L’appellation Corbières au tournant de son histoire

Depuis l’été 2021, un vent de fronde agite le Languedoc. Plusieurs appellations envisagent de quitter le Conseil Interprofessionnel des Vins du Languedoc (CIVL) à l’instar de l’appellation Minervois. Corbières, la plus étendue d’entre elles, s’inscrit dans cette même voie tout en voulant trouver une solution dans les mois à venir.

C’est avec beaucoup de calme et de détermination qu’Olivier Verdale, le Président de l’ODG Corbières, est revenu il y a quelques jours sur la situation inédite que connaît son appellation. Pour bien comprendre les faits, il faut revenir au 2 juillet 2021. Au cours de l’élection de l’actuel Président du CIVL Christophe Bousquet, les metteurs en marché directs (producteurs et coopérateurs) ont été évincés par le négoce alors même que ceux-ci représentent plus de la moitié des volumes produits. Face à ce qui a été ressenti comme une trahison, plusieurs appellations (Fitou, Malepère, Faugères et donc Corbières) ont annoncé vouloir enclencher le processus de retrait du CIVL. Par la suite, les votes en interne ont différé. Mais l’appellation Corbières a bel et bien mis en œuvre le processus de sortie du CIVL dans un délai de 18 mois. « Nous n’avons pas aujourd’hui de retour sur investissement par rapport aux cotisations que nous versons au CIVL » a précisé Olivier Verdale. Avant d’ajouter : « l’outil du CIVL est certainement bon dans l’absolu mais il faut le repenser ». Le Président de l’ODG Corbières ne souhaite en aucun cas rentrer en guerre contre le négoce. Il réaffirme bien au contraire l’importance que ce dernier soit fort et qu’il continue à être un partenaire de choix pour les metteurs en marché direct. Cependant, il souhaite lancer depuis plusieurs mois des négociations avec le CIVL afin de clarifier les positions de chacun et évidemment défendre les intérêts de son appellation. « La rupture a eu lieu il y a près d’un an et ce n’est que le 30 mai prochain, à mon initiative, que ces discussions vont enfin pouvoir avoir lieu. Nous n’excluons aucune piste, même pourquoi pas une hausse des cotisations mais à la condition sine qua none que nous sachions précisément comment l’argent est utilisé. Si d’ici 18 mois nous n’avons pas trouvé de terrain d’entente, alors nous sortirons effectivement du CIVL qui perdra l’un de ses principaux contributeurs compte tenu des volumes produits par l’appellation Corbières (300 000 Hl) ».

Commencer à penser l’après

Si la position d’Olivier Verdale est claire, jouant l’apaisement et la recherche d’une sortie de crise, ce dernier est toutefois conscient que le temps va passer extrêmement rapidement. Il pourrait d’ailleurs se représenter à la Présidence de l’ODG Corbières à la fin de son mandat triennal en début d’année 2023 afin de mener à terme ces négociations. Quoi qu’il en soit, il est indispensable de se projeter dès aujourd’hui dans l’avenir et de préparer ce dernier. « Des discussions existent bien sûr avec d’autres appellations avec lesquelles nous pourrions le cas échéant mettre en œuvre une communauté de moyens. De la même manière, nous participons déjà ensemble (NDLR : Corbières, Fitou, Minervois, certainement Limoux) à la prochaine édition du salon Prom’Aude. Nous regardons aussi avec intérêt l’association audoise créée par les IGP de la région. Etant donné que la plupart des acteurs de notre appellation possèdent des vignes en AOC et en IGP, cela pourrait avoir du sens ». Rien n’est donc encore fait. Toutefois si l’appellation Corbières devait définitivement sortir du CIVL, cela ferait évidemment l’effet d’un séisme de grande ampleur dont ce dernier pourrait ne pas se relever. Ce qui ne serait pas le cas pour les Corbières qui, à l’instar du Minervois, pourrait tirer tout de même leur épingle du jeu. Affaire à suivre.

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