Pour ses 100 ans, le champagne Moussé fils coiffe la Champagne au poteau

Alors que le champagne Moussé fils fête les 100 ans de sa première vinification, Cédric Moussé lance de nouvelles cuvées et inaugure le nouvel habillage très avant-gardiste de sa gamme, avec notamment des coiffes en papier et des puces NFC pour vous raconter en vidéo l’histoire de la famille…

Le champagne Moussé fête ses 100 ans en marquant un grand coup : le lancement des tout premiers flacons champenois munis d’une coiffe en papier conçue par Vipalux. « On dit que les coiffes sont en aluminium, en réalité, c’est faux, il s’agit d’un complexe d’aluminium et de plastique qui n’est pas recyclable. Avec la coiffe en papier, nous divisons par cinq l’empreinte carbone. De plus, aujourd’hui l’aluminium vient de Russie, de Taiwan, ou de Chine, si demain la Chine envahit Taiwan, nous n’avons plus d’aluminium ! » explique Cédric Moussé. Autre innovation, l’utilisation sur l’étiquette d’une puce NFC qui lui permet à la fois d’éviter le marché gris et, en la scannant, de présenter en vidéo la cuvée et son lien avec l’histoire de la famille.

Et quelle histoire ! En 1923, alors que le négoce se trouve dans l’incapacité d’acheter, l’arrière-grand-père Eugène, jusque-là vigneron livreur, lance ses premières vinifications. La chance lui sourit : trois en plus tard, en 1926, lorsque ses premières bouteilles sont prêtes, les années folles battent leur plein ! Pour un petit paysan du fin fond de la vallée de la Marne, le défi de la commercialisation reste redoutable. « Cuisles ne comptait que 70 habitants et les routes étaient en terre battu. Mais il a pu compter sur l’aide de son voisin Evrard Thomas qui avait acheté la première voiture du village. » Il charge dessus les 25 premières bouteilles dans des caisses en bois et de la paille, et le tacot prend la direction de Paris. Là-bas, Edmond rencontre un traiteur américain qui tombe sous le charme de son champagne …

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Eugène et son fils Edmond s’engagent dans le réseau Possum, spécialisé dans la récupération des aviateurs anglais et américains. La Vallée de la Marne joue alors un rôle stratégique. Son caractère vallonné permet aux avions chargés de rapatrier les soldats de s’y poser discrètement. Malheureusement, Eugène et Edmond sont dénoncés et déportés. Ils survivront, mais à son retour Edmond ne pèse plus que 36 kilos pour 1 m 86 ! Gravement blessé par un coup de louche en tentant de voler de la nourriture dans les cuisines de Neuengamme, il ne pourra jamais retourner aux vignes. Il deviendra néanmoins un maître de la vinification qui formera des dizaines de personnes.

©Marielle Gaudry

Outre le nouvel habillage, la gamme compte de nouveaux venus. Comme cette cuvée baptisée « L’Esquisse ». Le concept ? Utiliser les dernières vignes intégrées en prestation dans son domaine. « J’apprends à les découvrir, ce sont les nouveaux bébés de la maison. Une conversion, légalement, c’est trois ans. Personnellement, j’estime qu’il faut au moins sept ans pour changer une vigne. Les racines ne sont pas encore descendues très en profondeur. Les vins n’ont pas encore la complexité nécessaire pour rejoindre les grandes cuvées. Pour autant, nous nous faisons un devoir de tout utiliser. Il serait trop facile de revendre ce qui ne nous convient pas. Nous avons donc décidé d’exploiter leur côté léger, facile à boire. L’idée, c’est de les vendre à 15 mois, à peine dosés. » Le résultat est sympathique, ces vins fruités et ronds coulent tout seuls.

Même si par définition les parcelles qui constituent cette cuvée sont amenées à évoluer, on gardera une trame commune. « Ce sera toujours les vins des mêmes coteaux de Jonquery, Cuisles et Châtillon, avec la même exposition et les mêmes sols. ». La cuvée intègre aussi de belles tailles de meunier, dont la maîtrise est tout un art. « Il ne faut jamais les laisser en contact avec des lies mais les soutirer très souvent, soit l’opposé de la philosophie nouvelle de la vinification où les vignerons sont fiers de dire qu’ils laissent faire. Pour le pinot noir et le chardonnay, cela ne pose pas de problème. Mais le meunier marque désagréablement. Au moment des soutirages des tailles, j’attends que la cuve s’aère et je fais toujours secouer les lies aux apprentis pour leur montrer l’odeur qui se dégage. »

Moussé : un champagne qui casse des briques !

Une autre nouveauté ? La cuvée « Terre d’Illite », en référence à cette argile verte, qui au XIXe siècle ne nourrissait pas seulement les vignes de la famille mais alimentait sa briqueterie, comme en témoignent ces briques estampillées « Moussé » retrouvées dans les maisons du voisinage. Le millésime est symbolique : 2019, l’année de tous les changements. Car Cédric, qui a fait pendant un temps partie de l’équipe des chercheurs du Comité Champagne, a gardé le goût de l’expérimentation. En 2019, il a ainsi commencé à utiliser du souffre de mine (volcanique), à la place des sulfites, « Les sulfites sont produits chimiquement à partir de pétrole. Je suis persuadé que ce qui provoque des migraines ce n’est pas le souffre, mais les éléments ajoutés. Le souffre de mine est par ailleurs beaucoup plus efficace, on peut donc réduire drastiquement la quantité employée. » Cédric a mis au point sa propre machine pour brûler le souffre. D’autres vignerons en avaient déjà conçues, mais selon lui dangereuses et d’un faible rendement. Enfin, 2019 est aussi l’année du passage aux petites clayettes qui évitent l’auto-pressurage, et celui de la construction du nouveau pressoir. L’installation, de même que celle de la cuverie, est entièrement autonome grâce à l’emploi de l’eau de la source, de panneaux solaires et d’un puit canadien pour la climatisation. « J’ai un compteur 35 kw comme dans une maison ! ».

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