Tout savoir sur la Saint-Vincent Tournante

Rendez-vous immanquable des amateurs de vin, la Saint-Vincent Tournante tire ses racines du Moyen-Âge et de l’entraide entre les vignerons à travers les sociétés de Secours Mutuel autour de leur saint patron. Autour du 22 janvier de chaque année, les visiteurs, par dizaines de milliers, se pressent sur les routes de Bourgogne, pour découvrir un village et ses appellations. Après cet article, vous saurez tout de cette plongée d’un weekend en terre de Bourgogne.

Saint-Vincent, le patron des vignerons

Commençons par le commencement… Qui est Saint-Vincent et pourquoi est-il devenu le patron des viticulteurs ?

Né en Espagne, il était diacre de Saragosse au début du IVe siècle. Il fut martyrisé par ordre du préfet Dacien à Valence et mourut sous la torture le 22 janvier 304 (c’est le jour de sa fête).

Quant à la raison de son choix par les viticulteurs, le mystère reste entier. De nombreuses histoires entretiennent le mythe, en voici l’une d’entre elles : la légende veut que Saint-Vincent se soit arrêté au bord d’une vigne pour échanger quelques mots avec les vignerons. Pendant ce temps, son âne aurait brouté les jeunes pousses de vigne. Catastrophe pour les vignerons ? Bien-sûr que non ! A la récolte suivante, le pied de vigne brouté par l’âne aurait produit plus que les autres. L’âne de Saint-Vincent serait donc l’inventeur de la taille de la vigne !

Le Moyen-Âge et les sociétés de Secours Mutuel en Bourgogne

Au Moyen-Âge, à l’initiative de l’Eglise, sont créées les sociétés de Secours Mutuel dans les villages viticoles de Bourgogne. L’idée est bien simple : venir en aide aux vignerons malades et aux familles dans le besoin et en détresse. Dans chaque village, les sociétés s’organisent, et se rassemblent traditionnellement le jour de la Saint-Vincent, le 22 janvier, pour célébrer leur saint, rendre grâce pour la récolte passée et confier la récolte à venir. Les familles de vignerons se rendent ainsi à la messe, puis assistent au défilé, précédé par la statue du saint-patron. A chaque saint-vincent, la statue est passée à l’une des familles qui la gardera pendant une année, avant la passation à une autre famille au 22 janvier suivant. Un bon repas accompagne la fête, composé d’un plat de cochon et de délicieux vins (bien-sûr).

Aujourd’hui, ces sociétés de Secours Mutuel existent toujours dans certains villages de Bourgogne, et ont hérité de la plupart de ces traditions. A Meursault, par exemple, voici comment la société de Secours Mutuel s’organise : elle est composée d’une soixantaine de membres actifs (sans compter les membres neutres, les plus âgés, qui ne sont plus valides pour participer à l’entraide), divisés en petits groupes de cinq, appelés des « escouades ». Chaque escouade a son chef, le « caporal », qui change tous les deux ou trois ans. Lorsqu’un membre de la société du village tombe malade, les « corvées » s’organisent pour le soutenir et le remplacer au travail de la vigne : une escouade sera responsable d’assurer une semaine de travail, chaque membre étant responsable d’un jour de la semaine. Si un vigneron meurt accidentellement, la société s’engage à lui faire un an de travail, le temps que la famille se retourne. Chaque village a bien sûr son organisation propre, et maintient traditionnellement les festivités autour de cette fête du 22 janvier.

La Confrérie des Chevaliers du Tastevin et la naissance de la Saint-Vincent Tournante

Dans les années 1930, ces sociétés perdent un peu de leur élan. La Confrérie des Chevaliers du Tastevin, constituée en 1934, décide alors de relancer cette fête conviviale qui met à l’honneur la solidarité entre les vignerons, en créant la Saint-Vincent Tournante, qui n’est autre qu’une réunion et célébration de toutes ces sociétés d’entraide de Bourgogne (vous l’avez compris : chaque société a donc deux rendez-vous autour du 22 janvier : sa fête de Saint-Vincent de village, et la fête de la Saint-Vincent Tournante qui rassemble tous les villages).

Chaque année, l’un des villages est mis à l’honneur, et accueille ainsi le défilé de toutes les sociétés de Saint-Vincent bourguignonnes qui défilent autour de la statue de leur saint. La première Saint-Vincent Tournante a ainsi lieu à Chambolle-Musigny en 1938, avec le défilé de six sociétés. L’événement a vite conquis la Bourgogne puisqu’en 1965 elles étaient 53, et sont plus de 80 aujourd’hui.

La date est choisie autour du 22 janvier, il s’agit souvent du dernier weekend de ce premier mois de l’année, au moment où le travail aux vignes est plus calme. Aujourd’hui, cette fête est très connue par les amateurs de vin qui viennent par dizaines de milliers, pour qui c’est l’occasion de découvrir un village de Bourgogne, ses appellations et ses vins. La tradition est toujours au rendez-vous – procession autour des statues de saints, messe -, le folklore aussi – tenues traditionnelles, décorations dans le village, harmonies et orchestres, bans bourguignons (que chacun fait sur le bout des doigts à l’issue de ce weekend) -… Armés de leur verre de vin, les visiteurs arrivent par bus (même le plus malin n’arrivera pas à se rapprocher en voiture en empruntant les chemins de vignes les plus étroits… Les vignerons organisateurs connaissent par cœur les chemins de leur pays ?), peuvent aller déguster dans tout le village, et goûter aux bons produits de la région : œufs en meurette, gougères, bœuf bourguignon, escargots, pain d’épices… Une jolie plongée en Bourgogne en un weekend.

La Confrérie des Chevaliers du Tastevin et la naissance de la Saint-Vincent Tournante

Les villages à l’honneur depuis 1938 

1   1938 Chambolle-Musigny

2e 1939 Vosne-Romanée

3e 1947 Gevrey-Chambertin

4e 1948 Nuits-Saint-Georges

5e 1949 Meursault

6e 1950 Marsannay-la-Côte

7e 1951 Savigny-les-Beaune

8e 1952 Morey-Saint-Denis

9e 1953 Pommard

10e 1954 Chambolle-Musigny

11e 1955 Beaune

12e 1956 Flagey-Echezeaux, Gilly-les-Cîteaux et Vougeot

13e 1957 VoInay

14e 1958 Fixin et Brochon

15e 1959 Aloxe-Corton et Pernand-Vergelesses

16e 1960 Gevrey-Chambertin

17e 1961 Puligny-Montrachet

18e 1962 Mercurey

19e 1963 Santenay

20e 1964 Saint-Romain

21e 1965 Chorey-les-Beaune

22e 1966 Auxey-Duresses

23e 1967 Nuits-Saint-Georges

24e 1968 Monthélie

25e 1969 Vosne-Romanée

26e 1970 Chassagne-Montrachet

27e 1971 Rully

28e 1972 Meursault

29e 1973 Morey-Saint-Denis

30e 1974 Beaune

31e 1975 Marsannay-la-Côte

32e 1976 Chablis

33e 1977 Hautes Côtes de Nuits

34e 1978 Savigny-les-Beaune

35e 1979 Chambolle-Musigny

36e 1980 Gevrey-Chambertin

37e 1981 Pommard

38e 1982 Couchey

39e 1983 Gilly-les-Cîteaux et Vougeot

40e 1984 Ladoix-Serrigny

41e 1985 Mercurey

42e 1986 Volnay

43e 1987 Nuits-Saint-Georges

44e 1988 Aloxe-Corton et Pernand-Vergelesses

45e 1989 Santenay

46e 1990 Hautes Côtes de Beaune

47e 1991 Puligny-Montrachet

48e 1992 Vosne-Romanée

49e 1993 Marsannay-la-Côte

50e 1994 Fixin

51e 1995 Chorey-les-Beaune

52e 1996 Auxey-Duresses

53e 1997 Les Maranges

54e 1998 Rully

55e 1999 Chablis

56e 2000 Gevrey-Chambertin

57e 2001 Meursault

58e 2002 Montagny

59e 2003 La Saint-Vincent Tournante de Bourgogne

60e 2004 Monthelie

61e 2005 Beaune

62e 2006 Hautes Côtes de Nuits

63e 2007 Nuits-Saint-Georges

64e 2008 Saint-Romain

65e 2009 Saint-Vincent Tournante des Mâcon

66e 2010 Chassagne-Montrachet

67e 2011 Saint-Vincent Tournante des Cotes de Nuits Villages à Corgoloin

68e 2012 Les Climats de Bourgogne à Dijon, Nuits-Saint-Georges et Beaune

69e 2013 Les Crémants de Bourgogne à Châtillon sur Seine

70e 2014 Saint Aubin

71e 2015 Gilly-Lès-Cîteaux et Vougeot 

72e 2016 Irancy 

73e 2017 Mercurey

74e 2018 Saint-Véran

75e 2019 Vézelay

76e 2020 Gevrey-Chambertin

77e 2021 Château du Clos de Vougeot en raison du covid

78e 2022 Puligny-Montrachet, Blagny & Corpeau

79e 2023 Couchey

80e 2024 Chambolle-Musigny et Morey-Saint-Denis

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