Le Wineglobe, ce contenant en verre, en forme de bonbonne de grande capacité (220 l le plus souvent) suscite un intérêt croissant de la part des vinificateurs. S’il est esthétique, il répond aussi souvent à une volonté très tendance de préserver ce qu’il y a de plus authentique et de pur dans le raisin, en limitant des apports comme le souffre et le bois principalement. Quels avantages et quels inconvénients présentent-ils ? Les tonneliers ont-ils du souci à se faire ?
C’est tout d’abord la neutralité du matériau qui est mis en avant. Contrairement aux barriques qui ajoutent des saveurs de chêne, le verre est un matériau inerte qui n’interfère pas avec les arômes et les saveurs du vin. C’est l’outil idéal pour ceux qui souhaitent préserver une expression pure du terroir et des cépages. Frédéric Nivelle du château Climens vante les mérites du Wineglobe pour ses blancs secs haut de gamme 100 % sémillon (cuvée Lilum). « On est parti d’une volonté de se passer de la barrique. Les cuves béton époxy de Climens donnent certes de bons résultats, mais sont de trop grosse capacité » pour faire un travail d’assemblage de précision. « Les essais avec de l’inox sont moins intéressants que la cuve béton et ceux avec les amphores en terre cuite ont donné des résultats qui sortaient moins bien en dégustation à l’aveugle ».
Au moment où les barriques présentent un prix parfois difficile à soutenir, c’est bien l’économie de coût et la durabilité qui sont appréciés. Le Wineglobe de verre, coûte certes plus cher à l’achat (environ 4500 €) qu’une barrique (entre 800 et 1000 €), pour une contenance similaire, mais sa durée de vie est beaucoup plus longue car il ne s’use pas, tandis que les barriques de chêne doivent être remplacées régulièrement (tous les 3 ans pour un cru classé). Marie Paetzold, qui produit le Wineglobe à Cadaujac près de Bordeaux, précise que « l’achat de Wineglobe peut bénéficier de subventions de la part de France Agrimer, à hauteur de 30 % du coût ». De plus, ils nécessitent moins de maintenance (moins de consommation d’eau par exemple) et peuvent être nettoyés et réutilisés de manière illimitée.
Certains acheteurs seront sensibles à un impact environnemental réduit. L’utilisation du Wineglobe peut être considérée comme plus écologique, car elle réduit la demande de bois de chêne, et participe donc à la conservation des forêts.
Enfin, le vinificateur appréciera un phénomène de réduction limité. Axel Marchal, professeur d’œnologie à l’ISVV de Bordeaux, indique que « le Wineglobe est un contenant étanche qui devrait générer des phénomènes de réduction : mais sa petite taille permet de les éviter ». Un atout confirmé par Frédéric Nivelle qui ajoute que « l’élevage sur lies permet de la limiter ».
La manutention peut présenter une certaine fragilité, car ne l’oublions pas, le verre est un matériau fragile qui peut se briser en cas de choc. Les manipulations nécessitent donc des soins particuliers dans la manipulation et l’entretien. Ensuite, le Wineglobe peut être jugé peu pratique car la forme sphérique peut poser des défis en termes de stockage et de manipulation par rapport aux barriques qui peuvent s’empiler. Enfin, le coût initial peut être un frein à l’investissement.
L’adoption du Wineglobe en verre peut être en partie attribuée à un effet de mode, car il offre une esthétique unique et un certain prestige. Julien Viaud, du laboratoire Rolland et associés, ironise en disant que « ça fait d’excellentes photos » mais convient qu’on peut l’utiliser dans les assemblages tout en rappelant que « l’assemblage n’est pas que l’aromatique. Le plus important, c’est la sensation qu’on a en bouche. Ces contenants ne permettent pas de donner des vins plus harmonieux. Tous les vins ne conviennent pas au Wineglobe. Pour le côté fruité, ce n’est pas forcément le levier que j’aurais utilisé ».
Et de dire que « les tonneliers se sont remis en question en proposant des chauffes plus douces et des contenants plus grands ». Une manière de limiter le boisage et de le rendre moins présent. Axel Marchal va quant à lui dans le sens d’un usage modéré, arguant « qu’il faut se méfier des mouvements de balancier. On a fait la guerre au bois, car son usage a été extrême, mais il faut savoir rester un peu mesuré ». Et d’ajouter « qu’il y a des vins qui n’ont pas besoin de bois, auquel cas le Wineglobe est adapté. Le Wineglobe donne un choix supplémentaire. Est-ce que cela doit être une généralité ? Evidemment non. Pour beaucoup de vins, l’oxygénation qui se fait à travers la barrique est une bonne chose ».
Marie Paetzold a investi dans une unité de fabrication par moulage. Elle y croit donc sur le fondement qu’il y a bien un créneau pour certains usages. Le Wineglobe en verre représentent donc à la fois un effet de mode et une tendance potentiellement durable. Son adoption est motivée, certes, par son attrait esthétique, mais très vraisemblablement aussi par des avantages techniques réels et innovants. Il y a fort à parier que dans les chais, on verra désormais des cuves Wineglobe côtoyer les barriques.
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