Le domaine Jacques Prieur, fleuron bourguignon de la famille Labruyère, cultive 0,58 are de Montrachet, célèbre grand cru au sol composé de calcaire et de marnes et où s’épanouit le chardonnay. Explorez vingt ans d’histoire, au travers de dix millésimes, pour prendre la mesure de l’impact du climat ainsi que de la constance des grands terroirs, magnifiquement vinifiés par Nadine Gublin
Millésime le plus chaud depuis 2003 et aux vendanges à la précocité historique (27 août), sa jeunesse ne l’empêche pas de jouer de ses caractéristiques d’exception : densité, fraîcheur, complexité aromatique et touché de bouche aussi soyeux que salivant. Élevé vingt mois en fût, ses jeunes arômes s’expriment notamment autour des fleurs blanches et du café Espresso.
Millésime précoce à l’ensoleillement idéal, il se distingue par sa finesse, donnant encore davantage de caractère et d’élégance à la douceur et à la puissance de ce cru, ainsi qu’à sa fine amertume, qui signent ce grand terroir. Les arômes floraux s’expriment immédiatement avant d’accueillir une pointe de verveine et des notes truffées.
Ce millésime ultra-solaire rejoint les rangs des précoces de la décennie, surprenant de prime abord par sa grande finesse, avant que ne s’invite une grande générosité autour d’une finale délicieusement beurrée et citronnée, aux notes épicées et florales parfaitement soutenues par une concentration et une intensité typique de cette année chaude.
Il y a quelque chose de joyeux et de lumineux dans ce millésime miraculeux, sauvé par septembre. La complexité et l’équilibre de Montrachet s’expriment cette fois sur l’aubépine et l’acacia, enrobés de cédrat et d’une douceur caramélisée et vanillée étirant la bouche sur une finale salivante, où générosité et fraîcheur ont un côté addictif.
L’évolution commence à marquer la cuvée, où l’élevage désormais intégré laisse la place à l’authentique expression du millésime. 2012 s’exprime sur une tension qui semble traduire les obstacles rencontrés toute l’année, donnant encore plus de vivacité à sa densité et sa complexité, aux gourmandes notes de coing presque compoté, noisette, aubépine, vanille.
L’équilibre de cette cuvée est une évidence dès la première bouche, où les arômes fruités compotés se font aussi légers qu’intenses, en compagnie d’une belle tension. Fraîcheur et vivacité font malgré tout de la place à un touché de bouche plus doux qu’en 2012, constituant l’empreinte d’un millésime aux conditions de maturation idéales.
Année grand huit, pleine de défis au chai, 2007 signe une maturité tardive des chardonnays (à l’inverse des pinots). L’attaque est ample et le touché de bouche particulièrement soyeux et caressant, contrastant avec un nez vif aux notes grillées et boisées. Sa longueur en bouche dépasse celle déjà remarquable des autres années pour atteindre des sommets.
Entre un climat équilibré et ses 18 ans cette année, ce millésime rayonne d’équilibre et de complexité, pour un défilé aromatique continu et une structure impeccable autour de son amertume royale. Bouquet floral, bergamote, cédrat, cire d’abeille, notes briochées, truffées : le meilleur de Montrachet s’est réuni sur cette cuvée d’abord sauvage puis impériale.
Connu pour son été caniculaire et ses vendanges parmi les plus précoces de l’histoire, 2003 tient sa promesse avec ses arômes plus voluptueux, aux notes épicées plus prononcées et à la longueur davantage vanillée et caramélisée, mais qui semble avoir déjà un peu fatigué sa structure, moins vive que d’autres années.
Le charme saisissant de la maturité signe cette cuvée, exprimant pleinement ce grand terroir, et sa capacité à absorber son millésime. Vivacité et amertume noble créent une bouche à la droiture et à l’élégance évidentes, à l’aromatique parfaitement cohérente entre le nez et la bouche, autour de la noisette grillée, la brioche et les agrumes un peu confits.
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