Le vignoble, exemple de résilience climatique ?

Richard Planas, directeur des domaines Gérard Bertrand, et Arnaud Warnery, directeur technique du Château de Panéry, dans le Gard, débattaient sur les possibilités qu’ont les vignerons de faire face au changement climatique au SIRHA (Salon International de la Restauration, l’Hôtellerie et de l’Alimentation).

Le constat

Le pitch paraît simple : alors que les viticulteurs ont depuis toujours adapté leurs pratiques à leur environnement et que les pratiques ancestrales sont mises en avant par certaines propriétés de renom, les acteurs de la vigne expérimentent de nouvelles techniques.

Mais dès l’ouverture du débat, Arnaud Warney achoppe sur le terme de résilience, qui signifie la résistance à des chocs traumatiques, auquel il préfèrerait le terme d’adaptation, qualité dont la vigne est naturellement pourvue selon lui. Si en effet la vigne commence à souffrir à partir de 35 degrés, dont les étés précédents ont gratifié le pays sur des périodes plus ou moins longues, au-delà la vigne se met en dormance.

Cela étant dit, les deux acteurs du débat se sont accordés sur l’importance capitale du travail du sol en matière de renforcement de ladite adaptation au changement climatique.

Cultiver selon les principes de l’agriculture biologique, s’assurer de la richesse du sol en humus pour qu’il soit bien nourri et nourrissant, leur ont permis de constater une meilleure résistance et adaptation de leurs vignes, à même de garantir de bonnes maturités malgré des épisodes de stress hydrique.

Des solutions existantes

Au-delà du travail du sol par lequel tout commence, de nombreuses pistes existent. Pour Richard Planas, l’adéquation du cépage et de son environnement est capitale. En milieu méditerranéen, les cépages à maturité tardive ont donné d’excellents résultats les dernières années, malgré des épisodes caniculaires et secs, comme le mourvèdre.
Arnaud Warnery acquiesce en insistant sur la nécessité d’adapter les cépages y compris jusque dans les cahiers des charges des appellations, et de ne pas s’enfermer dans une liste trop restrictive de cépages autorisés.
Le sujet des porte-greffes est également évoqué comme porteurs d’incroyables possibilités, surtout si on les combine avec l’utilisation de cépages adaptés.

Les deux professionnels s’accordent également sur le rôle de la polyculture, permettant de séquestrer davantage de carbone, et donc de participer à un meilleur équilibre climatique.

Cette pratique vaut à l’échelle globale comme à l’échelle d’une parcelle, où le phénomène d’interpénétration des racines participe à la résilience, bien qu’ils reconnaissent de concert qu’il faudra encore un peu de temps pour en mesurer les effets.

Arnaud Warnery cultive déjà des oliviers en plus des vignes au Château de Panery, et bientôt la culture du blé, des truffes et l’installation de ruches viendront compléter cet îlot de nature.

Technique ou nature ?

Arnaud Warnery reconnaît l’utilité des outils numériques permettant au vigneron d’anticiper sur les pratiques à fournir avec une meilleure visibilité.

Pour autant, ces outils doivent rester des aides à la décision, et en aucun remplacer une simplicité instinctive. Pour lui, il est inconcevable de piloter sa culture depuis son bureau et non au cœur même de ses rangs, où il est à même de sentir si l’irrigation est nécessaire à ce moment-là, quelle taille sera la plus bénéfique, etc.

En revanche, la densité de plantation s’avère relativement incontournable, et Richard Planas indique que sur ce sujet, le Languedoc doit revoir sa copie à la baisse.

Principal ennemi du climat et des vignes en Méditerranée : le feu

Richard et Arnaud s’accordent sur le fait que le feu est le principal allié du réchauffement climatique. Parce qu’il attaque les réserves végétales permettant de capturer le carbone. D’où, une fois de plus, la nécessité fondamentale de rediversifier les cultures et de planter d’autres espèces que la vigne, y compris sur les surfaces dédiées.

Si les solutions existent pour assurer la longévité des vignes sudistes, rien n’empêche de découvrir et apprécier les nouvelles productions nordiques, clairement en essor du fait du réchauffement climatique, comme les sparkling anglais, les futurs vins de la vallée de la Tamise ou des terrils lillois.

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