Juliénas constitue la porte d’entrée dans le monde des crus du Beaujolais. Situé tout au nord, à cheval sur 4 villages différents dont l’un situé en Saône-et-Loire, il voisine Chénas au sud et Saint-Amour à l’est. Pourtant, il ne leur ressemble guère, pas plus qu’aux autres Crus.
Dans cette partie des monts du Beaujolais, le terroir n’est pas marqué majoritairement par le granite, bien au contraire. Ce dernier est ici largement minoritaire avec seulement 3 % du sous-sol, la plus faible proportion parmi tous les crus. Il s’efface notamment derrière les célèbres pierres bleues (diorites). Ces roches dures à cristaux signent l’originalité de Juliénas tout comme la mosaïque incroyable de terroirs qui les complètent. Schistes, silice, grès, piémonts, colluvions composent un terrain de jeu incroyable pour le gamay noir à jus blanc, cépage majoritaire. Car si les vins rouges seuls ont droit de cité, les vignes peuvent être complantées avec des cépages blancs. Chardonnay, melon de Bourgogne et aligoté peuvent représenter jusqu’à 15 % de l’encépagement et doivent être vinifiés avec le gamay. Autre particularité, l’altitude importante varie de 225 mètres à près de 450 mètres avec des coteaux aux pentes parfois marquées. Avec un climat océanique à influence continentale, les raisins s’épanouissent ici parfaitement, bénéficiant notamment d’une luminosité remarquable. Les vins produits offrent un caractère fruité, floral, épicé et séveux pouvant être marqué par des tanins structurants. Très singulière, cette appellation reconnue en 1938 est considérée comme le berceau de la viticulture en Beaujolais, son nom dériverait même du passage de Jules César lors de son passage au Ier siècle avant Jésus-Christ.
Arnaud Briday perpétue de belle manière l’œuvre de son père et de son grand-père, qui avait créé le domaine en 1956. Travaillant de manière traditionnelle, notamment en réalisant des fermentations semi-carboniques en grappes entières, il nous propose ici une cuvée aux très jolies notes de fruits rouges. En bouche, les fruits noirs (cassis frais) s’imposent davantage et guident une matière structurée mais qui conserve une vraie souplesse. Vin plein, d’une gourmandise riche mais sans lourdeur, doté de tanins sphériques. L’ensemble est harmonieux et équilibré et s’étire en finale sur des fruits noirs bien définis.
Dans ce nouveau domaine, on sait faire du vin. En l’occurrence du côté de Givry et plus particulièrement au domaine du Cellier aux Moines. Philippe Pascal et Guillaume Marko en sont les cogérants. Avec cette toute nouvelle aventure beaujolaise, ils démontrent tout leur amour et leur respect du gamay à qui ils permettent de s’exprimer de très belle manière. Le nez s’avère profond, oscillant entre fruits noirs frais et notes racinaires. Fluide et aromatique dès l’attaque, le vin nous raconte une histoire colorée où les fleurs se mêlent aux fruits rouges pour accompagner une matière soyeuse et présente à l’allonge finale très appréciable.
Le talent n’attend pas le nombre des années. Benjamin Passot a créé son domaine en 2017 seulement. Originaire de Bourgogne, il a été marqué par ses expériences passées dans ce vignoble. Les raisins de ses vieilles vignes de 80 ans en conversion biologique sont égrappés entièrement, fermentés avec des levures indigènes puis élevés dix mois en fûts. On reconnaît bien l’ADN bourguignon dans cette cuvée d’une élégance tout aérienne. Des notes de cerises cuites sont un prélude à une matière juteuse, d’une finesse admirable portée par une fine acidité discrète. Un vin digeste et dynamique, parfaitement réjouissant.
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