Le rêve californien de Smith Haut Lafitte

Parce qu’ils sont nostalgiques des beaux moments passés là dans leur jeunesse (avec, entre autres, Woodstock et la « maison bleue » qu’ils ont connus) mais aussi parce qu’ils sont restés fascinés par la beauté des paysages et la qualité des vins, Florence et Daniel Cathiard ont toujours gardé un œil sur la Californie pendant des décennies.

La mythique « Californie » de Julien Clerc dont se souvient Florence ne les a jamais quittés. Des dossiers de vente arrivaient régulièrement en France mais rien de sérieux pour les Cathiard. L’opportunité à ne pas manquer se présente en 2019 : Flora Spring est à vendre ! Michel Rolland, le célèbre winemaker, connait comme sa poche la Nappa Valley : « c’est un super endroit avec un super potentiel :  actuellement, ils ne font pas de bon vin, ils font du volume ». Mais on sait que dans les années 80, il y eut une période faste qui a produit de remarquables bouteilles (Trilogy).

Alors, ils sont venus, ils ont vu, … ils ont signé. Sur un coup de cœur. La « belle endormie » comme l’appelle Florence, est à eux ! Florence et Daniel ont toujours, chevillé au corps, l’esprit d’entreprise et le goût des beaux projets. Pour expliquer cet élan, Florence cite Colette « je ne me sens pas concerné par l’âge, j’aime les commencements ». Il faut dire que dans cette AVA (American Viticulture Area) de Rutherford, au pied des Monts Mayacamas, le paysage est magnifique. Sur la centaine d’hectares que compte la propriété, 23 sont consacrés à la vigne, le reste à la forêt, et le tout partant d’un pied de côte pour remonter dans les collines. Deux lacs et une source complètent l’ensemble. Et une histoire à raconter car ce domaine créé en 1885 par les deux frères écossais Rennie a connu quelques rebondissements. C’est aussi une des très rares propriétés à posséder un chai en pierre : les américains adorent. 

©Florence Cathiard

De multiples possibilités oenotouristiques
Le potentiel oenotouristique est vite identifié. L’expérience de Smith Haut Lafitte est mise à profit. L’offre s’enrichie de 4 propositions. Ensuite, quelques meubles français chinés sur Bordeaux par Florence sont expédiés en containers pour créer un cadre et une atmosphère dans les nouveaux salons et la boutique. Un savoir-faire de Florence, que personne ne lui conteste.

Un outil de production totalement repensé
Fabien Teitgen est parti en mission pour réaliser un audit. Il se souvient : « 45 cuves étaient disposées à l’extérieur. Pour faire beaucoup de vin. Ce n’était pas très esthétique ni rationnel car la taille de ces cuves n’était pas adaptée aux parcellaires ». Les bâtiments existants sont donc, très rapidement, réaménagés et un nouveau cuvier dans un autre bâtiment existant est créé.

2020 premier millésime aromatiques et séducteurs avec la « French touch »

  • Hora (la déesse du temps dans la mythologie romaine). Le premier maillon de la gamme. 100 dollars environ. Nez très séduisant, tout de suite sur le fruit, des arômes de jasmin, puis d’épices et de tabac blond très prononcé. Bouche avec une belle texture  soyeuse : un jus extraordinaire et gourmand. Élevage très doux, de la sucrosité qui participe au charme (smooth). Calibré pour la restauration.
  • Founding Brothers. 200 dollars. Issu de vieilles vignes (cab.sauv. 55%, merlot 40%, cab. Franc 5%). Nez plus resserré, profond, sur du végétal sec et du cèdre. Une structuration plus large que verticale. Bouche sur la groseille, marque d’une bonne acidité. De la fraicheur et de l’énergie. Du potentiel aussi. 16 mois d’élevage avec 40 % de barrique neuve. Positionné plus près de Cathiard Vineyard que de Hora.
  • Cathiard Vineyard. 400 dollars. 100% cab. sauv. Nez complexe et profond : arômes de tisanerie, de boutique d’apothicaire, vanille, herbe sèche (« foin de montagne » pour Fabien Teitgen).  Touche d’eucalyptus, de cèdre et de tabac blond. Là encore, le vin est structuré par une matière large, une trame soyeuse sans rugosité : un grip bien dosé. L’attaque se fait sur la rondeur (les tanins sont civilisés) plus que sur la structure qui se révèle progressivement, « sans le sac de tanins » comme aime le dire Fabien Teitgen. Un équilibre parfait entre texture, souplesse et structure. Finale fraîche. L’élevage de 18 mois en barriques françaises est déjà digéré, presque indétectable. Splendide !

Florence et Daniel ont trouvé un écho exotique à Smith Haut Lafitte.

La Californie, la Californie
Près des orangers, c’est là que t’attend
Au fond de tes rêves, ton prince charmant

(Julien Clerc)

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