Les présidents des trois familles de la filière rhodanienne ont présenté les premières données économiques et les mesures d’accompagnement mises en place en matière de viticulture, de commercialisation et de promotion. Dans un contexte fragile et décourageant, ils font preuve d’optimisme.
Damien Gilles, Philippe Pellaton et Samuel Montgermont, respectivement présidents du Syndicat des vignerons des Côtes du Rhône, d’Inter Rhône et de l’Union des maisons de vins du Rhône, veulent faire preuve d’optimisme et de pragmatisme. Avec la plus petite récolte jamais connue dans le vignoble et des sorties de chai à -7 % pour les Côtes du Rhône et les Villages, -11 % pour les crus, ils contextualisent et se serrent les coudes. Les premières tendances de la nouvelle campagne montrent des signes de redressement.
Damien Gilles relate les difficultés. Météo pluvieuse, trésoreries exsangues, taxes à l’exportation, déconsommation, les signaux sont au rouge ; même si les vignobles AOC rhodaniens résistent le mieux en GMS (-3,4 % en volume, -1 % en valeur). Il rappelle les mesures mises en place, la distillation, la réserve interprofessionnelle à hauteur de 20 %, la baisse des rendements et l’arrachage. Selon la SAFER, les superficies arrachées s’élèvent à 1 017 hectares pour le Vaucluse, 4 015 pour le Gard, 889 pour la Drôme et 285 pour l’Ardèche. Damien Gilles explique que les 4 000?€/hectares proposés « sont une compensation sur le fait, on oublie la capitalisation familiale, elle n’est pas à la hauteur de la valeur de notre territoire et de nos terroirs ».
Samuel Montgermont appelle à une réaction face à la déconsommation structurelle (-20 % depuis 2019). Pour lui, accompagnement et acceptation vont de pair avec la gestion des potentiels de production. « Il y a une rupture générationnelle. Nous devons aller à la rencontre du consommateur, il y a des parts de marché à gagner en restant compétitif ». Il évoque une nouvelle stratégie en matière d’œnotourisme « pour être plus fort chez soi », mais également l’attractivité des produits, citant le potentiel et la diversité des vins blancs, des rosés de gastronomie ou fruités et des rouges segmentés avec deux profils sensoriels « que l’on peut rafraîchir car compatibles avec la structure du vin ».
Le président de l’interprofession, en symbiose avec ses confrères, décrit les capacités d’action de la filière et les travaux entrepris autour de la loi Egalim 4, visant « à voir une profession rémunérée à sa juste valeur ». Associé à l’interprofession bordelaise, il souhaite faire des propositions d’évolutions législatives et/ou réglementaires, pour porter un nouveau projet de loi autour de trois points : garantir un revenu décent aux producteurs, sécuriser les indicateurs et sécuriser les contrats aval. Ces travaux, débutés en février avec les ministères de tutelle et tous les acteurs professionnels, devraient aboutir en 2025. Le millésime 2024 qui s’annonce d’un niveau excellent, bien que faible en volume, donnera un peu d’optimisme aux vignerons et sûrement de grandes satisfactions aux consommateurs.
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