Château Puygueraud : le récit de l’incendie

Le mardi 10 juin, au cœur de l’après-midi, des chais de stockage du Château Puygueraud (appellation Francs-Côtes-de-Bordeaux) partaient en fumée. Son propriétaire Nicolas Thienpont est à l’heure du bilan.

Après l’incendie, en dégageant les décombres, le bilan s’impose. Nicolas Thienpont a bien voulu revenir auprès de nous sur l’incident dont les conséquences pèseront sur l’avenir de la propriété.

L’alerte

C’est sous un soleil de plomb que Nicolas Thienpont est averti de la catastrophe qui se trame. Il se trouve du côté du Château Pavie Macquin, sur les hauteurs de Saint-Emilion, qu’il dirige. Sa secrétaire l’informe par téléphone qu’un incendie s’est déclaré au Château Puygueraud. Nicolas Thienpont fonce alors vers Saint-Cybard où se situe cette propriété familiale. Au bout d’un quart d’heure, il arrive sur les lieux et découvre des chais de stockage en flamme. Les pompiers sont déjà sur place depuis une dizaine de minutes à tenter de contenir le feu. L’alerte avait été donnée par un tractoriste qui travaillait dans une pièce de vigne jouxtant le château. « Mon salarié voit une fumée s’échapper, il trouve curieux que l’on fasse un feu quelque part par ce temps, très vite il constate que ça provient du toit, il appelle les pompiers et, en attendant, il tente d’attaquer le feu avec des extincteurs », raconte Nicolas Thienpont.

Barrer le feu

« Dans le malheur on peut se réjouir que l’incendie ne se soit pas déclaré la veille, un jour férié où aucune présence humaine n’était à la propriété », ajoute-t-il. L’incendie ne touche pas le château mais concerne les bâtiments de stockage et d’habillage, un datant de 1900, un autre de 2000 et enfin un dernier chai monté en 2009. Celui-ci est un bâtiment métallique recouvert de bois. Dès leur arrivée, les pompiers tentent de barrer le feu avec la contrainte de ne pouvoir arroser les toits couverts de panneaux solaires. « Même en coupant la production d’électricité, les panneaux continuent de produire par l’action du soleil donc les pompiers font tomber les parois et arrosent par le bas », souligne Nicolas Thienpont. In extremis, 120 000 bouteilles du Château Puygueraud et du matériel agricole ont été sauvés par les sapeurs-pompiers…

Le bilan

chateau puyguéraud chai de stockage incendie — ©Nicolas Thienpont

« J’avais tout mes stocks de ma propriété Les Charmes Godard, le blanc, notamment le 2024 qui était très apprécié par les critiques, il y avait aussi les primeurs d’Alcée 2023 en Castillon-Côtes-de-Bordeaux et La Prade en Côtes de Francs, des box empilés sur cinq étages de bouteilles en tiré-bouché de Les Charmes-Godard rouge, du millésime 2016 au millésime 2023 », déplore Nicolas Thienpont.

Finalement, la perte est de quelque 240 000 bouteilles dont des flacons de riesling et de Saint-Emilion, de nouveaux petits lots– un millier de bouteilles – que Nicolas Thienpont et son fils Cyril s’apprêtaient à mettre sur le marché. La famille attend désormais le retour des assurances – les experts sont à l’œuvre – pour chiffrer le sinistre.

« Ni le château ni les cuviers n’ont été touché, c’est une chance mais la partie excentrée qui a été impactée représente un préjudice très important qui touche à la survie de l’entreprise… », s’inquiète Nicolas Thienpont. Quoiqu’il arrive, une partie de la mémoire des domaines est partie en fumée. Pour l’origine de l’incendie, les hypothèses se concentrent sur un défaut d’arc électrique relié aux panneaux photovoltaïques. Cet après-midi-là, il faisait 35 degrés à l’ombre.