[Pessac Léognan] Château de France: un potentiel bien présent

Le château de France, en appellation Pessac Léognan n’est pas classé mais la qualité de son terroir, celle de ses vins et son positionnement commercial en font un château à ne pas négliger.

C’est en 1971 que Bernard Thomassin, venu du monde de la distillerie, achète cette propriété édifiée sur les fondations d’un ancien manoir dont il conserve une belle cave voûtée. Arnaud Thomassin, son fils, assure aujourd’hui la direction et ses deux sœurs contribuent elles aussi à l’activité du château. L’incendie des chais et du cuvier, en 2011 a été l’occasion de reconstruire un cuvier moderne : un malheur mais aussi « une chance » pour Arnaud Thomassin, qui, s’il a été affecté pendant un court moment, a vu dans cet épisode l’occasion de doter le château d’un outil de vinification moderne.

Un terroir à fort potentiel

À 15 kilomètres au sud de Bordeaux, les 40 hectares du vignoble du Château de France s’étendent sur un des plus hauts coteaux de la terrasse de Léognan, la plus ancienne et la plus élevée des quatre terrasses de graves édifiées au fil du temps, sur des affleurements de graves pyrénéennes très profondes, parfois sur un sous-sol argilo-calcaire. Les graves de Pessac Léognan sont les témoins des cours anciens de la Garonne qui charriait alors des cailloux que les glaciers arrachaient aux Pyrénées durant les ères tertiaire et quaternaire. Cela en fait un sol pauvre, mais idéal pour la vigne. On trouvera aussi sur la parcelle de « Coquillat » (50 ares), un spectaculaire sol truffé de fossiles qui attestent de la présence, il y a 20 millions d’années, d’une mer qui indique qu’à cette époque le Bordelais bénéficiait d’un climat tropical : un micro terroir bien valorisé.

Des vins bien ciselés

Les 4 hectares de sauvignon et de sémillon (cépage typique du bordelais) produisent des vins blancs caractérisés par leur équilibre entre la fraicheur et l’acidité apportées par le sauvignon et la rondeur et la texture apportées par le sémillon. Le Coquillas blanc 2020 (la fameuse parcelle à fossiles), 80% Sauvignon, 20% Sémillon, révèle des notes d’acacia, de citron, de fruits à chair blanche et une touche de pierre mouillée que l’on retrouve en finale. Bouche fine, élégante avec juste ce qu’il faut de gras (15,50 €). Un produit très bien placé pour la restauration. Le château de France 2021 blanc (25,50 €) est tendu, sans excès. Un nez aérien sur des notes discrètes mentholées, de fruit blanc et de citron jaune, et une minéralité salivante. Bouche rafraichissante, sur une ligne tendue de citron vert : un vin plus nerveux que le 2020. Le 2020 est un peu plus rond, très élégant. Le 2019 présente déjà quelques notes de pétrole, typiques d’un début d’évolution. Pour tous ces vins, le boisé est mesuré et répond au goût actuel du consommateur.

Pour les rouges. Le Bec en sabot (11,50 €) est un vin sur le fruit (groseille), « qui se boit tout seul, à un prix raisonnable , et que l’on vend beaucoup en restauration » précise Arnaud Thomassin. Le château de France 2021 n’avait pas le jour de la visite, le même profil que l’échantillon présenté lors de la dégustation primeur. Les amers des tanins ne se retrouvaient pas et le vin était mieux équilibré entre le fruit, l’acidité et la charge tannique. Les autres millésimes dégustés 2018, 2019, 2020, sur une trilogie de bonnes années à Bordeaux, révèlent des vins caractérisés par une chair pleine et tendre, avec un potentiel de garde tout en étant relativement accessibles dans leur jeunesse. Un bon compromis.

Un positionnement commercial travaillé

La famille Thomassin choisit de commercialiser ses vins essentiellement en direct, en évitant le négoce. Ce maillon en moins permet de contenir les prix. Un résultat obtenu grâce aux déplacements qu’Arnaud entreprend en France, en Europe et sur le grand export : « Des distributeurs proches et constructifs, qui viennent au château : ce sont des relations d’amitié » se félicite Arnaud. La notoriété du château de France lui permet de se rapprocher des prix des crus classés sans les atteindre toutefois puisque les premiers vins se vendent 25,50 €.

Un château à suivre.

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