Luberon joue blanc gagnant

La demande en vins blancs étant en pente douce, le Luberon a choisi de miser davantage sur la couleur avec une palette de cépages et un style frais et salin.

« Nous misons sur nos blancs car ils se sont révélés particulièrement adaptés à la région avec une combinaison de sols calcaires de moyenne montagne et de terroirs en altitude sous un climat du Sud », analyse Sylvain Morey, vice-président de l’appellation rhodanienne du Luberon (prononcer Lubeuron). Les blancs représentent déjà 23 % des volumes (10 % en moyenne dans la vallée du Rhône), un chiffre relativement stable, mais bénéficiant d’un potentiel pouvant avoisiner les 30 %. Le Luberon aimerait l’atteindre à moyen terme avec des nouvelles plantations mais également en récupérant une partie de cépages blancs utilisés dans les rosés, notamment le rolle.

L’AOP qui s’étend sur 36 communes du sud du Vaucluse dispose de nombreux cépages blancs, ceux venant de la vallée du Rhône Nord comme la roussanne, la marsanne et le viognier, plutôt en recul, ceux du Rhône sud, le grenache blanc (plus d’un tiers de l’appellation) et la clairette (10 %), les provençaux le rolle (27 %) et l’ugni blanc (18 % ) mais également le bourboulenc (à prononcer avec le c final). Ce cépage autochtone, aujourd’hui planté sur à peine 3 % du vignoble, pourrait prendre de l’ampleur. « Il a l’avantage d’apporter de l’acidité, peu d’amertume et joue un rôle comparable à un super ugni blanc ou à un petit manseng en dynamisant les assemblages tout en tenant bien l’élevage »  précise Sylvain Morey.

Une multiplicité de cépages

Un plan collectif propre au Luberon est à l’étude et pourrait aboutir à des aides spécifiques pour la plantation de cépages blancs en limite septentrionale de leur zone de prédilection tels le bourboulenc, la clairette et le rolle, Ces cépages à maturité tardive présentent l’avantage d’être résistants au gel avec de meilleures repousses. « Nos plus beaux terroirs à blancs sont surtout sur des sols marneux frais (sauf les grenaches sur argilo-calcaires) sur lesquels nous envisageons de planter davantage de clairette et de bourboulenc qui résistent mieux à la sécheresse, commente Valentine Tardieu-Vitali, directrice de La Verrerie. Car nous manquons d’eau mais c’est finalement un atout car cela nous aide à réfléchir davantage et plus vite ».

La diversification des cépages tend à affiner des vins autrefois plus opulents. Clairette, rolle et bourboulenc leur confèrent de la fraîcheur et de la minéralité sur des finales salines. Depuis plus d’une décennie, les luberon blancs ont su se départir de leur lourdeur. Grâce à cette valorisation, ils ambitionnent pour la décennie à venir de se forger l’image d’un cru blanc de la vallée du Rhône.

 L’appellation s’emploie à redéfinir les terroirs à blancs, notamment dans les zones plus fraîches avec peu d’eau, à 300-400 m d’altitude générant de belles amplitudes thermiques. « Les vins n’ont ainsi plus besoin d’être vendangés en sous-maturité pour générer des thiols aromatiques comme ce fut longtemps le cas » précise Sylvain Morey. Aux côtés des deux principaux élaborateurs, Marrenon pour la coopération (environ 40 % des volumes) et Perrin pour le négoce, de plus en plus de caves particulières jouent la carte des blancs. Alain Graillot, pape de la syrah, défendait farouchement en Luberon la place des blancs « frais et équilibrés avec une pointe d’amertume » (en l’occurrence à La Cavale de Paul Dubrule) tout comme Jean-Pierre Perrin ou Michel Chapoutier. Egalement parmi les principaux producteurs de luberon blancs, les domaines Le Novi, Bastide du Claux, Fontenille, La Verrerie, Ruffinatto…

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