Voilà un petit coin de paradis comme l’Hexagone en compte beaucoup, où la nature puissante impose partout sa présence entre falaises et montagnes, lacs et cascades. Niché entre Lyon, Grenoble et Genève, au sud du Jura et à l’ouest de la Savoie, le vignoble du Bugey étend ses 470 hectares sur 3 territoires distincts, tous situés au cœur du département de l’Ain.
Outre les zones de Belley et de Montagnieu plus au sud, Cerdon occupe la partie nord. La ville de Bourg-en-Bresse n’est qu’à quelques kilomètres seulement, évoquant évidemment le bien manger et le bien boire qui sont ici une tradition jadis fièrement portée par le gastronome Jean-Anthelme Brillat-Savarin. Reconnu comme appellation depuis 2009, le Bugey offre des vins dotés d’une multitude d’expressions grâce, entre autres, à une belle diversité de cépages. Les bulles continuent d’y représenter près de 60 % de la production dont certaines jouent assurément la carte de l’originalité. C’est le cas de l’indication géographique « Bugey-Cerdon » qui désigne des vins effervescents rosés produits uniquement à base de poulsard et de gamay et selon une méthode ancestrale. Celle-ci consiste à stopper la fermentation alcoolique par le froid et à embouteiller les vins sans ajout de liqueur de tirage. La reprise de fermentation en bouteille conduit alors à consommer les sucres restants et faire naître les bulles. Éminemment festifs, ces vins misent sur un fruité généreux et invitent à une consommation décomplexée et résolument facile d’accès.
Les cuvées de Bugey Cerdon qui font la part belle au poulsard ne sont pas si nombreuses. Le Cellier Lingot-Martin en propose une version tout à fait digne d’intérêt. Avec une couleur d’un beau rose intense, le vin capte l’attention tout de suite avec des arômes de cerise au sirop, de coing à peine compoté et une légère sensation de réduction qui s’efface rapidement. La sucrosité ne prend absolument pas le dessus et s’équilibre avec beaucoup d’élégance avec une acidité présente dès l’attaque et qui étire l’ensemble. Juteux et aérien, le vin a également de la mâche.
Accord : Sur une crème brûlée au foie gras.
La sucrosité et le fruité parfois exubérant des bugey-cerdon peuvent dérouter l’amateur qui découvre un profil de vins tout à fait atypique. La famille Rondeau évite ici brillamment cet écueil avec cette cuvée très majoritairement à base de gamay avec un petit twist de poulsard (10 %). Le vin, d’une belle robe brillante d’un rose soutenu, offre un nez expressif associant quelques agrumes mûrs à de petits fruits rouges. L’attaque, assez vineuse, annonce une bouche d’une certaine densité, les tanins finement perceptibles ajoutant un intéressant relief à l’ensemble. Grand équilibre, sucrosité discrète et fins amers.
Huitième génération à travailler la vigne, la famille Renardat Fâche exploite aujourd’hui 12,5 hectares entièrement en Bugey-Cerdon. Les vignes sont ici conduites en bio et en biodynamie. L’esthétique très élégante de la bouteille est un prélude à un vin de belle facture. Derrière une couleur rose fuchsia intense, très typée, se cache un nez surprenant de coing, de pommes au four et de framboise. Quelques élans floraux viennent complexifier le tout. Le fruité est ici éclatant, accompagnant une sucrosité intégrée et une acidité un peu lavante qui rafraîchit le palais. Vin plein, gourmand et net.
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