Chénas : sur la pente ascendante

Certes plus petit des crus du Beaujolais en surface, avec 210 hectares en production, Chénas compte pourtant parmi les valeurs sûres. La visite du letton, Raimonds Tomson, meilleur sommelier du monde 2023 le prouve !

Un sommelier conquis

Si Raimonds Tomsons insiste sur le fait que tout reste une question de goût personnel, il avoue que les vins du Beaujolais ont toujours été parmi ses favoris. La preuve : sa venue à Chénas en ce printemps 2025 est sa troisième fois. « J’aime la diversité des vins de Chénas, dont l’expression varie, de frais, légers jusqu’à beaucoup de concentration. Mais tous conservent de la fraîcheur, des notes florales ou du fruit croquant. On sent également l’essor des vinifications naturelles, qui contribuent au rayonnement du Beaujolais. L’appellation Chénas permet de produire des vins pour toutes les occasions, y compris gastronomiques, et cet alignement avec les goûts des consommateurs s’annonce prometteur ».

Plus petit cru, mais costaud

Avec ses 210 hectares, et frontalier du célèbre Moulin-à-Vent sur son flanc nord, Chénas est réputé auprès des vignerons pour ses pentes à apprivoiser et son exposition majoritairement au nord apportant une fraîcheur de plus en plus bienvenue au fil des millésimes.

En forme de chien qui court ou allongé, c’est selon, Chénas en a sous la patte : 61 lieux-dits identifiés, 28 revendiqués. Schématiquement divisé en deux parties, au nord et au sud de « la Mauvaise », la rivière coulant au milieu, le cru permet une production de gamay bien diversifié. Sur la rive droite, les reliefs se font plus accentués sur des sols granitiques, avec des vins au profil intense, aux notes d’épices et de fruits noirs et une structure tannique souvent plus prononcé que sur la rive gauche, où le granit et la pente se fondent petit à petit avec des plaines alluvionnaires, donnant naissance à des vins plus souples, fins et aux notes florales davantage présentes.

Un écosystème dynamique

Comme l’explique Raimonds Tomsons, pour devenir meilleur sommelier du monde, « il faut être patient, passionné, persévérant, avoir un plan, s’y tenir et être bien entouré ». Pour une appellation, c’est pareil. Alain Bataillard, co-président du cru avec Guillaume Bouchacourt, ajoute : « Face aux défis, nous avons toujours su rebondir avec des idées d’actions et d’événements originaux. C’est cette énergie qui fait notre force et qui nous permet d’avancer. » Il a également pu accueillir de nouveaux arrivants, à la recherche de plus d’accessibilité, dont 52% se sont d’ailleurs installés en bio. Thibault Liger-Belair, vigneron en Bourgogne, a fondé le domaine des Jeunes Pousses, à cheval sur Chénas et l’appellation Beaujolais-Villages, permettant d’accueillir de nouveaux vignerons en leur louant des hectares de vignes et la structure de vinification pendant trois ans.

Cette philosophie d’accueil et de liberté préside à toutes les exploitations, indépendantes comme coopératives. Didier Rajot, le directeur de la cave coopérative de Chénas (une des plus anciennes du Beaujolais et parmi les 5 que compte l’AOP) insiste sur l’envie de « leur offrir un cadre structurant, tout en leur laissant la liberté de vinifier à leur manière. Faciliter l’installation des jeunes vignerons est un enjeu essentiel pour l’avenir de l’appellation ». Ce que confirme André Sarton du Jonchay, vigneron expatrié du sud-ouest : “Je suis coopérateur à part entière à la Cave de Chénas et je récupère 50 % de ma récolte en rétrocession pour développer mon réseau commercial en bouteilles. Grâce à la cave, je peux vinifier mes propres vins en collaboration avec Didier dans des conditions optimales et je garde ma liberté tout en bénéficiant d’un appui technique et d’un superbe outil de travail ».

Alors Chénas est certes petit, mais aussi dynamique et jeune !


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