[Saint-Julien ] Léoville-Poyferré : la pérennisation de l’excellence

Ce magnifique château, propriété de la famille Cuvelier, s’est inscrit depuis une trentaine d’années dans une marche vers une qualité irréprochable. Retrouver son rang est une chose, le conserver en est une autre. Sans tambour ni trompette, le château innove et expérimente pour s’inscrire pleinement dans la modernité.

L’histoire des 3 Léoville est certainement l’une des plus connues de Bordeaux. De cette unique et immense propriété historique de plus de 200 hectares sont nés, au gré de l’Histoire et des successions, 3 châteaux de Saint-Julien qui brillent au firmament de leur appellation et des grands crus classés : Las-Cases, Barton et Poyferré. La famille Cuvelier est devenue propriétaire de ce dernier en 1920. Et le vignoble d’alors est toujours le même, à quelques rares échanges de parcelles près initiés alors. Un siècle de présence marqué donc par une véritable pérennité et célébré par la création d’une bouteille noire sérigraphiée collector pour le millésime 2020 qui arrive sur le marché. La qualité des vins est, de manière générale, excellente comme en témoigne 2014 qui offre une très belle unité quand le 2005 est aujourd’hui absolument superbe d’harmonie et de profondeur veloutée, confirmant tout le potentiel qui était le sien à sa naissance ! Pourtant, rien n’est jamais acquis. Et réussir à se maintenir au plus haut niveau qualitatif suppose de se remettre en question, de tester de nouveaux dispositifs, d’innover. Sara Lecompte Cuvelier, qui dirige la propriété depuis 2018, s’est parfaitement inscrite dans les pas de son cousin, Didier Cuvelier qui avait dirigé Poyferré 40 ans durant. Le tout avec discrétion, à l’image de sa personnalité.

@Arnaud Bruknoff

Aller toujours plus loin

Tout commence toujours par le vignoble. Les équipes connaissent parfaitement des parcelles ancestrales, continuant toutefois à réaliser des études de sols régulières pour pouvoir apporter de manière extrêmement précise les amendements nécessaires d’origine animale et végétale. En 2 ans, tout le vignoble est ainsi analysé et les sols fertilisés si besoin. Au niveau cultural, une part sans cesse croissante des vignes est travaillée en bio (23 hectares sur les 80) même si aucune labellisation n’est pour le moment envisagée dans un avenir proche. David Pernet de Sovivins apporte à ce titre ses conseils, y compris en matière biodynamique. Pragmatique avant tout, l’équipe a constaté que les parcelles qui, auparavant se retrouvaient alternativement dans le premier ou le second vin, sont désormais systématiquement intégrée au grand vin depuis qu’elles sont conduites en bio. Des replantations de cabernet-sauvignon, en lieu et place de merlot, viennent également renforcer la structure des vins. Plus globalement, la volonté affichée est de pouvoir être encore plus précis dans les décisions de traitement, afin de limiter les doses qui sont utilisées notamment contre le mildiou. A cet effet, 20 piquets connectés vont être installés très prochainement dans le vignoble et joueront le rôle « d’autant de mini stations météorologiques couplées à de l’intelligence artificielle » comme l’explique Sara. Ceux-ci seront couplés à des éoliennes électriques mobiles pour prévenir le gel dans les secteurs les plus exposés. En cave, le niveau d’exigence est le même. Une réflexion est menée depuis une vingtaine d’années sur la baisse des quantités de soufre apportées. Depuis 3 ans par exemple, celui-ci a été remplacé à l’encuvage par des levures non-saccharomyces qui vont jouer un rôle de bioprotection naturel sans perturber les levures classiques de fermentation. Les niveaux de soufre sont ainsi en constante diminution. De 140 mg/L avant 2005, les niveaux sont aujourd’hui a maxima de 100 mg/L et le plus souvent inférieurs encore, et donc cohérents avec les niveaux autorisés en viticulture bio. Les élevages enfin sont toujours menés en barriques même si des essais sont également effectués. Des amphores sont ainsi utilisées et comparées aux vins issus de parcelles identiques élevés sous bois. Et là encore, les équipes observent. Les vins sont alternativement meilleurs dans l’un ou l’autre contenant. Affaire à suivre donc, sans dogmatisme et avec un but : améliorer sans cesse la précision des vins.

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