Loire : le vignoble est mieux protégé contre le gel

Depuis le dernier jour de mars, le froid s’est abattu sur la Vallée de la Loire. Les températures négatives ont fait des dégâts, mais de façon irrégulière car les vignobles sont mieux préparés. Pour mesurer les pertes, il faudra attendre quelques jours.  

A Vouvray, Benoit Gautier, quelques heures après la nuit froide de dimanche à lundi, se veut optimiste : «Ce n’est pas une semaine entière de froid mais trois jours d’alerte, la température doit remonter dès cet après-midi ». Pour l’instant, on ne peut rien dire, il faut attendre pour constater les dégâts éventuels. Il s’inquiète toutefois du soleil qui brille car « le soleil après le froid risque de faire griller les bourgeons ». A Vouvray, il y a peu de moyens de lutte contre le gel, seules 5 éoliennes sont installées sur un seul secteur. Fixes, elles fonctionnent au gaz ou au fioul, ce qui est dans les deux cas cher. Il n’y a pas de système d’aspersion impossible sur les coteaux, car l’eau n’est pas disponible. Quant aux bougies, elles sont peu utilisées, car il en faut trois à quatre cents à l’hectare, à 11 euros pièce.

Pas une répétition de 2021 à Vouvray

« Ce n’est pas du tout une répétition de 2021, ce ne sont pas les mêmes zones. Surtout, il n’y a pas eu de pic de chaleur comme l’an dernier où on est monté à plus de 24 degrés dès février ». Certes il y a eu de la douceur, mais les sommes de températures nécessaires au débourrement ne sont pas arrivées aussi vite. Il précise que « ce qui nous a sauvé aussi, je pense, c’est qu’il n’y a pas eu de vent et surtout pas de pluie ou de neige après vendredi ». L’humidité ajoutée au froid est le pire danger.

Touraine en attente

Chez J. de Villebois, en appellation Touraine, on est inquiet car le sauvignon concerne les trois quarts du domaine. « On était prévenu, on a eu la neige prévue le vendredi, qui n’a pas tenu et dès le samedi il a gelé entre moins 1 et moins 2, mais on est arrivés à moins 3,5 » explique Patrice Merceron, œnologue et directeur d’exploitation. Le stade des vignes est très hétérogène à cette période selon les emplacements et les cépages. Les sauvignons étaient dans le coton, avec des débuts de pointes vertes, donc pas trop sensibles. Mais les cépages précoces, chardonnay, orbois et chenin débourrent tôt et sur certaines zones, ils étaient au stade bourgeon éclaté : « On commençait à voir les feuilles, dont on a arrêté de plier les baguettes, pour que les bourgeons soient plus en hauteur et donc moins sensibles au gel éventuel » précise-t-il. Sur le domaine il y a une éolienne alimentée en gaz qui n’a pas été mise en service, car la végétation ne semblait pas assez avancée pour être en danger. On garde des munitions car « jusqu’aux saints de glace en mai, le risque persiste ». Patrice Merceron se rappelle que l’an dernier, c’était le mardi après Pâques, plusieurs jours de suite.

Feux, tours antigel et aspersion

A Chambord, le domaine national a récupéré les sapins de Noel du château pour les faire brûler à des points stratégiques. Aidés par deux tours antigel, ces bûchers doivent faire gagner les quelques degrés nécessaires. A Saint Nicolas de Bourgueil qui a payé un lourd tribut au gel par le passé, on est devenu plus serein. « Pour tout ce qui est protégé par les tours ou l’aspersion, il semble qu’il n’y ait pas de dégâts à la suite du gel de cette nuit » déclare la directrice du syndicat Alexandra Genneteau, de retour d’une inspection avec les vignerons à la mi-journée. Sur le plateau, il y a 320 tours à vent, dont 50 tours fixes installées depuis 2000. Les dernières 36 ont été ajoutées en 2020. Elle explique que tous les vignerons se sont progressivement adaptés au climat, beaucoup ont attendu début mars pour tailler les coins les plus gélifs, afin de retarder le départ de végétation. « Dans les coins les plus protégés il peut y avoir 3 ou 4 feuilles. Cela peut prendre plusieurs jours avant qu’on sache ce qui est perdu ou pas » précise-t-elle. Avec 320 hectares protégés par les tours à vent et 120 par aspersion, on estime, en tenant compte des zones non gélives, que 70% des 1 200 hectares de Saint-Nicolas échappent au froid.

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