Le Clos des Goisses 2014 : directement à la source !

Vous en connaissez beaucoup des présidents de grandes maisons capables de dégorger eux-mêmes, manuellement, une bouteille de champagne ? A l’occasion d’une visite à Mareuil-sur-Aÿ, Charles Philipponnat a opéré sous nos yeux un flacon du Clos des Goisses 2014, que nous avons pu découvrir en avant-première, tout en profitant d’un petit cours sur l’intérêt des vinifications sous bois ou encore sur l’origine de cette sensation saline que l’on a parfois en dégustant le champagne…

On ne présente plus le Clos des Goisses, cet ensemble de parcelles de 5 hectares 83 sis sur les coteaux de Mareuil-sur-Aÿ. Regardant vers le sud et incliné à 45 degrés, la craie y est presque affleurante, d’où ses vins à double facette, très mûrs et pour autant dotés d’une belle fraîcheur. Le nouveau millésime 2014 de la plus bourguignonne des cuvées champenoises, s’inscrit dans la lignée du 2013. Lui aussi fait suite à une campagne viticole relativement froide. Il joue ainsi plutôt dans le registre de la finesse. Néanmoins, 2013 était un millésime de faible quantité donc assez intense, avec beaucoup de matière. 2014 a été au contraire une année abondante. Le vin y a gagné en élégance et en fluidité ce qui lui confère un côté facile. 

La très belle exposition du Clos des Goisses qui apporte jusqu’à deux degrés potentiels d’alcool de plus que la moyenne du vignoble, a permis malgré tout de conserver une dimension solaire. Elle s’exprime sur des notes de miel, de pain d’épices, de thym. La fraîcheur quant à elle s’affiche davantage sur la finale, qui, nous confie Charles Philipponnat, « rappelle un peu le pamplemousse, mais pas au sens aromatique, plutôt dans la composition de la structure avec cette combinaison acide/amer. C’est cette trame solide qui en fait un vin supérieur à 2004, un autre millésime abondant, lui aussi très élégant. »

Si la craie est à l’origine de cette belle fraîcheur, la vinification sous bois d’environ cinquante pourcents des vins n’est pas étrangère à son étonnante conservation après neuf ans de vieillissement sur lie. « Nos fûts ont en moyenne trois ou quatre ans, ils sont donc plutôt jeunes, au sens où en Champagne, l’ancienne tradition était de les utiliser jusqu’à leur belle mort. On avait ainsi un vieux bois avec un caractère oxydatif, mais plus aucun apport tannique. Dans notre cas, la micro-oxygénation n’est pas absente, mais comme on a encore des tanins qui sont des antioxydants, cela ne débouche pas sur une oxydation, pour ne favoriser que le déploiement aromatique. On a donc ce double effet un peu paradoxal qui permet à la fois d’ouvrir le vin tout en conservant sa fraîcheur. On n’oubliera pas enfin cet apport flatteur du bois que procurent les jeunes tanins. Ils ont dans la perception un pouvoir un peu sucrant, qui s’exprime sur des notes vanillées. »

On retiendra également le caractère très fruité de ce nouvel opus où dominent des arômes de coing, de mirabelle et de poire. Si on laisse le champagne évoluer dans le verre, des expressions plus florales commencent à se manifester, comme la primevère sauvage, ce fameux coucou dont on peut s’amuser à croquer le pistil au goût légèrement sucré. 

La minéralité est plus discrète mais néanmoins bien présente à travers une petite touche saline. « Le goût salin que l’on ressent dans le champagne n’a rien à voir avec la présence de sel. Il est essentiellement lié à l’acidité et à la présence d’éléments aromatiques qui évoquent le sel parce qu’ils ne sont pas lourds. Pour moi, il s’agit d’une association entre ce que les Japonais appelleraient umami, une sorte de texture qui ressemble au collagène, et l’aciditéPour être plus précis, c’est la matière sèche du vin, celle qui lui donne une certaine épaisseur, mariée à l’acidité, en l’occurrence ici l’acide malique que l’on conserve systématiquement dans cette cuvée en bloquant les fermentations malolactiques. Il existe ainsi un lien direct entre acidité et minéralité.»

La cuvée arrivera sur le marché à la fin de l’année.

www.philipponnat.com

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