Caisses en bois de pin sourcé exclusivement en France et étuis en laine du Pays Basque : le château Cheval Blanc, star du vignoble bordelais et mondial, réinvente le conditionnement de ses bouteilles dans une démarche écoresponsable.
Ce n’est pas une première pour le château Cheval Blanc, qui depuis plusieurs années trace une voie singulière (notamment sous le signe de l’agroforesterie) en direction d’une viticulture toujours plus durable. Le prestigieux domaine de Saint-Émilion, propriété de la famille Arnault (LVMH) et de la famille Frère, vient d’annoncer un partenariat inédit avec la caisserie bordelaise Adam et l’entreprise basque Traille pour repenser totalement le conditionnement de ses bouteilles. Cette initiative vise à proposer un packaging écoresponsable et en « circuit court », valorisant les savoir-faire régionaux tout en utilisant des matériaux durables.
Dans le détail, Cheval Blanc a demandé à la caisserie Adam (Saint-Hélène, 33) avec laquelle elle collabore depuis 2009, de concevoir une caisse d’un nouveau genre, fruit d’une réflexion de plus d’un an. Tout est d’abord parti du choix du bois. Alors que 90?% des caisses de vin de Bordeaux sont aujourd’hui fabriquées à partir de pin de Galice (la Nouvelle-Aquitaine étant pourtant le premier massif Européen cultivé en surface), Cheval Blanc et Adam ont opté pour un bois français. La société Gaspin, basée dans le Lot-et-Garonne, s’est vu confier la fabrication des panneaux de bois qui servent par la suite à la conception des caisses. Cette entreprise familiale depuis 4 générations, labellisée « bois de France », récolte le pin maritime des Landes de Gascogne dans un rayon maximum de 60 km autour de l’usine.
L’utilisation exclusive du pin maritime noueux des Landes entraîne une réduction de l’impact environnemental de la caisse : sourcing local, poids final allégé grâce à la nouvelle constitution de la caisse et réduction du gaspillage. Une analyse de cycle de vie spécifique vient concrétiser la démarche et met en valeur ces gains environnementaux. C’est en effet toute la matière qui est désormais exploitée – nœud inclus – l’aspect irrégulier du bois est préservé dans une authenticité assumée.
« Ce projet est porté par la volonté d’aligner nos convictions et nos actions », explique Pierre-Olivier Clouet, directeur général de Château Cheval Blanc. « Il s’inscrit dans une réflexion née de l’évolution de notre perception de la caisse idéale. Dix ans auparavant, nous souhaitions une caisse lisse, esthétique, sans nœud et robuste. Aujourd’hui, nos pratiques ont évolué, nous poussant à revisiter ce concept pour créer un écopackaging, en tenant compte des enjeux globaux de la filière, bien au-delà du secteur viticole. »
Mais il n’y a pas que l’extérieur de la caisse qui évolue. Le système de calage est, lui aussi, complètement repensé, avec un étui en laine de brebis basco-béarnaise, permettant de protéger chacune des bouteilles de vin. Cet étui est à son tour le fruit d’un long travail de développement, effectué en collaboration avec la société Traille. Fondée en 2019 par Muriel Morot, arrière-petite-fille de bergers, cette entreprise, tournée vers l’innovation, crée de nouvelles matières à base de laine avec l’ambition forte de réindustrialiser ce savoir-faire. Il faut savoir qu’en 2024, seuls 4?% de la laine tondue en France sont transformés sur le territoire national. Rien qu’à l’échelle du Sud-Ouest, chaque année, ce sont 1200 tonnes qui sont jetées, brûlées ou enfouies. Désormais, avec cette initiative, d’ici 2025, plus de 20 tonnes de laine seront exploitées chaque année pour le seul calage des bouteilles de Cheval Blanc.
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