireuse de tourner la page depuis très longtemps. C’est une très grosse exploitation (100 hectares, dont 25 de vignes, entouré de forêts, d’un seul tenant sur un coteau plein sud), ce qui demande une certaine gestion. Cet événement n’était pas prévu mais je me suis dit que je ne pouvais pas laisser passer ça. J’en avais tellement rêvé, je m’y étais tellement projeté… L’endroit est beau, la lumière est magnifique, du matin au soir avec une vue complètement dégagée sur la vallée de la Nièvre…

La vente s’est concrétisée fin 2021. L’aventure a donc débuté en 2022, car il fallait repartir de zéro. Lancer la conversion en bio, recruter une équipe de jeunes… Un travail prenant notamment porté par Augustin Fromageot, l’ingénieur géologue et naturaliste, qui travaille sur les deux domaines à présent. Notre premier millésime récolté en septembre 2022 est actuellement en élevage. Un nectar issu de vieilles vignes de cabernet franc plantées à la fin des années soixante. Sarah de Mianville, maître de chai, et Guillaume Pijassou, chef de culture, prennent la relève.

Avez-vous une idée du type de vin que vous souhaitez créer au Domaine Beauséjour ?
Ma passion pour le vin étant née en Bourgogne, je suis un grand amateur de mono cépage. Après une étude de terroir que nous avons faite cette année, on a fait une vinification intraparcellaire car on a trouvé 14 types de sols différents, c’est-à-dire tous les terroirs de l’appellation, avec des zones : sablonneuses, situées en contrebas, qui offrent les arômes fruités du cabernet franc, d’autres argileuses, sur les hauteurs, avec une intensité marquée, mais aussi du calcaire blanc, un sol qui donne de la structure aux baies… Maintenant que nous avons cette connaissance, nous allons tout vinifier à part. L’essence de ce que nous souhaitons produire est en cours de décision, à savoir combien de cuvées faire avec ces sélections parcellaires, comment donner la plus belle expression qui soit de ce grand cépage et comment exprimer le lieu Beauséjour de façon aussi précise que possible. Le grand vin de ce domaine sera teinté de toutes ces notes parcellaires, toujours dans l’optique de trouver la plus belle harmonie en fonction du millésime. 

Avez-vous d’autres projets pour cette propriété ?
À terme j’aimerais recevoir du public. Le site est exceptionnel avec des caves troglodytes qui abritent un chai semi-enterré. L’ancien propriétaire était un architecte parisien et avait façonné des galeries. J’ai d’ailleurs moi-même creusé d’autres galeries pour y entreposer mes foudres dans le but de faire un élevage très long. Je pense que le cabernet est un grand cépage qui acquière sa finesse avec le temps. Un lieu dédié à la dégustation de grands vins de la Loire au rythme de la douceur ligérienne. »

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