C’est une expérience œnotouristique complètement renouvelée et permettant un voyage à 360 degrés autour de la marque que le champagne Ruinart propose désormais sur son site historique à Reims. La maison ouvre en effet au public à partir du 5 octobre le pavillon Nicolas, conçu par l’architecte Sou Fujimoto, une bâtisse étonnante en forme de pagode, installée dans le parc redessiné par l’artiste paysagiste Christophe Gautrand.
Le chantier titanesque a soulevé de nombreux défis, car il a fallu construire sur d’anciennes crayères dont on ignorait si elles avaient été comblées. L’une d’entre elles située en dessous du pavillon a pris six mois à remblayer. Une autre a provoqué l’effondrement, un mois après sa construction, de la route détournée qui passe désormais derrière le bâtiment pour laisser devant la maison historique un grand parc dégagé de tout passage de voiture. Il a fallu aussi composer avec des pluies incessantes et la volonté de la maison, même pendant les travaux, de maintenir sur ce site qui fait à peine trois hectares, la production et l’activité hospitalière. Tout cela alors que 60 entreprises différentes et 200 personnes intervenaient sur un chantier qui occupait les 2/3 de l’espace.
Le résultat en valait cependant la peine. Le visiteur arrive par un petit sentier bordé de hautes parois où la surface des crayères a été reproduite à l’identique. « Avant, si on ne descendait pas dans les caves, on ne les voyait pas. Désormais, on est immédiatement plongé dans cet univers » explique Frédéric Dufour, le président de la maison. La hauteur des murs de ce chemin labyrinthique participe par ailleurs au suspens, le site historique est ainsi d’abord invisible et on ne le découvre qu’au dernier moment. On entre en effet ensuite dans le pavillon par derrière. Là-encore, un puits de lumière vient nous rappeler les essors des crayères, avant que les portes ne s’ouvrent, révélant d’un seul coup le spectacle éblouissant des bâtiments historiques de la maison et de son parc, à travers une gigantesque baie vitrée recouverte d’un nuage de bulles.
Si la maison a choisi l’architecte Sou Fujimoto pour dessiner ce pavillon, c’est, nous confie Frédéric Dufour, parce que nul mieux que les Japonais ne sont capables d’exprimer les deux fondements du style Ruinart que sont la simplicité et la lumière, considérées ici comme la sophistication ultime. Ce qui est surprenant, c’est que bien qu’il prenne la forme d’une pagode avec son toit courbé, l’ensemble ne jure pas avec la cour historique très angulaire et d’une rigueur géométrique. On a le sentiment même d’avoir là une nouvelle pyramide du Louvre. Il est vrai que l’emploi de pierres pour les murs crée un joli trait d’union entre le bâtiment moderne et le siège historique. À croire que Ruinart a eu le nez creux, Sou Fujimoto a depuis été sélectionné pour construire le bâtiment de l’exposition universelle d’Osaka, prévue en 2025.
Pour le reste, l’expérience œnotouristique est totalement renouvelée. L’espace boutique, créé par l’architecte d’intérieur Gwenaël Nicolas, est très original avec son carrousel de bouteilles. Le visiteur peut y rentrer et prendre lui-même la bouteille qu’il souhaite découvrir. S’il est collectionneur, il pourra descendre dans l’œnothèque. Un travail considérable a été réalisé par l’équipe œnologique pour retrouver aux quatre coins des crayères des stocks qu’elle n’avait jamais eu le temps d’aller revoir. La maison a pu reconstituer ainsi quasiment toute la collection des vieux Dom Ruinart. Certains, pour lesquels elle dispose de plusieurs centaines de flacons, sont mis à la vente. D’autres exclusivités sont prévues, comme la Réserve, ou encore des cuvées millésimées déjà sorties sur le marché par le passé, mais dont on a prolongé pour une petite partie du contingent le vieillissement sur lie en prévision d’une deuxième édition à un autre stade de maturité.
Dans les nouveautés, on n’oubliera pas le bar avec sa carte de finger food, le jardin remanié par le paysagiste Christophe Gautraud dans lequel le public peut déambuler librement pour partir à la découverte des œuvres réalisées par tous les artistes à qui la maison a donné « carte blanche » ces dernières années pour réinterpréter son univers ; la galerie des vignes, où est projeté notamment le film de Yann Arthus-Bertrand réalisé à l’occasion de la sortie de la cuvée Blanc singulier ; la salle d’exposition dans l’ancienne cuverie, qui accueillera dans un premier temps une rétrospective sur le projet de construction du pavillon…
Cet article Ruinart inaugure son pavillon conçu par Sou Fujimoto est apparu en premier sur Terre de Vins.