Saint-Emilion | Une classification recherchée… mais contestée ?

C’est en 1955 qu’apparaît, pour la première fois, le classement des vins de Saint-Emilion. Crée par le syndicat viticole des vins de Saint-Emilion, il se donne pour mission de valoriser les grands crus classés de cette appellation bordelaise. Révisé tous les dix ans par l’Institut National de l’Origine et de la qualité (INAO), entité ralliée au ministère de l’Agriculture, il connaît une évolution perpétuelle qui pousse les viticulteurs toujours plus loin dans leur quête de l’excellence. Si ce classement est suivi de près par les amateurs et les professionnels, il n’est pas toujours aisé d’en comprendre les enjeux. Explications.

Des critères en constante évolution

Ce classement permet aux vins d’A.O.C. Saint-Émilion Grand Cru d’être distingués de trois titres différents : Grand Cru Classé, 1er Grand Cru Classé et 1er Grand Cru Classé A ou B. La sélection est régie par des critères stricts et un cahier des charges contrôlé, défini et validé par arrêté de l’INAO.  Si ces derniers évoluent constamment, certaines caractéristiques sont récurrentes. A savoir, la qualité et la constance des vins appréciées par dégustation des échantillons, l’étude de la notoriété de l’exploitation, la caractérisation de l’exploitation et sa conduite, aussi bien viticole qu’œnologique. Selon les années, l’influence de ces critères sur la note finale attribuée varie.  Depuis 2018, et grâce à la rédaction d’un nouveau cahier des charges, une dimension environnementale a été ajoutée, prévoyant l’obligation d’une certification environnementale de tous les viticulteurs au 1er janvier 2023, derniers délais. Le classement historique s’adapte donc aux nouveaux enjeux sociétaux.

Une classification contestée

Cependant, ce palmarès qui met en lumière l’élite des vins de l’appellation n’est pas épargné de contestations internes.  En effet, en 2012, des démêlés judiciaires avaient suivi sa publication. Des châteaux déclassés avaient pointé du doigt des critères injustes, mettant en valeurs des critères qu’ils jugeaient secondaires, comme la présence d’un personnel multilingue, au détriment de la qualité des vins. La légitimité et l’impartialité du jury avait aussi été remis en question.  Ils avaient donc attaqué en justice l’INAO afin de faire annuler ce classement. Après des années de procédures, la justice avait finalement validé le classement de 2012, bien que celui-ci reste largement contesté. Certaines règles ont donc été revues afin de faciliter la version 2022. L’influence des différents critères a été rééquilibrée, assurant à la dégustation 50% du poids de la note finale, tandis que le jury ne sera composé que de personnalités extérieures aux vignobles bordelais afin d’éviter toutes accusations de connivence.

Coup de tonnerre en juillet 2021

En dépit de ces ajustements, deux châteaux historiques de l’appellation, Cheval Blanc, propriété de LVMH, et Ausone, propriété de la famille Vauthier, ont pris la décision de ne pas se porter candidats, afin de témoigner de leur désaccord avec les modalités imposées par l’INAO. Malgré le séisme provoqué par une telle nouvelle, les domaines sont toujours plus nombreux à prétendre à cette classification témoignant de son importance, en termes de notoriété et d’impact économique. Afin de répondre aux critères imposés, les propriétés de la rive droite ne cessent de se réinventer, d’investir dans des équipements toujours plus sophistiqués, de soigner la culture des vignes et les méthodes de vinification, de signer des vins toujours plus savoureux, complexes, persistants et taillés pour une longue garde. Et ce, dans l’espoir de décrocher ce saint graal du bordelais qui fait des émules dans le monde entier.

Affaire à suivre, donc…

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