Le boom des vins nature auvergnats

Vins-nature-Auvergne

Connaissez-vous les vins d’Auvergne ? Cette région viticole historique est longtemps restée dans l’ombre, mais semble désormais en ébullition, portée par de jeunes vignerons passionnés qui s’y sont installés et œuvrent à la production de vins révélant les terroirs auvergnats, produits de manière la plus naturelle possible. Des vins qui commencent à faire fureur auprès des amateurs de vins nature. Zoom sur ce nouveau phénomène.

Dans sa publication du Baromètre iDealwine 2021 des enchères de vin, iDealwine identifiait l’entrée fracassante des vins auvergnats dans le marché des enchères. Une information que vous retrouverez d’ailleurs dans le paragraphe « Les domaines à suivre », situé en fin de chapitre consacrée à la vallée de la Loire. Une nouvelle tendance fortement liée au mouvement de fond des vins nature ; ce type de vinification étant assez rependu dans la région et surtout chez les domaines que l’on voit émerger au sein des enchères iDealwine. Une mouvance que l’on lie également à la diversification croissante des régions qui intéressent les amateurs. Ainsi, la part des vins des régions dites « traditionnelles » comme Bordeaux fléchit légèrement au profit de régions autrefois qualifiées de secondaires, comme la Loire, dont l’Auvergne fait partie.

Alors, si les amateurs pointus qui enchérissent sur iDealwine ont jeté leur dévolu sur cette région, c’est sans doute qu’elle mérite le détour. N’est-ce pas ? ?

L’Auvergne, nouvelle terre promise pour les amateurs de vins

La quête de plus en plus forte pour des vins naturels (en plus de bio et biodynamiques) constitue un formidable atout pour certaines régions émergentes notamment dans la Loire, et des appellations méconnues comme Jasnières avec le domaine de Bellivière et Coteaux-du-Layon. Mais, avant tout et surtout, l’Auvergne où le fleuve prend sa source. Après le Jura, cette région semble focaliser l’intérêt des jeunes amateurs, souvent friands de vins nature et de grande « buvabilité ».

La percée a été fulgurante, fruit de l’installation de nombreux jeunes vignerons depuis le début des années 2000, souvent reconvertis et pétris de convictions fortes, désireux de produire des vins sains (bio, nature) et très qualitatifs, de redorer l’image de ces terroirs largement sous-estimés. Hasard ou pas, tous travaillent de façon nature… Et le phénomène semble n’en être qu’à ses prémices. Pourtant, il y a quelques années seulement, ce vignoble aux racines gallo-romaines était quasi inconnu, il a véritablement émergé dans le monde des enchères il y a seulement deux ou trois ans environ.

L’on s’est progressivement aperçu que l’Auvergne possédait de grands terroirs viticoles, avec une belle diversité de sols sablo-siliceux, argilo-calcaires et basaltiques. Des terroirs propices à la culture du gamay, du pinot noir et du chardonnay. Ces vins sont notamment appréciés pour leur élégance, leur fraîcheur, leur minéralité, leur jolie matière fluide et digeste (notamment due à des vinifications en infusion, parfois des macération semi-carboniques) et leur gourmandise. Bref, un style de vin particulièrement dans l’air du temps, qui correspond à l’évolution des goûts des consommateurs en demande de vins plus souples, gourmands et digestes.

Les grands noms de la viticulture auvergnate

* Patrick Bouju

A l’issue de l’année 2020, plusieurs noms sortent de l’épure et se distinguent dans nos palmarès, à commencer par le chef de file de ce renouveau de la viticulture auvergnate, Patrick Bouju. Lui et son domaine au nom poétique, La Bohème, ont inspiré et souvent même formé, une grande partie des nouveaux vignerons de la région (Aurélien Lefort, François Dhumes, Vincent Marie). Son installation a été progressive, entre le début des années 1990 et une installation à plein temps à partir de 2008. Originellement informaticien, Patrick Bouju s’est converti petit à petit avant de se passionner pour les vins nature. Cet autodidacte est aujourd’hui considéré comme l’icône des vins d’Auvergne, le nom le plus connu du grand public (notamment grâce à ses vins de négoce facilement trouvables). Chez lui, les vignes sont travaillées le plus naturellement du monde, avec l’aide d’un cheval, et les vinifications sont elle aussi naturelles. Patrick Bouju cherche à produire des vins profonds, qui n’expriment pas uniquement le registre du fruit et de la gourmandise.

Plus de 130 flacons de son domaine ont été échangés au sein des enchères iDealwine en 2020. Les prix ont oscillé entre 15€ la bouteille à 282€ le magnum pour le vin de France La Bohème 2008, sa grande cuvée parcellaire, produite à partir de gamays centenaires plantées à 450m d’altitude sur des coteaux assez raides.

* Aurélien Lefort

Autre très grand nom de la viticulture auvergnate : Aurélien Lefort, dont le “Sérum” 2015 a été adjugé 246€ la bouteille, et dont toutes les cuvées, d’ailleurs, s’échangent à plus de 100€. Cet ancien dessinateur, graveur et lithographe, diplômé des Beaux-Arts – il dessine lui-même ses étiquettes – s’est installé en Auvergne en 2011 après y avoir fait de belles rencontres (il a notamment vendangé chez Patrick Bouju), reprenant des parcelles proches de Madriat. Ce vigneron de talent attache une grande importance au travail des sols. Ainsi, toutes ses parcelles sont travaillées à la pioche et soignées selon les principes bio, avec quelques ajouts de la biodynamie (pulvérisation de tisanes). Il définit ses vinifications comme précises et rigoureuses, il veille particulièrement à l’intégrité des raisins, égrappant à la main lorsque cela s’avère nécessaire. En « maniaque de la propreté » dans son chai, il signe des vins nature nets et droits. Aucun n’intrant, ni même un gramme de soufre, n’est ajouté. Sans grande surprise, ses vins sont donc considérés comme étant les plus beaux de la région.

* Pierre Beauger

Le domaine Pierre Beauger est également l’un des noms qui résonnent lorsque l’on évoque la viticulture auvergnate. Son installation est un peu antérieure aux deux domaines préalablement décrits (2001). Le vigneron a en effet d’abord travaillé une dizaine d’années dans différents vignobles français (Saint-Emilion, Cornas, Bandol) et étrangers (USA, Chili). Il a ensuite débuté avec une parcelle de 1,5 hectare en location avant de pouvoir acheter ses propres parcelles, dès 2004. Aujourd’hui, il travaille ses vignes et vinifie ses vins naturellement, sans artifice et sans technologie. Sa production est aussi considérée comme l’une des meilleures de la région.

Seuls six flacons ont fait une apparition dans nos enchères en 2020. Tous se sont vendus à plus de 100€, dont un lot de deux demi-bouteilles de la cuvée Vieilles Peaux, adjugé 262€.

* Mito Inoué

La vigneronne Mito Inoué, qui a fait ses classes chez Pierre Beauger, s’est installée en 2011 avec seulement un hectare. Ses vins étant rarissimes – seulement une barrique de 225 litres produite chaque année, soit environ 300 bouteilles ! – c’est donc un miracle de les retrouver aux enchères et de pouvoir accéder à ses vins. Seules trois bouteilles ont été échangées l’année dernière sur la plateforme d’iDealwine, à des prix grimpant de 170 et 246€ la bouteille (pour La Vague 2017).

Cette vigneronne très talentueuse dispose d’un vignoble planté principalement en gamay complété d’un peu de pinot blanc et où les rendements sont extrêmement bas, de l’ordre de 10 hl/ha ! Depuis 2015, elle n’utilise ni soufre ni cuivre. Aucun traitement donc, mis à part des plantes en infusions et en décoctions. Les vinifications se font en vendanges entières, le pressurage délicat est suivi de macérations assez longues, sans CO2. Des vins vraiment uniques à ce qu’il paraît !

* L’Arbre Blanc

Citons également le domaine de l’Arbre Blanc de Frédéric Gounan, dont une centaine de flacons ont été vendus aux enchères, dépassant le seuil des 100€ pour la cuvée Les Grandes Orgues. Il s’agit là encore d’une reconversion d’un enfant du pays, anciennement mécanicien (il fabriquait des prototypes de motos), qui s’est détourné de son métier lorsque l’industrialisation est allée trop loin à son goût. Il s’installe en 1999, après une formation de responsable d’exploitation agricole et un apprentissage chez Emmanuel Giboulot en Bourgogne. Il dispose aujourd’hui d’un vignoble de 1,6 hectares, travaillé selon les pratiques bio et biodynamiques. Sans surprise, les vinifications sont naturelles, sans ajout d’intrant dont aucun soufre.

* François Dhumes

Formé chez Patrick Bouju et Vincent Tricot, François Dhumes a acquis ses premières vignes en 2006, après un BTS vito-oeno et cinq ans d’expérience dans d’autres domaines, et détient aujourd’hui un vignoble de cinq hectares. Comme chez les domaines cités précédemment, le travail est très naturel dans les vignes et peu interventionniste à la cave (pas de soutirage ni pompage) et les macérations qui durent environ quatre semaines se font en milieu saturé en CO2.

Ses vins se vendent pour le moment à des prix très raisonnables (environ 30€, 80€ pour un magnum de Sarment Pepper 2918)… Mais pour combien de temps encore ?

 

Heureusement, l’amateur peut encore trouver d’excellents vins d’Auvergne à petits prix, comme ceux du domaine No Control de Vincent Marie, de Maupertuis, de Marie et de Vincent Tricot ou encore de Benoit Rosenberg. Un phénomène à suivre, assurément et qui fait déjà de nombreux adeptes (y compris au sein de l’équipe iDealwine ?) !

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