La Clairette de Die va jouer davantage à domicile

En attendant de faire évoluer son cahier des charges, l’appellation Clairette de Die veut être plus visible dans les restos et les caveaux et (re)faire découvrir ses bulles par des dégustations en magasins

La clairette brunchait en décembre à Paris. Moins un nouveau mode de consommation (quoi que) qu’une façon originale de communiquer pour attirer à nouveau les papilles sur l’appellation dromoise qui peine à sortir du moment dessert. « Et l’apéritif est un terrain très bataillé, reconnaît Fabien Lombard, co-president de l’ODG*. Nous pouvons donc profiter de la versatilité de la clairette pour la proposer sur tout un repas ou sur des plats sucrés-salés ». L’appellation travaille également à abaisser le taux de sucre minimum, actuellement à 35 g et qui pourrait descendre le plancher entre 20 et 25g. La méthode est en phase de test. Un enjeu d’autant plus crucial que malgré un faible degré alcoolique entre 7 et 9° qui pourrait devenir un atout pour les nouveaux consommateurs, le taux de sucre freine parfois la consommation de la clairette, surtout auprès des amateurs avertis ou des professionnels.

Bientôt des bulles rosées

Par ailleurs, après l’interdiction de produire une Clairette de Die rosée suite à la plainte déposée par le Cerdon du Bugey (les opérateurs ont pu commercialiser les stocks déjà produits jusqu’en octobre dernier), l’AOP se penche sur l’élaboration d’un effervescent rosé sans IG après l’abrogation de la loi de 1957 l’an dernier. « Cela aidera les vignerons à se diversifier et nous permettra de tester différents vins après le dépôt du dossier en 2019 auprès de l’Inao et qui nécessite cinq ans d’expérimentation avant d’envisager une modification du cahier des charges pour l’encépagement » précise Fabien Lombard. Les assemblages actuellement à partir de 75% muscat minimum complété de clairette pourraient évoluer vers un 60-40, historiquement proche de l’élaboration des années 70. « De plus, nous croyons à la capacité de la clairette à s’adapter au réchauffement climatique puisqu’elle se développe sur la fraîcheur et des petits degrés  » précise la directrice du syndicat Marie Lafarge.

Opérations découvertes de la clairette

La clairette va donc revoir sa stratégie d’abord en faisant déguster ses bulles dans les supermarchés, en région et dans l’Ouest de la France, et plus tard dans l’année chez les cavistes. « Nous allons essayer également d’être plus visible sur les terrasses des bars et des restaurants avec des kits donnant quelques éléments clés de l’appellation, via des sets de table, des ardoises, et une belle verrerie afin d’attirer l’attention des consommateurs locaux fiers de leur région et sensibles aux enjeux environnementaux et les citadins de 25-45 ans épicuriens, plutôt urbains mais amoureux de la nature » détaille Marie Lafargue. Les caveaux seront aussi encouragés à abandonner la petite flûte épaisse pour s’équiper de verres dédiés signés Lehman et à respecter une bonne température de service, plutôt entre 6 et 8°C. Les dégustations sur le terrain et dans les maisons devraient être privilégiées tandis que l’aménagement de la Maison de la Clairette qui avait été évoqué n’a pas été retenu, l’appellation bénéficiant déjà du Museobulles de Jaillance au cœur du village. Un élément différenciant pourrait également apparaître sur les bouteille pour les prochains millésimes.

Photo: F. Hermine

*Suite à la démission de Franck Monge après un an de présidence, l’ODG (qui regroupe les AOP effervescentes Clairette de Die et Crémant de Die, et les tranquilles Coteaux de Die et Chatillon-en-Diois est actuellement pilotée par les trois vice- présidents Olivier Rey (Jaillance), Vincent Viard (Union des Jeunes Viticulteurs Récoltants) et Fabien Lombard du domaine éponyme et qui a longtemps présidé l’appellation.

Cet article La Clairette de Die va jouer davantage à domicile est apparu en premier sur Terre de Vins.

Commentaires

  • Pas encore de commentaires...
  • Ajouter un commentaire