Les exportations d’alcools français fléchissent, incertitudes pour 2025

Les exportations de vins et spiritueux français se sont repliées de 4% en valeur en 2024, tandis que les volumes se sont stabilisés, la filière restant suspendue à d’éventuelles taxes douanières de la part de l’administration Trump.

Les ventes à l’étranger de vins, champagnes, cognacs et autres alcools français ont totalisé l’an dernier 15,6 milliards d’euros, soit une baisse de 4% en valeur et de 0,1% en volume, a indiqué mardi la Fédération des exportations de vins et spiritueux (FEVS). « Ce chiffre marque un nouveau fléchissement par rapport à 2023 mais avec une stabilisation des volumes » – au prix d’une réduction de la valeur – « dans un contexte toujours marqué par des tensions économiques et géopolitiques« , résume le bilan annuel. « On est bien toujours le troisième excédent de la balance commerciale » de la France après l’aéronautique et les cosmétiques, « mais il s’érode », a mis en avant Gabriel Picard, président de la FEVS, lors d’un point presse au salon Wine Paris.

Dans les détails, l’an dernier les ventes à l’export d’alcools français ont progressé de 5% vers les Etats-Unis, le premier marché à l’international du secteur. Mais elles se sont effondrées de 20,2% en direction de la Chine, leur troisième marché, passant sous la barre du milliard d’euros. « La dégradation de l’économie chinoise pèse sur le résultat global du secteur. Avec 2,1 milliards d’euros d’exportations (-21%), la zone Chine/Hong-Kong/Singapour représente près de 90% de la baisse enregistrée en 2024« , détaille la fédération. Elle évoque notamment « la crise immobilière et le chômage » en Chine, « en particulier des jeunes, qui impactent fortement la consommation intérieure et contribuent à la dégradation de la conjoncture économique« .

Par catégories, du côté des vins, les exportations (en valeur) se replient de 3% « dans un environnement sous tension et face aux changements de comportement de consommation« , notamment une tendance générale à la baisse des achats de vin. La situation est cependant contrastée selon les appellations, les vins de Bordeaux accusent par exemple un repli à l’export (-8,4%) tout comme ceux de la Vallée du Rhône (-5,2%) et du Beaujolais (-3,7%), tandis qu’à l’inverse les vins de Bourgogne bondissent de 9,1% et ceux du Val de Loire progressent de 5%. – La taxation du cognac, « urgence à régler » Le champagne – qui représente à lui seul 35% des exportations de vins – a particulièrement souffert et ses ventes à l’international ont plongé de 8% l’an dernier.

Du côté des spiritueux

Pour leur part, les spiritueux ont vu leurs exportations reculer de 6,5%, subissant « le recul du marché chinois, la baisse du revenu disponible des ménages et les ajustements de stocks des importateurs« . Le cognac, totalisant à lui seul 66,6% des exportations de spiritueux, enregistre une chute de 10,9%. La FEVS pointe « l’enquête anti-dumping déclenchée par la Chine en 2024 à l’encontre des eaux-de-vie de vin produites dans l’Union européenne, dont le cognac et l’armagnac ». « Ces rétorsions commerciales ont entraîné une baisse de 25% des exportations » de cognac et d’armagnac français vers la zone Chine/Hong-Kong/Singapour » alors qu’en 2023, « avant l’ouverture de l’enquête, cet ensemble concentrait à lui seul près de 30% des exportations de spiritueux français« , précise le bilan annuel. Concernant 2025, la Fédération des vins et spiritueux met en avant « la forte incertitude géopolitique, qu’il s’agisse de la Chine ou des Etats-Unis« , l’administration Trump laissant notamment planer des menaces de taxes douanières sur les produits européens. « On attend de nos gouvernants français et européens une prise de parole maîtrisée, mesurée, mais efficace et ciblée, cela n’a pas toujours été le cas« , a tenu à souligner Gabriel Picard. Il a notamment reproché à certains hommes politiques français « d’avoir été très vocaux de façon contre-productive au lieu de laisser avancer l’Europe » dans le conflit entre l’UE et la Chine sur la taxation des importations de véhicules électriques chinois, à laquelle Pékin a répliqué en imposant des droits de douane sur le cognac. « La demande est très forte de la part de la filière cognac et armagnac pour que ce problème bilatéral franco-chinois soit réglé, et que le Premier ministre François Bayrou se déplace en Chine pour le régler, c’est une urgence absolue« , a résumé M. Picard.


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