La renaissance bio d’Arton

Après deux années de catastrophe climatique, la famille de Montal, en Haut-Armagnac, a fait ses premières vendanges en bio. Elle poursuit son projet ambitieux pour Arton après avoir offert de nouveaux habillages à sa gamme de vins et d’armagnacs, et développé un œnotourisme haut de gamme à la propriété.

Arton vient de ranger les sécateurs après ses premières vendanges en bio. Une satisfaction et un soulagement après deux années maudites. Jamais la propriété n’a même connu un tel rendement depuis 35 ans. La sécheresse en 2022 et une tornade le 20 juin 2023 qui a déraciné une quinzaine de chênes centenaires et une soixantaine d’arbres, fait tomber tous les poteaux électriques et une partie des vignes.

« Dans le bois voisin, il n’y avait plus qu’un enchevêtrement d’arbres, raconte Fabrice Saramon, l’œnologue et maître de chai. On avait déjà eu un orage de grêle qui avait haché les feuilles des vignes et quand les maladies sont arrivées début juillet. On a compris qu’on avait quasiment tout perdu, sans compter la canicule de fin août qui a brûlé ce qui restait. » Une année noire que le domaine essaie d’oublier, même si Fabrice Saramon reconnait que les orages de grêle et les épisodes de gel se font plus fréquents depuis quelques années.

Fabrice Saramon ©F. Hermine

Agroforesterie et permaculture en chantier

Arton poursuit néanmoins le projet entrepris en agroforesterie et permaculture. Une initiative de la nouvelle génération quand elle a repris le domaine avec Fabrice Saramon, qui dernier travaillait déjà au domaine depuis deux décennies. Jean de Montal, ingénieur en sciences de l’environnement avec un parcours dans la finance et le management, et sa femme Lili, d’origine chinoise, styliste dans la mode internationale, sont revenus de Singapour où ils étaient installés depuis sept ans pour prendre la suite de Patrick et Victoire de Montal qui avaient créé le domaine il y a 40 ans.  

Covid et télétravail aidant, ils s’installent définitivement à Lectoure avec leurs trois enfants pour offrir à ce domaine du Haut-Armagnac un nouvel imaginaire, une ambition œnotouristique et un projet de développement durable. « Nous nous sommes demandés que faire de plus tout en préservant l’existant et en bâtissant notre propre projet, explique Jean de Montal. Nous voulions faire de bons armagnacs, de bons vins et avoir de bons sols. Le challenge suivant a été d’aider la vigne à se débrouiller seule avec l’aide de tisanes et de décoctions. » En rencontrant Mathieu Cosse et Catherine Maisonneuve, ils se laissent convaincre par le bio, orientation biodynamie, et lancent la conversion du domaine déjà labellisé HVE. 

De la musique pour les ceps

En 2018, ils rachètent 35 ha sur un plateau céréalier à Mauléon qu’ils arrachent pour planter en luzerne et régénérer les sols, recréer des terrasses, des noues pour le ruissellement naturel des eaux, replanter de la vigne. Mais également des engrais verts pour décompacter les sols, des haies d’arbres, et même diffuser des ondes et de la musique (la génodique) entre les ceps pour aider les plantes à se défendre contre les maladies.  « Cela implique d’être tous les jours dans les vignes, plus de stress en regardant la météo et plus d’investissement matériel, surtout pour la gestion de l’herbe sous le rang » précise Fabrice Saramon qui gère au quotidien le domaine de 88 ha dont près d’une quarantaine en vignes.

Jean de Montal château d'Arton
Jean de Montal ©F.Hermine

Patrick de Montal et Lili de Montal château d'Arton
Patrick de Montal et Lili de Montal ©DR


Cure de jouvence pour la marque et le domaine

Jean à la finance, mais toujours chargé du développement chez Xylem, leader mondial en technologies de l’eau, Lili à 100?% Arton au marketing, aux ventes et au spiritourisme, donnent un nouvel élan à la production en élargissant la gamme de vins et d’armagnacs, en particulier en brut de fûts à réduction naturelle. Un soin particulier est apporté aux flacons redesignés qui profitent d’une cure de jouvence « afin de rajeunir notre image et d’offrir une cohérence de marque en s’appuyant sur l’histoire puis en la nourrissant et en l’enrichissant », précise Lili qui n’a pas oublié qu’elle venait du monde du luxe et qui s’attache à valoriser la production d’Arton. Elle a récemment offert à la Fine Blanche une bouteille à feuilles colorées sérigraphiées (50?€ les 50 cl) et un écrin raffiné à une barrique d’exception d’armagnac 2012 édité en 500 pièces numérotées (850 €). 

Elle organise également des dégustations – un ancien chai vient d’ailleurs d’être transformé en salle de dégustation, avec repas et visites privées au domaine – ainsi que des événements en accompagnement avec des chocolats ou des cigares. Les prochaines manifestations pour fêter l’arrivée des premières cuvées bios en distillations privées se dérouleront à Arton du 11 au 14 octobre (60?€/personne).


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