Début 2024, Pauline Versace a lancé son agence de voyage La Vie Bonne, proposant des séjours et activités liant de façon originale arts et vin, pour l’heure principalement en région bordelaise et à Cognac. Découverte.
Que ce soit à travers ma formation universitaire, un Master I en tourisme et un Master 2 en vins et spiritueux, ou par mes différentes expériences professionnelles au Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux dans les relations presse internationales, au Figaro Vin, pour l’antenne du ministère du Tourisme Atout France porteuse du label « Vignobles et Découvertes », ou plus récemment durant mes sept ans à la Cité du Vin de Bordeaux, les fils rouges de mon parcours ont toujours été le vin et le tourisme. J’aime ces deux univers, aller de l’un à l’autre, et mieux encore, les fusionner, comme je l’ai fait depuis que je travaille. Pour continuer à explorer cette voie du tourisme œnoculturel, j’ai décidé il y a un an de lancer ma propre agence de voyage, La Vie Bonne, qui propose des séjours et événements culturels principalement dans le vignoble, les châteaux bordelais ou les maisons de Cognac, ou ailleurs mais présentant toujours un lien avec le vin. La représentation du vin dans les arts existe depuis l’Antiquité. Bordeaux étant surtout une ville de commerce, le vin y est plutôt présent sous cet aspect-là, à l’inverse d’autres pays comme la Grèce ou l’Italie, où le lien entre art et vin est très fort. Selon moi, cet assemblage représente de façon très intéressante les vins de Bordeaux, qui gagnent à se recentrer sur leur identité, riche de 2000 ans d’histoire et de patrimoine. C’est un marché de niche, mais qui participe à ce que je conçois comme le tourisme du XXIe siècle, plus qualitatif, moins de masse. Tous mes séjours ont d’ailleurs lieu hors saison touristique.
J’aime lier les vins aux arts pluriels. Les châteaux sont des lieux porteurs d’une histoire et d’une identité très fortes. Ce qui m’inspire, c’est d’explorer tout l’imaginaire autour du vin, et de l’associer à une forme de création artistique, que ce soit l’écriture, la philosophie, le dessin, la peinture ou un autre art, par exemple à travers des expositions ou des retraites d’écriture avec les auteurs dans les châteaux. Je propose déjà des séjours d’écriture avec Lilia Hassaine au château Lafaurie-Peyraguey, avec Jérôme Fansten au château Chasse-Spleen, ou encore avec Margaux Cassan au château Haut-Bailly, et bientôt avec d’autres domaines en 2025. J’ai opté pour le format retraite de trois ou quatre jours, en immersion, lors de laquelle les participants sont logés au château avec un auteur et écrivent réellement, car j’aime l’idée de faire, de créer soi-même. En général, deux sessions d’écriture de 2h sont organisées par jour, une le matin et une l’après-midi. Elles sont saupoudrées d’activités comme du vélo, du yoga, de la marche, le tout ponctué de repas au domaine, dégustations, rencontres avec les propriétaires qui expliquent l’histoire de la propriété. Je choisis des châteaux qui ont la profondeur qui justifie qu’on y reste trois jours et ont déjà cette fibre d’accueil, avec par exemple des chambres.
Je propose aussi des voyages philosophiques. Cette année, j’ai choisi le thème de l’océan, Bordeaux étant vraiment une terre océane. Ils se déroulent pendant quatre jours sur le Bassin d’Arcachon, soit côté Arcachon, soit côté Cap-Ferret. Les participants séjournent avec un philosophe ou un écrivain, avec qui ils explorent la thématique de l’océan, pourquoi il nous fascine, pourquoi il nous fait peur… En complément, chaque matin et chaque après-midi, des sessions de réflexion guidée sont programmées, auxquelles j’aime aussi bien ajouter une session de créativité. En 2024, je collabore avec Christiane Rancé, qui a écrit Le Grand Large, un très beau livre introspectif, et pratique également la photo, avec un atelier photo ponctuant d’ailleurs l’expérience. Le prochain séjour philosophique de 2024 aura lieu du 10 au 13 octobre avec le philosophe Roberto Casati, qui a écrit La philosophie de l’océan, et a pour deuxième passion le dessin. Le séjour sera là aussi ponctué de sessions de dessin pour représenter l’océan. Chacun de ces séjours intègre une dégustation de grands vins de Bordeaux.
J’interviens aussi comme conseil auprès des châteaux et maisons qui souhaitent se différencier grâce à une offre culturelle, pour imaginer des formats courts, comme un atelier de dégustation art et vin, ou une offre plus conséquente, comme un évènement culturel au château, un séjour avec un auteur, une collaboration artistique, voire une offre exclusive autour d’une collection d’œuvres d’art.
Enfin, La Vie Bonne organise des évènements pour les Bordelais autour du vin. Outre le réseau professionnel des Women in Wine Tourism dont j’ai repris l’animation en 2021, qui réunit les femmes qui travaillant dans l’œnotourisme à Bordeaux, je prépare pour 2025 le lancement de nouveaux rendez-vous « Bordeaux Wine ». Ils s’adressent à tous les Bordelais qui aimeraient visiter les châteaux hors des traditionnelles visites touristiques, hors-saison, en rencontrant ceux qui font le vin.
Tout l’été, j’organise des ateliers dégustation, comme par exemple l’atelier « l’art et le vin » en partenariat avec la galerie Art’Gentiers à Bordeaux et la maison Pétrusse, qui crée de belles étoles. La galerie expose simultanément tout l’été les œuvres de Rodolphe Martinez et Duda Moraes, une artiste brésilienne qui fait des peintures très colorées. Parallèlement, leurs œuvres sont aussi représentées sur une collection d’étoles confectionnées par la maison Pétrusse. Dans ce cadre idyllique de galerie, nous organisons des ateliers art et vin, avec une dégustation de quatre vins du château de Cérons (Graves), qui produit des rouges, blancs secs, liquoreux et du vin orange, avec toute une partie historique sur le lien entre art et vin, une dégustation, et des essais d’associations de chaque vin à une ou deux œuvres d’art. C’est très amusant et sensoriel.
Pour l’instant, mes activités et séjours se déroulent principalement sur la région bordelaise et autour de Cognac, qui jouit également d’une histoire très forte et ancienne, avec un patrimoine remarquable. J’ai actuellement de belles pistes de développement en Provence, région de loin la plus avancée sur la thématique du vin et de l’art, ainsi qu’en Champagne, également très intéressante de ce point de vue. Je compte développer La Vie Bonne dans des proportions raisonnables, car j’ai à cœur de rester à la tête d’une petite entreprise, à taille humaine, pour favoriser la qualité et le respect des valeurs sur lesquelles j’ai bâti la société. J’ai d’ailleurs choisi dès le départ la forme de la société à mission, impliquant des objectifs et engagements très forts en matières environnementale et sociétale, inscrits dans les statuts. C’est une façon de voir le business différemment, et d’avoir une vision de l’entreprise avec un impact sur la société, qu’il s’agisse par exemple de soutenir, notamment financièrement, des associations de protection de l’environnement ou favorisant la viticulture durable, ou encore de s’impliquer dans la démarche Bordeaux Mécènes Solidaires.
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