De la vigne à Notre-Dame de Paris : l’aventure des Anouil, néo-vignerons

C’est une histoire qui mêle passion, foi et un brin de hasard. Régis et Aude-Reine Anouil, un couple de néo-vignerons installé en Côte Roannaise, ont vu leur cuvée Grange choisie pour accompagner les messes de la réouverture de Notre-Dame de Paris. Dès le 8 décembre, leur vin naturel sera servi pendant huit jours de célébrations.

Un vin naturel

« Mon mari a une intuition. Lorsqu’il apprend que Notre-Dame de Paris rouvrira en décembre après presque cinq ans de travaux, il écrit à Monseigneur Ulrich, l’archevêque de Paris. Et voilà, tout se met en place très simplement », raconte Aude-Reine. Mais ce n’est pas la première fois que leurs cuvées trouvent une place de choix. En octobre 2023, leur vin rouge « Laudato Si’ » avait été servi au pape François lors de sa visite à Marseille. Cette fois-ci, la cuvée « Grange » de leur domaine de la Bénisson-Dieu, un blanc naturel, assemblage du millésime 2022 et 2023 de chardonnay, grenache blanc et clairette, classé en Vin de France (16 €). « Un vin avec une attaque de bouche assez fraîche. »

La Côte Roannaise, un petit vignoble niché dans le département de la Loire, au sud de Roanne, en région Auvergne-Rhône-Alpes, reste souvent méconnue. Ce vignoble s’étend sur les contreforts des monts de la Madeleine, à une altitude comprise entre 400 et 500 mètres. Aude-Reine Anouil et son mari Régis y adoptent une approche simple et respectueuse : « produire un vin qui honore la nature et célèbre la vie. En prenant soin des sols, en plantant des arbres, notamment des fruitiers autour des vignes, en complétant par de la phytothérapie, et en bannissant les traitements chimiques. Notre souhait est d’y faire, bientôt, paître poules et moutons à certaines périodes de l’année. Nous souhaitons que chaque bouteille soit un hommage à notre terroir et à notre philosophie. Au chai, le maître mot est d’intervenir a minima et sans intrants. » 

Un blanc pour une messe ?

Si vous pensez que le vin rouge est incontournable pour une messe, détrompez-vous ! Le vin blanc est souvent préféré pour des raisons pratiques : il ne tache pas les linges d’autel et se conserve mieux une fois la bouteille entamée, surtout quand il est moelleux, ce qui est à l’origine plutôt préféré par les paroisses catholiques. Dès le 8 décembre, et pendant l’Octave, trois messes quotidiennes seront célébrées à Notre Dame de Paris, mais grâce à la pratique de l’intinction (procédé durant lequel l’hostie est trempée dans le vin), douze bouteilles du domaine suffiront pour couvrir tout l’événement. Catholiques de longue date, les Anouil voient dans cet acte une façon de contribuer à une cause plus grande qu’eux. « L’incendie de Notre-Dame, le 15 avril 2019, nous avait bouleversés. Les bouteilles que nous offrons, sont notre pierre apportée à l’édifice. Le vin est un vecteur de communion et de partage. »

Un changement de vie audacieux

Régis et Aude-Reine n’ont pas toujours été vignerons. Avant de gérer un vignoble, Régis est rédacteur en chef d’Églises d’Asie, l’agence d’information des Missions étrangères de Paris, tandis qu’Aude-Reine travaille comme juriste canonique puis chancelier du diocèse de Nanterre. « Jamais je n’ai imaginé devenir vigneronne. Pourtant, à 50 ans, ce rêve prend forme. Avec mon mari, nous quittons notre zone de confort pour nous consacrer à la terre. Nous avons choisi le vin, fruit de la vigne et du travail des hommes et plus particulièrement la voie du vin nature, en accord avec notre désir de vivre en harmonie avec cette nature. À l’origine, nous envisagions de rejoindre une communauté religieuse pour produire du vin de façon collective. Mais nous avons vite réalisé qu’il aurait été dommage de ne pas maîtriser entièrement la création d’un vin issu d’un travail viticole si minutieux, si les fruits partaient ensuite en coopérative. »

Face à ce constat, le couple se tourne alors vers une autre solution. « La rareté des monastères viticoles en France nous a poussé à explorer une autre voie. Nous nous sommes alors souvenus d’un éco-hameau chrétien de La Bénisson-Dieu dans la Loire, un lieu où plusieurs familles vivent de façon écologique et fraternelle. C’est là que nous découvrons le vignoble de la Côte Roannaise, à 20 kilomètres du hameau, ainsi qu’un petit domaine de 2,6 hectares, déjà mené en bio et planté en gamay et en chardonnay. Portés par les circonstances, nous nous y installons. »

Régis et Aude-Reine Anouil ©Domaine de la Bénisson-Dieu

Un travail acharné

Depuis leurs premières vendanges en 2019, Régis et Aude-Reine Anouil ont surmonté de nombreuses épreuves tout en recherchant un équilibre économique. « Notre production a doublé depuis nos débuts, passant de 4 000 à 8 000 bouteilles. Ces résultats sont le fruit d’un travail acharné. 2021 a notamment été une année particulièrement difficile à cause de conditions climatiques extrêmes. Les pluies incessantes de juin et juillet ont malheureusement compromis l’intégralité de notre récolte. »

Leur histoire, profondément ancrée dans des valeurs humaines et spirituelles, résonne avec celles des millions de visiteurs qui redécouvriront Notre-Dame ce 8 décembre à Paris.

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