Magnums, jéroboams, impériales : les vins au format XXL sont-ils un bon placement ?

BFM Business Angelique de Lencquesaing iDealwine grands formats placements

Les grands formats, fort prisés en vue des fêtes de fin d’année, méritent toute l’attention des amateurs qui constituent leur cave. Décryptage par Angélique de Lencquesaing, qui analyse chaque mois les principales tendances du marché des grands crus sur BFM Business, dans l’émission 100% Patrimoine.

Stéphane Pedrazzi : En cette période de fêtes, les grands vins sont au cœur des discussions pour les amateurs, en tant que composante essentielle d’un repas réussi. Et vous aujourd’hui Angélique, qui suivez de près les tendances du marché des grands crus dans les ventes aux enchères, vous avez choisi de vous pencher plus particulièrement sur les grands vins, en grand format. Pourquoi donc ?

Angélique de Lencquesaing : Un magnum, un jéroboam, une impériale… Autant de noms qui font rêver les amateurs, car ils sont synonymes de générosité, de partage, de moments joyeux en perspective, surtout à l’heure où tout le monde pense à la dinde, au foie gras et au mille autres délices de Noël. Ils ont toute leur place sur une grande tablée familiale, même si, cette année, Covid oblige, il va encore falloir se restreindre un peu en termes de nombre de convives…

S.P. : Le vin est-il meilleur lorsqu’il est placé dans un grand flacon ?

A.de L. : Oui, de même que pour nous, l’espace est un luxe, un grand flacon est bien plus confortable pour le vin ! Il s’épanouit mieux, mature doucement et se conserve plus longtemps.

En revanche, pour le servir, attention, au-delà du double-magnum (ou jéroboam, le nom change selon les régions), c’est plus compliqué, n’oubliez pas de prévoir une carafe.

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S.P. : Le boire, oui, le conserver, d’accord. Et l’acheter dans une perspective patrimoniale, est-ce intéressant ?

A.de L. : Indéniablement, oui. Par définition, les volumes de grands flacons produits par les domaines sont plus rares que les bouteilles, et la rareté est l’un des ressorts de l’investissement dans le vin.

Rareté à la production, donc, mais aussi rareté dans les échanges : sur la plateforme d’iDealwine, en 2020, les grands formats ont représenté en volume seulement 8% des échanges.

Mais attention, le coût de fabrication d’un grand flacon (à partir du double-magnum) vient grever le prix du vin. A titre patrimonial, pour les vins vendus en bouteille moins de 50€, l’impact du contenant sera plus important, et nécessitera de longues années avant de « rentabiliser » le placement.

S.P. : Même à Bordeaux, où les magnums ne sont pas si rares ?

A.de L. : Bordeaux produit effectivement en proportion une forte quantité de magnums, et même de formats plus grands encore. C’est d’ailleurs la région pour laquelle nous avons vu le plus grand volume de grands formats s’échanger aux enchères (31% du volume de grands formats adjugés).

Mais, même à Bordeaux, le grand contenant constitue un élément distinctif, d’autant que la rareté va croître avec le temps.

S.P. : Sur le marché secondaire des enchères, vous constatez des écarts de prix, au-delà d’une simple multiplication du prix de la bouteille ?

A.de L. : A Bordeaux, les écarts ne sont pas les plus sensibles, même s’ils existent, tout particulièrement pour des millésimes déjà matures. Château-lafite-rothschild 1996, par exemple, a récemment été adjugé 1692€ en magnum, soit une surcote de 9% par rapport à la cote en bouteille. Pour mouton-rothschild 2005 en magnum, cette surcote s’établit à 22% (pour un montant adjugé de 1204€).

Dans d’autres régions, l’écart est plus sensible encore.

S.P. : En Bourgogne notamment, j’imagine ?

A.de L. : Oui, c’est sûr. Déjà, en bouteilles, certains vins sont rares, mais alors, en grand format, ce sont carrément des collectors. D’ailleurs, nous venons d’enregistrer sur la plateforme d’iDealwine un prix record pour un échézeaux 2006 du domaine Bizot, la signature de Côte de Nuits qui fait rêver tous les amateurs depuis plusieurs mois. En bouteille, cet échézeaux grand cru s’échange autour de 2000€. En jéroboam, l’équivalent de 4 bouteilles, il a atteint non pas 8000€ mais… 41 752€ ! La sur-valeur est décuplée dans cette région.

S.P. : Le cas du domaine Bizot n’est donc pas isolé ?

A.de L. : Le cas du domaine Bizot est spécifique car ce vigneron fait l’objet de toutes les convoitises, il avait déjà été identifié en 2020 comme LE Phénomène de l’année, en raison de la taille du domaine, microscopique, et la méthode de vinification, naturelle.

Nous constatons toutefois un même engouement pour les grands chardonnays de Bourgogne produits dans de grands contenants, notamment à Chablis. Un magnum du grand cru Valmur du domaine Raveneau 2012 s’est ainsi envolé à 1167€, soit une survaleur de 88% par rapport à la cote en bouteille.

S.P. : Quid des vins de la vallée du Rhône ?

A.de L. : Dans cette région les vignerons produisent volontiers des grands formats, même si les quantités demeurent limitées ; donc, sans surprise, les grandes signatures de Côte Rôtie, d’Hermitage ou de Cornas, au Nord de la région remportent un succès réel dans les enchères. Un magnum de Côte-Rôtie 1999 signé Jamet a franchi le seuil des 1000€ le mois dernier (+33% par rapport à la cote bouteille). Idem pour un Hermitage 20001 de chez Chave, adjugé 1032€ (+20%). Les cornas de Thierry Allemand connaissent le même succès en magnum.

S.P. : Et au sud, à Châteauneuf du Pape ?

A.de L. : Dans cette partie du vignoble les grands formats sont moins rares, et mathématiquement la surcote moins perceptible. « Seulement » 9% de sur-valeur pour la Réserve des Célestins 2008 du domaine Henri Bonneau, récemment adjugée 565€ en magnum.

S.P. : Dans les autres régions, en Champagne, notamment les grands formats sont recherchés ?

A.de L. : Oui, sur le marché secondaire des enchères ils se valorisent bien. La Grande Année 2007 de la maison Bollinger, par exemple, s’échange à 669€ en jéroboam, soit une surcote de 44%. Le jéroboam de Dom Pérignon 2006 a du succès aussi. Adjugé 1105€, il recrée un effet de rareté et ce prix correspond à une hausse de 42% sur le cours de la bouteille.

Nous constatons le phénomène haussier dans toutes les grandes régions viticoles, en fait, notamment pour les vins de la Grange des Pères en Languedoc, sur le riesling Clos Sainte-Hune du domaine Trimbach, en Alsace, Trévallon en Provence ou encore dans la Loire, sur des noms tels que le Clos Rougeard, Vincent Pinard, Mark Angeli…. Sans oublier le Beaujolais avec des signatures comme Foillard, Lapierre ou Desvignes.

S.P. : A l’étranger aussi, le phénomène des grands formats joue-t-il ?

A.de L. : Ces formats sont plus rares dans les ventes mais on le retrouve pour les vins de Vega Sicilia, icône de la Ribera del Duero. Un magnum de la cuvée Unico 2002 vaut 823€ (+24%).

S.P. : Vous conseillez donc ces grands formats ?

A.de L. : Oui, vous l’aurez compris, l’achat est hautement recommandé. Si vous l’ouvrez, l’effet sur vos convives sera décuplé. Sinon, plus vous le conservez, plus il s’appréciera, tant sur le plan gustatif que sur l’aspect financier. Une combinaison gagnante-gagnante !

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