[Lyon Tasting] Masterclass Gigondas : le millésime 2012 à l’honneur

La première masterclass du jour à Lyon Tasting était consacrée aux vins de Gigondas. L’appellation vauclusienne déclinait sa diversité à travers cinq cuvées, toutes sur le millésime 2012. L’occasion de démontrer le potentiel de garde sur les terroirs des Dentelles de Montmirail.

Un voyage de dix ans dans le temps, toujours le long du Rhône, mais bien plus au sud : c’était la promesse de cette première masterclass du jour à Lyon Tasting, le festival des grands vins organisé par « Terre de Vins » au Palais de la Bourse de Lyon. Une belle occasion de mettre en avant le département du Vaucluse (qui tire son nom de « vallée close » entre Rhône et Durance), sa riche histoire aux racines antiques et à l’héritage religieux incandescent comme en témoigne la Cité des Papes d’Avignon, sa géologie complexe courant du Mont Ventoux aux Dentelles de Montmirail. Ce sont d’ailleurs ces Dentelles qui étaient mises à l’honneur ce matin avec l’appellation Gigondas, vignoble à forte identité qui a récemment fêté ses cinquante ans d’AOC.

Animée par Sylvie Tonnaire, rédactrice en chef de « Terre de Vins », en présence de Pierre Amadieu, inlassable ambassadeur de Gigondas avec sa famille implantée de longue date dans la région, et de Laurent Derhé, MOF Sommelier, cette masterclass mettait à l’honneur le millésime 2012 à travers cinq domaines, cinq cuvées, chacune déclinant une nuance de cette magnifique appellation juchée sur des terroirs d’exception, présentant de très beaux potentiels de garde et de très intéressants rapports qualité-prix pour les professionnels comme pour les amateurs. Le millésime 2012 se prête d’ailleurs très bien à l’exercice, tant il est un millésime d’équilibre, marqué par un hiver sec et extrêmement froid, marqué par un épisode de gel extrêmement violent en février qui a profondément meurtri les plus vieux pieds de grenache, un printemps humide, puis de nouveau un été sec et chaud, jusqu’aux pluies d’arrière-saison qui ont permis de combiner maturité et acidité.

Domaine Montirius, « Terre des Aînées » 2012, ouvre le bal avec la triple particularité d’être un pionnier de la biodynamie sur l’appellation, d’être situé sur les premières terrasses de l’appellation, plus sableuses, et d’être entièrement vinifié et élevé en cuve. Un vin encore en pleine jeunesse (« insolente », précise Laurent Derhé), avec un nez encore typique du grenache (80% de l’assemblage, le solde en mourvèdre) avec de la datte, de la figue, de la garrigue, du romarin. Une bouche peu volumineuse mais délicate, aux tannins affriolants, « au bon endroit à la bonne heure ». Sylvie Tonnaire l’imagine à table sur une poule au pot ou une andouillette, tandis que Serge Navel, dégustateur de longue date pour « Terre de Vins » participant à la dégustation, tenterait une belle côte de bœuf pour accompagner le côté encore « saignant » du vin.

Château Saint-Cosme 2012, un domaine historique de Gigondas (les anciennes cuves gallo-romaines situées dans les caves en attestent encore), situé un peu plus en altitude, est mené par Louis Barruol, également président du syndicat de l’appellation. Cette cuvée présente l’intérêt d’associer 60% de grenache, 20% de syrah, 18% de mourvèdre et 2% de cinsault, l’ensemble co-fermenté avec une part de vendange entière puis élevé 12 mois, aux deux-tiers en pièces de un à quatre vins, le reste en cuve. Robe scintillante, nez de fruit macéré, de fraise des bois, de pétale de rose, une touche mentholée, ce vin combine rondeur et puissance, avec une note sauvage, racinaire, légèrement giboyeuse. En accords, on imagine un faisan en cocotte aux légumes anciens ou un civet de colvert.

Domaine Les Goubert 2012, vignoble familial tenu par Mireille, Florence et Jean-Pierre Cartier, nous fait revenir sur le plateau du bas du village, avec une expression plus chaleureuse et évoluée du millésime. Le grenache se marie avec la syrah, le mourvèdre, le cinsault et la clairette – l’occasion de rappeler que l’aire de production de Gigondas est aussi une terre historique de blancs, et que l’appellation « Gigondas Blanc » devrait enfin voir le jour en 2023. En attendant, les rouges peuvent inclure jusqu’à 10% de raisin blanc dans l’assemblage, d’où la présence de la clairette. Celle-ci vient contrebalancer le caractère plus évolué de ce vin, tant dans la robe qu’au nez, déclinant notes de sous-bois, de cannelle, une touche chocolatée, confiture de vieux garçon, l’ensemble tenu par des tannins à leur juste place et une finale zestée. À marier avec une tourte au foie de volaille ou une terrine d’abats de sanglier relevée au genièvre.

Maison Gabriel Meffre, Domaine de Longue Toque 2012, nous fait monter en altitude, sur les terrasses marquées par les éclats calcaires des Dentelles. Longue Toque est un domaine historique de l’appellation, qui connaît un second souffle grâce à la maison de négoce Gabriel Meffre, laquelle en a fait son fleuron. 50% grenache élevé en cuve, 50% syrah élevée sous bois 18 mois, cette cuvée renoue avec la jeunesse et la vitalité, avec de la profondeur, de la densité, peu d’évolution, un fruit noir bien mûr lorgnant vers la tarte à la myrtille, des épices, des dattes… La bouche est onctueuse, marquée par un beau volume, de l’élégance, de l’onctuosité, un toucher soyeux et des tannins présents sans fermeté, qui soutiennent bien l’ampleur du vin. On l’imagine sur un petit salé aux lentilles ou un plat oriental, tel qu’une jambette d’agneau confite aux quatre épices et une semoule fine aux fruits secs.

Pierre Amadieu, « Le Pas de l’Aigle » 2012 est un terroir calcaire d’altitude (300-400 mètres) dans les Dentelles chouchouté par la famille Amadieu, implantée de longue date dans la région. De vieilles vignes de grenache faisant face au nord et à l’ouest, bénéficiant d’élevages longs en foudres – majoritairement 100 hectolitres – et oubliées deux ans en bouteille avant d’être mises en vente. Un vin plein et savoureux, intense, d’abord sur la réserve au nez avec ses notes de cacao puis explosif en bouche, signé par un grain de tannin crayeux, minéral. Il en a encore sous la pédale ! À servir sur un paleron braisé au vin rouge, sauce liée au chocolat noir.

Photos ©A. Viller

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