Le château de Poncié sortait sa première cuvée de beaujolais nouveau l’année dernière. Ce domaine, conduit en agriculture biologique, convaincu par l’agroforesterie, la biodynamie, et le viti-pastoralisme, a décidé de se réapproprier ce vin, et de montrer au grand public qu’il existe à part entière, loin des effets de mode ou du bashing… Eddie Lachaux, maître de chai du domaine, nous raconte son histoire.
Nous voulions dès le début conserver son côté plaisir immédiat, mais aussi en faire un vin de vigneron. Autrement dit, en sélectionnant des raisins mûrs et en utilisant les mêmes techniques de vinification des vins que les autres cuvées du domaine. Concrètement, nous trions les raisins après des vendanges manuelles, nous le passons en chambre froide pendant une nuit, pour ensuite le mettre en cuve en grappes entières en dessous de 10 degrés, afin que la fermentation commence dans les baies et conserve ainsi l’intégrité du raisin et du fruit. Et bien sûr, pas d’intrants, pour coller à notre style et notre envie de faire des vins purs. Une vinification est toujours un challenge, et en plus celle d’un primeur est soumise à un temps très court, donc on espère toujours et encore plus que tout sera fluide. Heureusement, cela a été le cas en 2024 et 2025, et honnêtement, si vraiment ça ne collait plus à ce qu’on voulait faire, nous ne sortirions pas la cuvée.
Pour nous, ce contenant se prête bien à révéler le fruit. Nous voulions une cuvée qui exprime pleinement le fruit, mais qui puisse aussi se conserver un peu et être dégustée plus tard, donc avec un peu de structure. C’est aussi un peu la porte d’entrée de nos cuvées, et donc nous le voulions notamment comme la cuvée 949 (notre Fleurie fait à partir de grappes entières et des départs de fermentation à froid et en cuve béton, neutre comme l’amphore). Nous surveillons énormément nos raisins et nos moûts, mais nous laissons beaucoup la nature opérer et essayons de limiter au maximum nos interventions.
Nous en sortons assez peu, 2 000 bouteilles. Nous ne souhaitons pas l’augmenter de manière significative, pour en garder la maîtrise, notamment au chai. Et puis parce que nous privilégions nos autres cuvées. Nous en faisons à la fois un point de départ pour découvrir notre gamme, et aussi un moment convivial à l’image du terroir sur lequel nous sommes. Nous serons présents à Lyon ce jeudi 20 au soir pour le présenter, et organisons un week-end autour de sa sortie le samedi 22 novembre, avec visites guidées, dégustation, présentation de producteurs locaux, etc.
Il a été compliqué au niveau météo, avec beaucoup d’humidité au printemps pendant la floraison, ce qui a donc généré des pertes de récoltes. Il a ensuite fallu gérer la canicule du mois d’août qui a grillé les raisins par endroit, avec des maturités précoces et irrégulières. Heureusement, ça s’est rééquilibré ensuite avec les pluies du mois de septembre, et les degrés n’ont pas monté, tandis que les acidités ont baissé. Les vinifications se sont bien passées, et de façon fluide. Les blancs fermentent encore, c’est ce que nous voulons. Pour la cuvée Eclosion, que l’on met en bouteille en juin, elle reste en œuf béton pendant 2 ou 3 mois sur lies fines, en fonction du millésime, et notre Beaujolais Villages Blanc fermente en fût de plusieurs vins pendant 7 à 8 mois.
Beaujolais Nouveau – Château de Poncié
Nous l’avons aimé pour sa pureté, son nez à la fois expressif et élégant autour de la framboise, du cassis et du graphite, son toucher de bouche croquant, aérien et soyeux qui s’étale sur une belle longueur charnue. À déguster au domaine ou chez les cavistes.

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