Rare Champagne 2008 : un 12ème millésime “infini”

Avec seulement 12 millésimes en 45 ans d’existence, la sortie d’une cuvée « Rare Champagne » est un événement à l’image de ces comètes qui traversent le ciel et que les astronomes guettent pendant des décennies. 2008, année de légende au pays des bulles, apparaissait incontournable. Le chef de caves Régis Camus a dégusté avec nous ce grand vin, lancé ce mardi dans le cadre de l’exposition de la Manufacture de Sèvres à la Galerie Aveline. Après un 2006 « solaire », voici un 2008 « infini », qui balance sur un tango entre fraîcheur, minéralité et fruits exotiques.

La Maison Rare Champagne lance un 2008 (la cuvée n’existait qu’en rosé), le 12ème millésime de sa fabuleuse collection débutée en 1976 à l’initiative du Marquis d’Aulan. L’événement a lieu à la galerie Aveline, dans le cadre de l’exposition « les petits plats dans les grands » organisée par la Manufacture de Sèvres pour son 280ème anniversaire. Celle-ci devait s’achever le 6 Juin mais a été prolongée spécialement pour cette occasion. Dans cet espace de 700 mètres carrés se côtoient des services vieux de plusieurs siècles et les toutes dernières créations d’artistes contemporains. Ce voyage plein de charme nous rappelle l’inventivité des anciens pour parvenir à un confort qui nous semble aujourd’hui presque banal, lorsqu’il fallait par exemple creuser des puits à 14 mètres de profondeur pour conserver la glace en prévision de l’été ! La beauté de chacun de ces objets du quotidien érigés en véritables chefs d’œuvres nous fait relativiser la notion de progrès dont la signification pourrait bien être la sinistre victoire du pratique sur l’esthétique. L’art de vivre que nos aïeux déployaient nous révèle ainsi une véritable liturgie de la table. La cuvée Rare s’y intègre presque naturellement, et démontre son intemporalité, aussi élégante aux côtés des assiettes Galaxie créées par Philippe Apeloig en 2017 que disposée auprès du service d’Italie de 1808 du Prince Camille Borghèse.

Tout ce raffinement aurait quelque chose d’un peu intimidant sans la chaleur de Régis Camus, l’inoxydable chef de caves de la Maison Rare, toujours impatient de nous faire partager sa passion du champagne. Il a très aimablement accepté de nous présenter ce nouvel opus lors d’une dégustation en ligne.

Une partie de ping-pong entre l’expression fruitée et la minéralité

Pour comprendre ce vin, il faut d’abord décrire les conditions climatiques de l’année 2008. « Un hiver pluvieux et doux suivi d’un printemps humide et froid laissant craindre un moment le pire pour la fleur. L’été lui aussi a été relativement frais, avec des pluies avant les vendanges qui ont suscité des craintes quant à l’état sanitaire. Mais comme souvent, un miracle est survenu à la veille de la cueillette, laquelle s’est déroulée sous un beau soleil pendant la deuxième quinzaine de septembre. Les chardonnays (70% de l’assemblage, issus surtout de la Montagne) avaient une grande fraîcheur, une grande minéralité, ce qui représente déjà un signe avant-coureur pour élaborer une cuvée Rare, et les pinots noirs (30 %, provenant notamment du Nord de la Montagne, Verzy…) se distinguaient par leur fruit et leur structure. Si on compare l’année 2008 à 2006, le millésime précédent de la cuvée Rare, les conditions météorologiques étaient exactement inverses. L’hiver avait été froid, l’été très chaud donnant un vin qu’on pourrait définir comme solaire. Pour 2008, je choisirais un autre qualificatif : infini. Ce vin a une fraîcheur d’une très grande pureté, d’une très grande longueur. C’est un millésime que l’on pourra déguster au moins pendant une vingtaine d’années ».

Lorsque vous avez le privilège d’ouvrir un flacon de Rare Champagne et que vous versez les premières gouttes de vin, le son que vous entendez, pour ne pas dire la musique, est déjà différent, unique. La raison ? La forme atypique de la bouteille, que l’on a surnommée « la parfaite imparfaite », avec ses épaules asymétriques, hommage aux anciennes bouteilles artisanales soufflée à la bouche qui présentaient toujours quelques belles irrégularités.

Il y a ensuite la robe, d’un jaune profond, qui prend de jolis reflets verts lorsque l’on expose le vin à la lumière. Le nez est printanier avec une très belle fraîcheur : « on a une pureté rectiligne qui est vraiment le signe fort de l’année 2008. On y trouve aussi ce côté iodé, cher aux cuvées de Rare, surtout quand elles sont jeunes, c’est-à-dire entre 9 et 15 ans ». Alors que le verre se réchauffe, se révèle la double personnalité de ce champagne : « le fruit se dégage, on trouve de l’ananas coupé, de la noix de coco, de l’amande fraîche, voire même de la poire, peu commune sur Rare qui reste d’habitude sur les fruits exotiques. Cette expression fruitée donne beaucoup de complexité, de profondeur, et tient tête dans une véritable partie de ping-pong à la minéralité extraordinaire du vin, deuxième trait caractéristique de cette cuvée. Lorsque je parle de minéralité, il n’y a pas que la craie, mais aussi quelque chose de beaucoup plus dur qui va jusqu’au silex, à la pierre à fusil, caractéristique des crus comme Villers-Marmery ou Trépail ». En bouche, la cohérence est parfaite avec le nez, on retrouve ce dialogue entre le croquant du fruit et cette trame minérale qui nous emmène très loin.

Prix recommandé : 180 €
www.rare-champagne.com

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