Les vignes franc-de-pied veulent une reconnaissance à l’Unesco

À l’occasion de la deuxième « Rencontre des Francs » qui se tenait il y a quelques jours au domaine Liber Pater en Gironde, une vingtaine de vignerons européens, accompagnés de scientifiques, universitaires, experts des terroirs et des cépages, ont milité pour une reconnaissance par l’Unesco du savoir-faire autour des vignes non greffées.

En juin 2021, une poignée de vignerons européens se réunissaient à Monaco, sous le parrainage du Prince Albert II et de Guillaume Gomez, ambassadeur de la gastronomie française (et ex-chef de l’Élysée), afin d’amorcer la création d’une association dédiée à la défense des vignes franc-de-pied et, à terme, d’obtenir auprès de l’Unesco une inscription du savoir-faire lié à ces vignes au patrimoine immatériel de l’humanité. Un peu plus de six mois après ce premier rendez-vous sous les ors monégasques, c’est à Podensac, en Gironde, que se tenait il y a quelques jours la seconde « Rencontre des Francs ». À l’invitation de Loïc Pasquet, propriétaire du domaine Liber Pater et instigateur de ce mouvement, une vingtaine de vignerons européens, mais aussi des universitaires, des chercheurs, des agronomes, des sommeliers, des journalistes, avaient répondu présent pour deux jours de dégustations et de réflexions autour de la culture de la vigne en franc-de-pied, son histoire et surtout son avenir.

Mais c’est quoi, au juste, une vigne « franc-de-pied » ? On désigne par ce terme des vignes qui n’ont pas été greffées sur un porte-greffe mais plantées directement dans le sol. C’est une pratique ancienne de reproduction et plantation de la vigne qui a été pratiquement éradiquée par l’apparition du phylloxéra à la fin du XIXème siècle : l’implantation des porte-greffes américains a permis de résister contre le terrible parasite, mais a conduit à la quasi-disparition d’un savoir-faire ancestral, que l’on ne retrouve plus désormais que de façon éparse, sur des terroirs très spécifiques – souvent sableux – où le phylloxéra ne peut pas s’implanter.

Vers un label « franc-de-pied » ?

Pour les défenseurs des vignes en franc-de-pied qui ont rapidement l’initiative de Loïc Pasquet et du vigneron allemand Egon Müller, l’objectif est de préserver un patrimoine, un savoir-faire mais aussi un goût : selon eux – et dégustation à l’aveugle à l’appui – les vins issus de vignes en franc-de-pied présentent davantage de finesse, de pureté, et sont de meilleurs transmetteurs de terroir. Pour ce qui est du savoir-faire, qui peut différer selon les régions voire même les pays, il s’appuie sur des pratiques, des gestes et des connaissances qui peuvent se retrouver en voie de disparition et qu’il s’agit de préserver. Ainsi Andrea Polidoro, vigneron célèbre pour son domaine Cupano en Toscane, s’est lancé dans un autre projet dans la région des Marches, Contrada Contro, où il fait grimper des vignes de malvoisie franc-de-pied le long d’érables, selon une pratique quasiment disparue.

L’association, appuyée par Guillaume Gomez et par d’autres personnalités (le Prince Albert II, comme on l’a vu, ou encore la présidente de Géorgie Salomé Zourabichvilia), espère obtenir gain de cause auprès de l’Unesco pour faire entrer les vignes franc-de-pied au patrimoine immatériel de l’humanité, mais entend aussi établir un label « franc-de-pied » qui permettra d’informer le consommateur. Pour y parvenir, elle s’appuiera sur un noyau dur de vignerons allant des Bourguignons Thibault Liger-Belair ou Philippe Charlopin au Champenois Alexandre Chartogne, en passant par les domaines de Markus Molitor ou Prüm en Moselle, la Vieille Chapelle dans le Bordelais… et bien d’autres encore, sans oublier l’expertise de personnalités telles que Jacky Rigaux, Marc-André Selosse, Jérémy Cukierman, José Vouilamoz… Tout ce beau monde sera coordonné depuis Monaco par Celia Calcagno, directrice de l’association, qui a accompagné et soutenu le projet avec son père Robert Calcagno, Directeur général de l’Institut océanographique de Monaco.

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