Vendanges Médoc: « de la tension et de l’aérien »

Les vendanges prennent fin dans le Médoc dans une climatologie à la fois fraîche et ensoleillée. Lucas Leclercq, directeur général des châteaux Fourcas-Dupré et d’Agassac, délivre un bilan enthousiaste de ce caniculaire millésime 2022.

On arrive au clap de fin des vendanges des raisins rouges dans le Médoc, comment s’est déroulée cette récolte ?

Plutôt étalée pour nous car au 3 octobre nous avions encore quelques cabernets « dehors ». Finalement la récolte a duré 1 mois entre les blancs et les rouges ! Avec l’excellente qualité sanitaire des grappes les vendanges étaient tranquilles, paisibles. L’écueil de cette année était de trop attendre, surtout les merlots.  La première partie des vendanges, du 19 au 23 septembre, sous un temps chaud, nous a orienté sur une récolte en matinée. Depuis le 26 septembre nous avons des matinées à 11°C et des après-midis à 24°C, une situation parfaite pour le tri et l’encuvage en préservant les arômes. Nous notons sur les derniers cabernets sur grappe que la vigne s’est très bien adaptée à l’été chaud et sec : pas de défoliation due à la sècheresse, des pellicules épaisses qui ont un effet protecteur sur la pulpe et les pépins. Le seul bémol est la quantité qui résulte aussi d’une adaptation de la vigne à la sècheresse. Pour résumer, les vendanges ont été faciles, non stressante, étalée.

Un bémol sur la quantité et concernant la qualité, comment décrivez-vous ce millésime 2022 ?

Les équilibres sont parfaits. On constate de belles concentrations. Pour l’alcool, on a aussi bien des 12,7 %vol que des 15%vol, c’est trop tôt pour conclure mais nous n’aurons pas les alcools de 2003 ou de 2009. Les acidités sont beaucoup plus hautes qu’attendues, je suppose que c’est le volume faible des baies qui a aussi concentré naturellement les acides. Les tanins sont en quantité, solaires, mûrs mais ils sont doux et les premières cuves restent aériennes avec une densité tanique importante. L’équilibre est parfait, entre le dense et l’aérien, le fruit noir est précisément très noir et le fruit rouge est très frais. Sur ce millésime, nous sommes pris à contre-pied sur les dégustations des baies, des jus et des vins : nous nous attendions à des superlatifs autour de la concentration et la maturité mais finalement les premiers jus nous dévoilent de la tension et de l’aérien.

Un mot sur la conjoncture des vins de Bordeaux, quel est votre regard ?

La conjoncture actuelle n’est pas idéale. Nos bouteilles de 2018, 2019 et 2020 sont incroyables, les acheteurs nationaux et internationaux le savent, ils les goutent en concurrence avec les autres appellations de France et d’Europe. Il n’y a pas de problème « Bordeaux », la marque est toujours là, la désirabilité s’améliore, l’âme vigneronne revient – elle n’est jamais vraiment partie – et le rapport qualité prix est imbattable.  La conjoncture n’est pas bonne car elle force les opérateurs comme la Place de Bordeaux et la GD soit à procéder à des baisses de prix d’achat en dessous des prix de revient ou à privilégier les marques à fortes marges.  En ce moment il faut être résilient, travailler main dans la main avec les négociants, reconquérir les clients. Mon souhait le plus cher  est que les jeunes consommateurs trouvent les bordeaux « gavés bien »…

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