Fierté nationale, ce vin muté portugais connaît un engouement planétaire pour son profil généreux, invitation à la méditation. Et ce, depuis le 18ème siècle, période au cours de laquelle un marchand anglais s’est aperçu que le vin qu’il expédiait dans son pays ne supportait pas le trajet maritime. Il songe donc à le fortifier par la technique du mutage et rencontre un succès immédiat renforcé par un recul des vins français en raison des taxes imposées par Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des Finances de Louis XIV. Partons à la redécouverte de ce breuvage mythique.
Face au triomphe de ce vin muté, les Portugais ont rapidement favorisé la quantité au détriment de la qualité. Voici pourquoi un cahier des charges a été instauré dès 1756. Aujourd’hui, cette appellation déploie ses vignes sur 40 000 hectares dans la région du Haut-Douro, à une centaine de kilomètres de la ville éponyme. Celles-ci dominent les coteaux de schistes, ces terrasses qui se jettent dans le fleuve, et puisent les nutriments nécessaires à leur épanouissement dans les sous-sols de granit relativement pauvres en matières organiques au sein d’un climat méditerranéen aux influences continentales. Ainsi, s’il fait très sec en été – saison marquée par de fortes amplitudes thermiques diurnes -, les hivers sont froids et rigoureux. S’ajoutent à cela des averses et des gelées printanières qui, parfois, perturbent la floraison et la récolte. Sans surprise, abrités des rayons directs du soleil, les sites septentrionaux ont la préférence des viticulteurs pour qui dompter les terrains est un défi physique onéreux.
Le vignoble de Porto est divisé en trois zones viticoles :
Porto et Vila Nova de Gaia, deux villes qui se regardent de part et d’autre du fleuve, se partagent l’activité vitivinicole.
Au total, une trentaine de variétés autochtones sont plantées et offrent des baies à la pellicule épaisse et aux rendements faibles. Parmi ces cépages, nous retrouvons ceux-ci : touriga nacional, touriga franca, tinta roriz, tinta cão, tinta barroca, tinta amarela.
Si, comme nous le disions, l’appellation officielle n’est apparue qu’au 17ème siècle, le vin local est produit depuis l’Antiquité déjà.
Créer des portos est un travail de longue haleine, né sur des parcelles escarpées qu’il a fallu dompter à coups de pioche. Le travail est essentiellement manuel… et donc pénible. Cela étant dit, de nouveaux types de terrasses (les patamares) ont été conçues pour faire place à des tracteurs.
Arrivées dans la quinta, les baies sont traditionnellement foulées au pied par une équipe d’ouvriers dans de grands cuviers en granit peu profonds appelés lagares. Les plus grandes maisons emploient ces mêmes contenants pour la fermentation au cours de laquelle a lieu le mutage, une opération assez courte (entre 24 et 36 heures) qui consiste à ajouter au moût encore sucré (et dont la proportion d’alcool a atteint les 5 à 9%) de l’aguardente, une eau-de-vie qui titre à 77% d’alcool maximum et représente 15 à 20% de l’ensemble du breuvage. Couper court à la fermentation arrondit le vin, lui offre un bon potentiel de garde ainsi qu’une richesse gustative, aromatique et fruitée. Différents soutirages sont ensuite effectués pendant l’hiver. Enfin, le printemps venu, le porto quitte la quinta pour rejoindre les caves d’un négoce où il est élevé. Cette période de maturation s’effectue dans des contenants en chêne de taille variée ou en cuves inox.
Si la plupart des portos sont rouges, il existe également des blancs et, depuis peu, des rosés. Dans chaque catégorie, différents types de portos existent. Décryptage.
Portos rouges
Portos blancs
Fruit d’une longue période de macération et d’un vieillissement plutôt oxydatif, le porto blanc se répartit entre :
La générosité des portos leur permet d’être mariés à des mets de caractère. Voici quelques suggestions :